Elvis Presley for ever
Le 16 août 1977, le monde entier apprenait avec stupeur le décès d’Elvis Presley, victime d’une crise cardiaque à l’âge de 42 ans. Retour sur une (vraie) légende qui a vendu plus d’un milliard de disques dans le monde et dont l’icône demeure toujours intacte.
Rocker charismatique à la voix exceptionnelle, mais piètre acteur (31 films mièvres, à l’exception peut-être de « King Créole » de M. Curtiz en 1958 et du « Rock du Bagne » de R. Thorpe en 1957), Elvis a su incarner une Amérique, dont il était devenu le symbole, avec sa soif inassouvie de liberté, ses innombrables excès et son cortège interminable de contradictions.
John Lennon déclarait à son sujet : « Avant Elvis, il n’y avait rien. Sans lui, les Beatles n’auraient jamais existé ! ».
Mais pourquoi, dès 1956, des millions de personnes se sont-elles entichées de cet ex-conducteur de camion ? Pourquoi son impact a-t-il dépassé, en ampleur comme en émotion, celui de tous les autres chanteurs ? Pourquoi la quasi-totalité de ses chansons, des titres qu’il a créés pour la plupart, ont-elles toujours autant de succès, tout comme ses films qui font l’objet d’un véritable culte, et ce malgré les chansons souvent sirupeuses qu’il interprète ? Dick Rivers esquissait en 1966 une réponse : « Il est le symbole de la jeunesse. Il nous a tout apporté. »
Lors de son grand retour sur scène, à Las Vegas en 1969, le présentateur de télévision Steve Allen commentait pour sa part : « Il est l’attraction la plus sensuelle de Las Vegas. Et quand on sait que les plus grandes stars y travaillent, ce n’est pas un petit compliment. Elvis peut remplir une salle et vider celle d’à côté, même s’il y a Sammy Davis, Frank Sinatra ou Dean Martin à l’affiche ».
Enfin, pour Denis Sanders, réalisateur de « Elvis, That’s the way it is », un documentaire qu’il lui a consacré en 1970 : « C’était un artiste tel qu’il est, c’est-à-dire dans et hors de son contexte de phénomène mondial de la musique actuelle populaire ».
Aujourd’hui, 47 ans après sa disparition, le mythe n’a pas pris une seule ride. Tant il est vrai que les vraies étoiles ne s’éteignent jamais. Ainsi, de New York à Los Angeles, ils sont encore nombreux à ne pas croire à sa mort. Et, après tout, ils n’ont peut-être pas tort. Elvis Presley est l’homme par qui la libération des mœurs outre-Atlantique est arrivée. Les fruits de cette émancipation sont toujours bien présents et la légende du King toujours aussi vivace. Elvis n’a peut-être pas inventé le rock’n’roll, mais il l’a offert aux Blancs qui, jusqu’alors, étaient plutôt coincés. En cela, la culture du rock lui doit beaucoup. C’est indéniable.
Serre-moi fort
Sur cette photo, Elvis embrasse une belle inconnue dans l’escalier d’une salle de spectacles de Richmond (en Virginie), juste avant d’entrer en concert (juin 1956). Ce cliché a été pris par Alfred Wertheimer, photographe spécialement engagé par la maison de disques RCA pour la promotion médiatique du jeune chanteur. Elle a été baptisée « Hold me tight » (Serre-moi fort).
La photo a ensuite été achetée par Diane Keaton, qui considère que c’est le baiser le plus érotique qu’elle ait jamais vu. Comment lui donner tort ?
La jeune femme blonde sur cette photo a finalement révélé son identité en 2011, soit… 55 ans plus tard. Mieux vaut tard que jamais ! Bien que plusieurs femmes aient déjà affirmé être celle de la photo, les détails qu’elle a fournis au magazine Vanity Fair ont fini par convaincre que c’était vraiment elle.
La belle inconnue s’appelle Barbara Gray. Elle avait 17 ans à l’époque et travaillait comme vendeuse dans un magasin de chaussures. Le soir, elle était également danseuse dans un club. Elle a confié au magazine : « C’était un gamin vraiment drôle, très dingue. Nous courions dans tous les sens en nous pourchassant, nous étions jeunes. Il m’a coincée dans un coin du hall en me demandant si je voulais aller au Steven Allen Show avec lui et j’ai répondu : ‘’Non, je suis en route pour Philadelphie pour voir mon petit ami.’’ Il a pris cela comme un défi ».
Le photographe, qui suivait toujours Elvis, sentant qu’il allait se passer quelque chose, les mitrailla aussitôt. A la fin, sur cette photo, destinée à devenir aussi mythique que « Le baiser » de Robert Doisneau, elle lui tira la langue. Et il lui répond de même. Par jeu. Leurs deux langues se touchèrent…
Serge MOROY
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