Abandons ► Encore un sale été pour les animaux
Avec 60 % d’abandons, chaque été est synonyme de souffrance pour des milliers d’animaux. Comme tous les ans, Martine Attali, 60 ans, responsable du refuge de Villevaudé, affilié à la fondation Assistance aux animaux, tire la sonnette d’alarme.
Isko, braque allemand de 3 ans et demi, a été jeté par-dessus le portail du refuge en juin 2013.
« En mai et juin, on a attaché des chiens au portail et même jeté par-dessus le mur, pendant la nuit. On a dû faire aussi deux saisies suite à des maltraitances animales » lâche Martine Attali. Elle se souvient d’une opération avec des gendarmes où 35 chats vivaient dans un appartement de Villeparisis avec un couple de quadragénaires. « C’était repoussant de saleté, ils vivaient sur un tas d’immondices. Ce sont les voisins qui nous ont alertés ».
96 chiens et 130 chats
Sophie, bénévole chelloise, s’occupe d’une chienne récemment abandonnée et qui n’a pas encore de nom.
« Qu’ai-je donc fait de mal pour me retrouver derrière des barreaux ? » semble dire Achille.
Le refuge de Villevaudé peut accueillir 90 chats et autant de chiens. Actuellement, ils sont 96 canidés et 130 félins. Au mois de juin, maigre contrepartie, le refuge a fait adopter 22 chiens et 15 chats. Les boxes, où cohabitent deux voire trois chiens, sont arrosés fréquemment durant les fortes chaleurs. Responsabiliser les maîtres, informer sur les pensions d’animaux ou maisons de retraite (dont celle de Charmentray) et la stérilisation, font partie des messages de Martine. Sans oublier les appels aux dons de couvertures et de nourriture pour ses pensionnaires. Le centre compte 8 salariés et une trentaine de bénévoles qui s’occupent, l’après-midi, des soins, caresses et promenades dans les trois aires de détente du refuge.
L’importance des bénévoles
Paula Araujo, 46 ans, habite à Meaux. Comme la plupart des bénévoles, c’est l’amour des animaux qui la motive. « Je m’occupe des animaux du refuge depuis deux ans. Présence, soins, caresses… ils ont besoin de nous et l’on a besoin d’être avec eux. Je viens au refuge tous les samedis et dimanches après-midi ». Paula avoue une préférence pour les gros chiens. Ses chouchous sont Jesse, une malinoise de 4 ans, et Ulysse, un croisé dogue argentin-sharpei qu’elle aurait bien adopté si elle n'avait déjà une femelle dobermann. « Malgré ce qu’il a souffert, le chien reste toujours affectueux envers l’humain et cette qualité le rend passionnant » glisse Paula.
Un chat pour remplacer le chien
Le refuge accueille aussi les animaux de la basse-cour, suite à des saisies judiciaires pour cause de maltraitance animale.
Chanthy et Yann, un couple de quadragénaires, sont venus de Villeparisis avec leurs deux grandes filles. « C’est la première fois que l’on vient au refuge. Nous cherchons un animal de compagnie pour mon époux qui est à la maison suite à un problème de santé » confie Chanthy. Tous deux avouent craquer pour beaucoup de chiens et, du coup, ont du mal à choisir. « Ils sont tous mignons, mais il faut réfléchir encore un peu car une fois adoptés, il faut les soigner, les nourrir. Ce n’est pas une décision qui se prend à la légère » estime Yann. La famille a finalement quitté le refuge sans animal, mais a promis de revenir. Un autre couple, après avoir longuement hésité devant Câline, une femelle Cavalier-King-Charles, est reparti également sans compagnon à quatre pattes. En revanche, Christelle et François-Xavier, un couple chellois, a choisi Turbo, un chaton noir de 3 mois, vacciné et tatoué, au grand bonheur de leur fils, Gabriel, 2 ans et demi. « Nous avions un chien, âgé de 13 ans, mais il est décédé car il n’a pas supporté la chaleur de l’été dernier. Depuis, notre fille nous réclame un chat pour le remplacer » explique François-Xavier. Ce sera donc une belle surprise pour Zoé, 5 ans, la sœur de Gabriel, qui était chez ses grands-parents.
Des nouvelles de Lucky
Le labrador Lucky, star malgré lui d’une tragédie évitée de justesse (photo juillet 2015)
Le labrador avait été confié en juillet 2015 au refuge après avoir été affamé par ses maîtres de La Ferté-Gaucher. La pauvre bête, âgée de 2 ans, n’avait plus que la peau sur les os et pesait 13,4 kg. Son sort avait ému la France entière et un vaste élan de soutien s’était tissé sur internet, en même temps qu’un déluge d’appels s’abattait sur le téléphone du refuge pour prendre de ses nouvelles. « On n’avait jamais connu ça. Les gens appelaient de partout, même de la Martinique. En deux semaines, on a reçu 200 appels, des dons et une trentaine de demandes d’adoption » se souvient Martine. Des visiteurs venaient tous les jours voir Lucky, jouer avec lui. Une fois remis sur pattes, il a finalement été adopté en octobre par Jocelyne, 57 ans. Propriétaire d’une maison avec un terrain près de Meaux, elle a fait rehausser sa clôture pour accueillir le labrador. « Lucky vient de temps en temps avec sa maîtresse nous faire une petite visite de courtoisie. Il se porte très bien et fait 36 kg. Il nous reconnaît et nous fait toujours la fête. Il faut dire qu’il revient de loin ! » soupire Martine.
Le Noël des animaux
Pour placer ses protégés, elle compte aussi sur la grande opération du Noël des animaux qui aura lieu le dernier week-end de novembre à Paris, porte de Versailles. « C’est un événement très important pour eux. Mais si on n’arrive pas à les placer, on les garde. Ici, aucun animal n’est euthanasié » tient-elle à préciser.
La fondation Assistance aux animaux
Créée en 1930, c’est l’une des premières en France à porter secours aux bêtes et promouvoir le respect de la vie animale. Reconnue d’utilité publique en mars 1989, elle oeuvre avec l’agrément des ministères de l’intérieur, de l’agriculture, des finances et de l’environnement, mais ne reçoit aucune aide de l’État. La fondation emploie une centaine de personnes dans ses 18 établissements spécialisés et s’appuie sur 400 bénévoles répartis dans tout le pays. Elle s’occupe de 5000 chiens et 4000 chats qui sont hébergés, soignés, nourris, vaccinés, tatoués et replacés chaque année . La fondation mandate 350 enquêteurs, intente des procès aux tortionnaires et assure une formation aux policiers municipaux. Elle sensibilise les jeunes avec la diffusion de programmes scolaires et la création de fermes pédagogiques. Soutenue exclusivement par les contributions de ses donateurs, la fondation édite à 65 000 exemplaires une revue bimestrielle, La voix des bêtes. S.Moroy
Refuge Fondation assistance aux animaux - 8 rue des Plantes 77410 Villevaudé - Tél : 01 60 26 20 48 - Visites tous les jours, de 14 h à 17 h 30 sauf les jours fériés. Les dons sont déductibles de 60 % des impôts.
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