Geneviève Bossu a eu cent ans le 24 novembre 2019... L'occasion de fêter cet heureux événement au repas des seniors organisé par le CCAS de Villevaudé, le 7 décembre 2019.
Le diaporama présenté le 7 décembre a été réalisé par Olivier et Florian de l’espace jeunesse de Villevaudé et membres de L'Association Loisirs Jeunes de Villevaudé, grâce aux témoignages de Monique Mazoyer, Serge Moroy, Suzette Farignon et Yvette Godefroy.
C’est en ces termes que Suzette s’adressa à Geneviève Bossu, née Albinet:
"Vous voilà centenaire, vous êtes comme un merveilleux livre dont la préface pourrait débuter ainsi :
« Un siècle ! … J’ai vu huit fois la fumée blanche sur la chapelle Sixtine, de Pie XI jusqu’au pape François…
« Nous pouvons voir en vous une sœur, une mère, une tante, mais aussi une grand-mère et même une arrière-arrière grand-mère ! Vous avez encore tellement de choses à nous apprendre.. ; votre histoire de vie est une grande science pour nous… »
Ordre de mission
Quand la seconde guerre mondiale éclate, Geneviève a 20 ans. Son frère, Roger Albinet (qui sera maire de Villevaudé de 1947 à 1971) est prisonnier en Allemagne. Avec un simple diplôme d’infirmière, elle intègre les IPSA, section aviation de la Croix-Rouge française créée en 1934, pour aller le chercher.
Sa première mission sanitaire intervient en avril 1945. Il s’agit de ramener les prisonniers du camp de concentration de Buchenwald, rassemblés au Luxembourg. « On les a installés dans le train, sur des brancards. Ils avaient tous une étiquette autour du cou car certains ne parlaient pas. Il y avait beaucoup de Français et j’ai même retrouvé un cousin ! ».
Convoi vers Strasbourg
Le 8 mai 1945, jour où Berlin capitule, avec cinq collègues, elle accompagne en ambulance la première armée française (Rhin et Danube) à Mengen.
« Les ponts sur le Rhin étaient détruits, le ravitaillement en essence pour l’armée se faisait par avion, de Strasbourg à Mengen en Dakota.
Mengen
Cherchant dans ses souvenirs Mme Bossu déclare : « En mai 45, nous partons 6 IPSA en ambulance pour nous mettre à la disposition de la 1ère armée (Rhin et Danube) qui nous envoie sur la base de Mengen ( Wurtemberg) à 13km à l’Est de Sigmaringen. On installe la Base de départ des services de l’ambulance médico-chirurgicale de l’Air n° 401. Le personnel est logé dans les baraquements sur le terrain et nous, chez l’habitant.
En août 1945, la voici à Malmoë en Suède chercher une centaine de femmes que le comte Bernadotte, diplomate suédois, a réussi à sortir du camp de Ravensbrück, deux mois avant la capitulation allemande. Un terrible spectacle. « Elles n’étaient plus que squelettes. Notre crainte était que les parents les fassent manger trop. On les a soignées sur place pendant deux mois avant de les ramener en avion ».
La photo est prise devant un Dakota, Geneviève est à droite
Les avions repartant à vide, il s’agissait de les remplir à raison de trois rotations par jour ». 1935 soldats, dont 560 couchés, seront convoyés dans une centaine d’avions de type Junker ou Dakota. Elle dit : « On voyait tellement de souffrances autour de nous que l’on ne se plaignait pas quand on était fatigué »
Devant un JU 52 le 13 mars 1946, entourée du pilote Petot et du mécanicien Roy
Geneviève Albinet sera convoyeuse de l’Air jusqu’à la fin 1946, année où elle tombe malade. Sa convalescence se passe à Villevaudé, dans la demeure familiale. Elle réussit son diplôme d’infirmière d’État en 1950 et sera monitrice IPSA, puis hôtesse à Air Maroc. En 1956, elle épouse Henry Bossu, directeur des essais chez Panhard, et devient, jusqu’en 1967, infirmière pour l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord). En 1968, elle travaille dans un laboratoire puis, jusqu’à sa retraite en 1981, comme infirmière à la Compagnie générale d’électricité. Après la mort de son époux en 1995, elle reste à Villevaudé, au château de Bisy.
Photo: 13 mars 1946 au cours d’une mission en Afrique.
Le château de Bisy à Villevaudé
En 1968 elle fait connaissance à Paris du père Georges Verger, ancien aumônier de l’Armée de l’Air
En 2002, à la mort du père Edouard, elle intervient auprès du Diocèse de Meaux pour que Georges Verger soit accueilli dans les paroisses de Villevaudé, le Pin et Bois Fleuri.
Son ami le père Guy Gilbert, proche de Georges Verger célèbre le 10 octobre 2010 la grand- messe de bénédiction des animaux à Villevaudé, sur la plaine des Merisiers, devant des centaines de villevaudéens.
Chevalier de l'Ordre National du Mérite
Le 11 mars 2004, Geneviève Bossu est nommée chevalier de l’Ordre National du Mérite, décorée par «sa marraine» Geneviève de Galard
Lors de la remise des insignes, Geneviève de Galard commence son discours par ces mots :
« Malgré mon âge respectable, vous êtes pour moi une ancienne. Une de ces anciennes que nous admirons, des pionnières qui ont tant fait pour improviser, construire et forger ce que sont devenues les Convoyeuses de l’Air… »
Geneviève de Galard est la célèbre héroïne de Dien Bien Phu, que tout le monde connaît pour l’avoir vue en 2004, dans différentes manifestations commémorant le cinquantième anniversaire de cette bataille.
Comme chaque année, au monument aux morts de Villevaudé
A l’exposition 14-18
Au repas seniors 2015
Dimanche 24 novembre 2019, Lazlo David et Geneviève Bossu prennent le chemin de l’église de Villevaudé
Ses deux amis, père Isaac et père Ignace ont célébré la messe de ses cent ans, en présence de la communauté chrétienne de Villevaudé, le Pin et Bois Fleuri.
Avec Mauricette
Geneviève a connu Père Ignace il y a 27 ans, alors qu’il avait remplacé père Edouard qui était en pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle. Il est venu de Cotonou au Benin, afin d’être aux côtés de Geneviève en ce grand jour de fête et d’émotion.
Au monument aux morts en tenue militaire
C’est à son amie Suzette Farignon que nous devons ces belles paroles:
« Avoir cent ans est un cadeau de la vie. Ailée comme un ange, vous touchiez au soleil de votre vie, sans vous brûler les ailes car, contrairement à Icare, « Les ailes brisées » résistèrent aux assauts et vous forgèrent à ce grand voyage…
Tous nos vœux à la plus belle des centenaires.. »
Y. Godefroy
Bonjour
Je viens de prendre connaissance seulement maintenant du commentaire sur l'hommage à un résistant.
Tout d'abord, j'espère que votre santé est meilleure.
Votre papa a sauvé le mien, c'est ce que j'ai écrit dans la rédaction, dont je vous fait parvenir copie avec dédicace.
En espérant de bonnes nouvelles de votre part,
Patriotiquement vôtre.
Liliane BLANADET
NB: vous pouvez me contacter en envoyant un message à cette 'adresse