Pour saisir "Les âmes fugitives"
Florence Day, écrivaine chelloise de 56 ans, mariée
et mère de deux enfants, est lauréate d’une quinzaine de concours relatifs à
des nouvelles et poésies libres. Parmi ses œuvres agréées par des éditeurs, dont
la particularité est de promouvoir la littérature en publiant des œuvres
originales, figurent notamment « Le
Baba au rhum » (éditions Itinéraires), « Les Pieds de Laure » (éditions
Sol’Air) et « Feu de paille »
chez Flammes Vives. Sa dernière œuvre, « Les âmes fugitives », a été retenue suite à un coup de cœur du
directeur de Popfiction, une société d’édition québécoise. Sa publication revêt
une grande importance pour Florence puisque c’est son premier recueil de
nouvelles et qu’il traite du fantastique, genre qu’elle avait déjà abordé avec « La Maison des caryatides », nouvelle
parue dans un ouvrage collectif du même éditeur canadien.
Le fantastique est un genre littéraire qu’on
pourrait tenter de décrire comme l’intrusion du surnaturel dans le cadre
réaliste d’un récit, c’est-à-dire l’apparition de faits inexpliqués ou
inexplicables. Il reste une discipline très dure, extrêmement délicate car on
frôle assez vite le granguignolesque, voire le ridicule. Cette difficulté, bien
réelle, explique la faiblesse du nombre des adeptes du genre en France.
Florence, d’où vient votre passion pour l’écriture ?
De ma
grand-mère paternelle, Marguerite Day. Elle m’a transmise sa passion de l’Histoire
et des grands écrivains français (Victor Hugo, Emile Zola, Michel Zévaco) à
l’âge de 10 ans. Elle m’a aussi fait visiter les beautés de Paris… Elle est
morte en 1975 à l’âge de 78 ans. Je lui voue une très grande admiration et je
lui ai dédié ce recueil.
Vos précédentes nouvelles révèlent beaucoup de sensibilité
et de pudeur (Dîner à Deauville), avec le cortège indissociable des blessures et
la souffrance des âmes (Deux ans déjà , Les kadines de Jean ). Où puisez-vous
votre inspiration ?
Dans la vie courante.
Il faut beaucoup regarder, écouter… et il y a toujours un peu de soi aussi. Il
est vrai que je suis très attachée à la rencontre des êtres et à leurs
ressentis. Depuis maintenant 9 ans, j’écris tous les
jours tellement c’est devenu indispensable pour moi… comme une drogue. Mais l’écriture
n’est pas que bonheur, elle est aussi souffrance car c’est une passion. Dans ce
livre, j’ai donné tout le meilleur de moi-même et, finalement, je n’ai aucun
regret.
Pourquoi ce titre « Les âmes
fugitives » ?
Le sujet
principal est l’âme humaine développée au travers de onze nouvelles
fantastiques. Celles-ci mettent en scène des esprits engagés dans des quêtes
obsessionnelles. Que leur mort ait été accidentelle, naturelle ou violente, ces
âmes fugitives reviennent hanter les vivants pour leur porter secours ou bien au
contraire les persécuter. Leurs motivations vont de l’amour à la haine,
évoluant sur des registres tels la compassion, la jalousie, le pardon, la
vengeance... On y retrouve des intrigues policières, des histoires intimistes,
des prémonitions, des visions, des ambiances très noires… Elles puisent leurs
sources dans le contemporain, mais aussi très loin dans le passé.
La couverture est très attractive, à la fois
simple et belle. C’est votre choix ?
Non, c’est
celui de Stéphane Vallée, le directeur de Popfiction. Il a confié mes nouvelles
à son illustrateur qui a eu un coup de cœur pour l’une d’entre elles,
« Chez Narcisse ».
Vous campez admirablement le décor au début de vos nouvelles.
Par exemple : « Chez Narcisse, ces deux mots, écrits en lettres de sang
sur la sombre façade de la modeste boutique nichée au cœur de la rue des
Petites Ecuries à Paris, frappaient immanquablement les passants ».
Oui,
j’attache une importance primordiale au décor, aux lieux. C’est comme pour les
réalisateurs de films, il convient de planter
d’abord le décor, pour suggérer une ambiance, un climat. De même, si l’on veut
être crédible, il faut étudier son sujet à fond pour bien le maîtriser. Que ce
soit en Histoire ou en sciences. Pour les nouvelles policières, j’avais même envisagé
un moment de m’inscrire en fac pour suivre des cours de criminologie. Ainsi,
pour « Le chat de Toutankhamon » figurant dans ce recueil, j’ai eu
recours à trois kilos de documentation !
Vos histoires pourraient inspirer des réalisateurs de
courts-métrages ou téléfilms. Maxime Chattam, romancier spécialisé dans le
policier, n’avait-il pas remarqué l’une d’entre elles ?
C’est exact. Il s’agit
de la nouvelle « Une étrange lueur fauve » qui figure d’ailleurs à la
fin du recueil. Ce fut un très grand honneur pour moi d’avoir été remarquée par
cet illustre romancier.
Quels sont vos projets ?
L’écriture est un
partage puisque j’écris pour être lue. C’est pourquoi j’organise des séances de
lecture bénévoles de mes œuvres dans les maisons de retraite et dans quelques
bibliothèques, dont celle de Chelles. Mais ce n’est pas encore assez à mon
goût. Je travaille aussi sur un autre projet, mais ne peux en parler pour
l’instant. C’est dans le registre du roman et des nouvelles car ce sont mes
genres préférés. Avoir été publié au Québec est très flatteur. Outre le fait
que les Canadiens vouent une grande admiration à la langue française pour sa
richesse et sa subtilité, ils apprécient aussi notre pays pour sa culture et
son histoire. Ceci dit, j’espère aussi pouvoir trouver un éditeur en France.
Ce serait alors tout simplement… fantastique !
Entretien conduit par Serge Moroy, le 09 juin 2010
Les âmes fugitives (Nouvelles fantastiques)
Editeur :
Popfiction - Québec (Canada)
www.editionspopfiction.com
Format : 12,7 x
20,3 cm - 96 pages
ISBN :
978-2-92375-311-9
Prix : 11,95 $ ou
12,90 €
Disponible à la
Librairie du Québec - 30 rue Gay-Lussac 75005 Paris (Tél : 01 43 54 49 02)
Disponible également
en version numérique sur le site de Popfiction (5 €).
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