Quand Picasso était potier et céramiste à Vallauris
Plat espagnol décoré d’un œil et de taureaux (Cannes-Vallauris, 20 mai 1957). Terre rouge avec décor aux engobes et incisions. Dation Pablo Picasso 1979. Photo S.Moroy, Musée national Picasso, Paris 3e
Vu récemment « Vallauris terres et flammes », le documentaire de Robert Mariaud réalisé en 1951 sur le travail et les œuvres de Pablo Picasso (1881-1973) quand il s’était installé à Vallauris.
Photo S. Moroy prise à l'écran
Vallauris, dans les Alpes-Maritimes, centre rayonnant de la poterie, dont les fumées laborieuses sont le symbole de sa tradition ouvrière et artisanale, garde intact son art si ancien.
Photo S. Moroy prise à l'écran
Un art immuable, dont les gestes se sont perpétués à travers les âges pour nous parvenir, semblables à ce qu’ils étaient dans les temps les plus reculés. Les collines et bois alentour abondent en argile riche en teneur et son extraction, pénible, laisse de profonds terriers. Entre le séchage sur terrasse et la cuisson, les pièces passent dans les mains de l’engobeuse. Elles sont ornées aux oxydes colorants et baignées dans un vernis transparent qu’est l’émail. Les procédés et dosages du céramiste sont nombreux. Disposées dans un grand four, les pièces cuisent à la flamme libre... [prélude du film].
Ainsi, à travers l’évocation du travail des potiers de Vallauris, nous découvrirons celui de Pablo Picasso. Il a emménagé dans le village en 1948 (il y restera jusqu’en 1955) pour y créer pas moins de 4000 œuvres uniques, apportant sa prospérité et sa renommée au village provençal.
Picasso près du poêle sur lequel est posé la sculpture « Tête (pour la femme en robe longue) » dans son atelier du Fournas, à Vallauris. Septembre 1952. Photo de Robert Doisneau / Succession Picasso 2021 – Photo S.Moroy: Musée national Picasso, Paris 3e.
Car l’artiste espagnol a maîtrisé rapidement les techniques ancestrales des potiers vallauriens pour créer de nombreuses pièces aux formes et thématiques variées, y ajoutant sa propre expression, si particulière et reconnaissable entre toutes.
Son travail, dont les réalisations sont exposées dans le film en pleine nature, innove par sa nouvelle interprétation des formes, des motifs et des coloris ; faisant redécouvrir le folklore et les arts primitifs. On voit l’artiste travailler dans son atelier et présenter à la caméra, entre autres créations, les pichets provençaux, les cruchons en forme de hiboux, les assiettes en forme de visage noir, la chèvre, etc.
Texte S. Moroy
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