Dino Risi a réalisé quelques chefs d'oeuvre de la fameuse "Comédie à l'Italienne" : Les Monstres, Le Fanfaron, Une vie difficile, Rapt à l'italienne n'ont pas dérogé à la recette cinématographique du doux-amer. Rieur "pessimiste", Dino Risi livre des histoires drôlement cruelles, et cruellement drôles : on rit sans pitié pour les "monstres" de cette Italie-là, de l'après-guerre au "miracle économique italien". Concrètement, on passe du vélo à la Vespa, de la Vespa à la voiture de sport : la Lancia de Vittorio Gassman, et son klaxon, sont les personnages principaux du Fanfaron (1962).Les riches industriels véreux sont bien souvent des nostalgiques du fascisme encore proche, et le rire risien n'épargne ni les vieux, ni les faibles, ni les estropiés. Sordide? Tant mieux !
Cette galerie de monstres malgré tout sympathiques se retrouve dans les longs métrages ou dans d'exquis films à sketches (Une poule, un train et quelques monstres de 1969, Les nouveaux monstres de 1977). Une occasion en or de revoir le quatuor d'acteurs fétiches qui jouent ces personnages "affreux, sales et méchants" : Alberto Sordi (disparu en 2003), Ugo Tognazzi, Marcello Mastroianni, et, bien sûr, Vittorio Gassman, génial acteur de théâtre descendu pour Risi "de Shakespeare à Totò". Ce pan considérable de l'histoire du cinéma italien a été présenté à la Cinémathèque de Chaillot, sur des copies parfois abîmées et pas toujours en v.o.; c'est vraiment un moindre mal pour Fantôme d'Amour (1981), où Romy Schneider et Marcello Mastroianni se doublent eux-mêmes. Pour notre plus grand plaisir, c'est rien de le dire. (Agathe Moroval, rétrospective cinémathèque de Chaillot)
L'Italie a perdu un de ses monstres sacrés...
Pour visionner la scène finale du film culte Le fanfaron (YouTube), cliquez sur ce lien
Il avait débuté sa carrière au cinéma comme critique et avait reçu en 2002 un Lion d'or du festival de Venise pour l'ensemble de son œuvre. Honneurs qu'il jugeait avec beaucoup d’autodérision. Au lendemain de la mort de Michelangelo Antonioni et d'Ingmar Bergman.
En juillet 2007, il avait ainsi déclaré : "Moi qui pourrais m'en aller d'un moment à l'autre, maintenant je ferais mieux d'attendre, car si je meurs aujourd'hui, les journaux télévisés mettront l'information après les sports". Après Roland-Garros donc.
Rédigé par : Serge | 13 juin 2008 à 07:10