LAURENT GAUDE
ACTES SUD
« ALEXANDRE LE GRAND n’est pas un personnage historique.
Ce n’est pas ainsi que j’ai voulu l’approcher. C’est un maelström, un
tourbillon de forces contradictoires. Un mélange saisissant de violence
et de beauté, de rêves et de démence. Alexandre n’est pas une figure de
nos livres d’histoire, il est bien plus que cela : c’est un mythe,
c’est-à-dire une force vivante qui m’intrigue, m’habite, et se déploie
dans mon imaginaire.
Avec Pour seul cortège, je n’ai pas
voulu proposer au lecteur la reconstitution d’un épisode de notre
Antiquité, j’ai voulu embrasser Alexandre. Le roman historique ne
m’intéresse pas, parce qu’il corsète la fiction. Le roman historique ne
m’intéresse pas parce que je préfère l’éblouissement à la véracité,
l’épique à l’exactitude. Je veux être dans la fièvre plutôt que dans le
détail, tenter d’insuffler au livre une énergie chamanique plutôt que
rester fidèle à la chronique.
Pour seul cortège est un
chant à deux voix, celle d’Alexandre et celle de Dryptéis. Au fond, il
n’y a que ces deux personnages-là et, au coeur du livre, l’énigme de ce
qui les lie. Chacun va offrir à l’autre la possibilité de s’affranchir
du temps et du poids de l’Histoire. Ce qui me touche, c’est la vibration
de leur parole. Ce qui me touche, c’est leur héritage. J’ai écrit Pour seul cortège
parce que je veux être du côté des cavaliers du Gandhara, ces cinq
compagnons qui abandonnent l’Empire pour embrasser l’immensité, ces cinq
hommes qui quittent le réel pour plonger dans le mythe et qui le font
avec ivresse. »
Romancier, nouvelliste et dramaturge né en 1972, Laurent Gaudé publie son oeuvre, traduite dans le monde entier, chez Actes Sud.
Il est notamment l'auteur de La mort du roi Tsongor (2002, prix Goncourt des lycéens, prix des Libraires) et du Soleil des Scorta (2004, prix Goncourt, prix Jean-Giono).
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