Selon le
déroulement de cette opération présenté par le ministre colombien de la
Défense Juan Manuel Santos, l'armée avait infiltré des hommes parmi les
guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie
(Farc-marxistes) chargés de surveiller les otages. Ces derniers étaient
parvenus à faire croire aux geôliers des Farc que des dirigeants de
l'état-major des rebelles voulaient rencontrer les otages et qu'il
fallait dans cet objectif les regrouper.
"Une heure avant que les hélicoptères n'arrivent, j'ai parlé
avec le commandant (des Farc) Asprilla et il m'a dit que nous allions
tous monter dans un hélicoptère et que nous irions dans un endroit
qu'il ne connaissait pas pour parler avec un dirigeant des Farc.
Asprilla pensait qu'il s'agissait d'Alfonso Cano (le nouveau chef des rebelles)", a dit Ingrid Betancourt.
"Quand les deux hélicoptères blancs sont arrivés, et je dois
confesser que j'ai ressenti quelque chose d'étrange parce que
normalement lorsque nous entendions les hélicoptères arriver nous
sortions en courant pour nous cacher. Et cette fois ils étaient devant
nous et nous attendions tranquillement qu'ils atterrissent", a indiqué l'ex-otage.
Un seul des deux hélicoptères s'est posé, selon les militaires colombiens, et le second est reparti.
"Quand les passagers de l'hélicoptère sont descendus, a-t-elle poursuivi, la
confusion a été totale. C'étaient des membres des Farc, ils étaient
avec eux, certains même avaient des chemises à l'effigie du Che
Guevara".
Le commandant des forces militaires colombiennes, le général Freddy
Padilla a pour sa part révélé que seul l'hélicoptère utilisé pour la
libération avait à son bord deux pilotes, deux navigateurs militaires
ainsi que neuf membres des forces spéciales.
"Nous sommes montés à bord avec beaucoup de difficulté car ils
nous avaient lié les mains, ce qui était humiliant, puis après être
montés ils nous ont attaché les pieds (....). Ils ont alors fermé les
portes de l'hélicoptère, et tout à coup j'ai vu le commandant (Farc) nu
au sol. Je n'ai pas même ressenti de bonheur à ce moment", a
ajouté l'ex-otage soulignant que ce guérillero l'avait personnellement
humiliée à de nombreuses reprises pendant sa captivité.
"Après avoir neutralisé les deux commandants Farc qui étaient
montés avec nous dans l'hélicoptère, le chef de l'opération a crié: +
Nous sommes l'armée nationale, vous êtes libres +."
"A ce moment, nous avons ri, sauté de joie, je pensais que c'était un miracle".
"L'opération militaire de l'armée de mon pays a été parfaite", a conclu l'ancienne candidate présidentielle des verts qui a rendu hommage au président colombien colombien Alvaro Uribe.
Le ministre de la Défense Santos a estimé que cette opération de sauvetage des otages s'était déroulée "comme dans un film".
De son côté, le général Padilla a, dans un discours public, précisé qu'au cours de l'opération de libération "il n'y a pas eu un seul tir, pas un seul blessé".
Ingrid Betancourt a aussi remercié le président français Nicolas Sarkozy, son prédécesseur Jacques Chirac et son "ami" l'ancien premier ministre Dominique de Villepin.
"Je suis colombienne mais je suis française", avait auparavant affirmé Ingrid Betancourt.
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Espérons
que ce (rare) moment de quasi unanimité nationale autour d'un évènement
heureux ne sera pas gâché par quelques récupérateurs indignes.
Espérons également que se verra enfin clouer le bec de ceux qui affirmaient cyniquement que Mme Betancourt étant colombienne,
la France n'avait pas à s'intéresser à son sort, au moment où elle
réaffirme son attachement à ses deux patries. Exprimons notre joie de
voir que d'autres otages politiques moins médiatisés ont bénéficié eux
aussi de l'opération.
Un scrutin national est en
cours de préparation en Colombie. espérons que cette opération n'a pas
été différée en vue de la campagne liée à celui-ci.
Et
gardons une pensée pour ceux qui continuent de souffrir en Colombie,
toujours otages des FARC devenues un groupuscule de psychopathes - ou à
l'opposé qui sont régulièrement tabassés, expulsés, intimidés voire
assassinés par les paramilitaires colombiens qui n'ont rien à envier,
sur le plan de la cruauté, à ces FARC.
Bravo
enfin, à l'armée colombienne, qui a mené une fort belle opération tant
sur le plan de la logistique que sur celui du renseignement
préparatoire et du conditionnement psychologique de l'adversaire.
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