LA MALÉDICTION, un film maudit ?
L’occasion m’a été donnée de revoir LA MALÉDICTION, un film d’horreur de Richard Donner sorti en 1976. Je l’avais vu peu après sa sortie, dans la foulée de ces films devenus cultes qui déferlaient alors dans les années 1970 et dont le héros n’était autre que le Diable.
Malgré le temps, ce film n’a pas pris une ride et son atmosphère demeure toujours oppressante. Le gamin maléfique n’est pas plus terrifiant que certains autres, il serait même attachant (et c’est peut-être bien là le pire). En revanche, toutes les créatures (personnages et animaux) qui gravitent autour de lui pour assurer sa protection, sont effrayantes. Mais là où Richard Donner fait fort, c’est que si on pensait être enfin rassuré à la vue d’un homme d’église… il n’en est rien.
Rappelons succinctement l’histoire. A Rome, Robert et Katherine Thorn (Grégory Peck et Lee Remick) attendent leur premier enfant, qui malheureusement meurt à sa naissance. Robert Thorn accepte alors la suggestion d'un prêtre : substituer à l’enfant décédé, et à l’insu de Katherine, un autre bébé dont la mère est décédée en le mettant au monde. Robert Thorn est ensuite nommé à Londres comme ambassadeur des États-Unis. L’enfant, Damien, semble détenir dès 5 ans un pouvoir maléfique. Alors que l’on célèbre son anniversaire dans le jardin, sa nurse se suicide en se pendant au balcon de sa chambre.
Les tragédies vont dès lors se succéder autour de la famille Thorn.
Satan fait un malheur
LA MALÉDICTION a connu un énorme succès aux Etats-Unis. Il obtint même trois nominations aux Oscars et inspirera trois suites (en 1978, 1981 et 1991), ainsi qu’une série de dix épisodes diffusés en 2016 à la télévision (Damien). Le film a été critiqué par l’église catholique, qui lui a reproché de déformer l’eschatologie chrétienne.
La musique, composée par le talentueux Jerry Goldsmith, utilisa pour la première fois des chœurs « maléfiques », chantant une messe en latin à la gloire de Satan (Ave Satani). Le film obtint l’Oscar de la meilleure musique de film en 1977.
La symbolique du nombre 7
« Tout a été organisé selon le nombre » disait Pythagore. Et sept serait un nombre parfait, un symbole de l’abondance divine. Outre les 7 jours de la Création, on le retrouve dans les 7 jours de la semaine. Toujours selon la Bible, il est aussi le nombre du châtiment, de la purification et de la pénitence. Mais, comme toute médaille a son revers, ce nombre est également attribué à Satan qui, comme chacun sait, s’ingénie à copier Dieu. Ainsi, la bête infernale de l’Apocalypse possède sept têtes (Apocalypse, 13-1). Il y a aussi les 7 fléaux de l’Apocalypse et ses 7 trompettes, à l’origine de la chute de Jéricho. Plus connus sont les 7 péchés capitaux. Et selon Saint Augustin, si ce ne sont pas les plus graves, ils sont pourtant à l’origine de tous les autres.
Or, bizarrement, le film fut émaillé de plusieurs drames avant, pendant et après son tournage, le dernier ayant eu lieu en 2016. Au nombre de 7 exactement. A tel point qu’une rumeur se répandit selon laquelle la production aurait été réellement frappée par une malédiction.
Jugez vous-même.
►1 - Le fils de Grégory Peck, 31 ans, se suicide sans explication deux mois avant le début du tournage, soit le 26 juin 1975.
►2 - L’avion de Gregory Peck, parti de Los Angeles pour Londres, fut frappé par la foudre, ainsi que celui de Mace Neufeld, l’un des deux producteurs du film, parti quant à lui de Rome. De son côté, Richard Donner aurait, paraît-il, failli perdre une jambe, restée bloquée dans la portière d’une voiture.
►3 - Londres, l’une des villes du tournage, avec Jérusalem, Rome et Chicago, subissait à cette époque une vague d’attentats perpétrés par l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA). Ainsi, le 12 novembre 1975, une bombe explosa dans le restaurant où plusieurs membres de l’équipe du film s’apprêtaient à dîner.
►4 - L’avion, qui devait transporter l’équipe pour filmer Londres depuis le ciel, fut attribué à 7 autres clients. Le 20 novembre 1975, il décolle de l’aérodrome de Dunsfold et s’écrase après avoir percuté une nuée d’oiseaux qui ont endommagé ses deux moteurs. Au cours de son atterrissage forcé, l’avion a traversé une route frappant de plein fouet une voiture avec à son bord la famille d’un des pilotes. Les 7 passagers et les deux membres de l’équipage s’en sont sortis quasiment indemnes. En revanche, les 6 passagers de la voiture sont morts.
►5 - Pour les séquences concernant le zoo, une scène (finalement non retenue) fut tournée près des enclos à félins du Windsor Safari Park, non loin de Londres. Après le départ de l’équipe, un tigre a mortellement attaqué un gardien. Le parc a finalement fermé en 1992.
►6 - Deux mois après la sortie du film, John Richardson - qui avait supervisé la scène de la décapitation du reporter dans le film - a été victime d’un terrible accident de la route aux Pays-Bas alors qu’il travaillait sur le film UN PONT TROP LOIN, de Richard Attenborough. Il a survécu à ses blessures, mais Liz Moore, son assistante et compagne, qui se trouvait à ses côtés, a été… décapitée.
Le drame s’est produit le 13 août 1976, près d’un panneau signalant que la ville d’Ommen (Pays-Bas) était située à 20 km. Précisons que le titre original du film est THE OMEN.
Curieusement, la borne kilométrique de l’accident indiquait paraît-il 66,6 (rumeur à vérifier). Or 666 correspond à la 6e heure du 6e jour du 6e mois qui voit la naissance de l’Antéchrist, le fils de Satan, toujours selon le livre des Révélations (l’Apocalypse).
►7 – L’acteur anglais Harvey Stephens qui joue le rôle de Damien, a été condamné le 13 janvier 2017 à une peine de prison avec sursis pour avoir frappé deux cyclistes dans un accès de rage parce qu'il ne pouvait pas les dépasser en voiture. L’agression s’est produite le 21 août 2016 et il avait 46 ans.
Certains allégueront que ce ne sont que de simples coïncidences, tandis que d’autres trouveront cela bizarre. Vous avez dit bizarre ? Comme c’est étrange.
Serge Moroy
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