Alors que « La Dolce Vita » fêtait ses 50 ans, le musée du Jeu de Paume (à Paris) proposait début 2010 de découvrir et de revisiter l’œuvre de Federico Fellini (né à Rimini en 1920, mort à Rome en 1993). L’exposition « Fellini, la grande parade » s’inscrivait en effet dans le cadre de l’événement Tutto Fellini organisé en hommage à Federico Fellini par la Cinémathèque française, l’Institut culturel italien de Paris et le musée du Jeu de Paume. Les visiteurs ont pu pénétrer dans l’univers du maestro par le biais de quatre grandes séquences : la culture populaire, Fellini à l’œuvre, la cité des femmes, l’invention biographique.
On retrouvait les thèmes chers au génial réalisateur italien : le music-hall, le cirque, la caricature, la femme, la psychanalyse et les rêves, ou encore ses relations houleuses avec les médias.
Cette expo entendait être aussi un laboratoire visuel interrogeant plus largement le 20e siècle qui connut les premiers balbutiements du cinéma, mais aussi celui de la presse, de la télévision et de la publicité. À travers la présentation d’une sélection de photographies, d’affiches originales de films, de magazines d’époque, d’extraits de films et de dessins de Federico Fellini (véritables archives de travail), l’expo mettait en lumière la construction d’une œuvre. Elle explorait également la présence autobiographique du cinéaste dans ses films, ainsi que son obsession pour la femme, à la fois figure de l’altérité et incarnation de tous les possibles. Enfin, deux films étaient au cœur même de l’expo : La Strada et La Dolce Vita.
Avec La Strada (1954) et La Dolce Vita (1960), Fellini signe deux des chefs-d’œuvre les plus révélateurs de son cinéma. Ces deux films sont en effet les plus connus de son œuvre de cinéaste et peut-être aussi du cinéma italien tout court : "Fellini, c’est l’Italie" n’hésitait pas à déclarer le personnage du metteur en scène dans La Ricotta (1963) de Pier Paolo Pasolini.
C’est grâce à La Strada, film primé au festival de Venise en 1954 et couronné d’un oscar à Hollywood en 1956, que Fellini se fit connaître en France et rencontra un succès unanime à la fois auprès du public et de la critique. Un doublé plutôt rare… quand il est dans le bon sens. Jean de Baroncelli, l’ancien critique de cinéma du quotidien Le Monde, affirmait ‘’La Strada est comme une transfiguration du néo-réalisme. Tout y est quotidien, familier, parfaitement plausible. Cette histoire de saltimbanque a l'apparence d'un fait divers, pourtant nous sommes aux confins de l'étrange, sinon du fantastique". Jusqu’alors les personnages essentiels de l’œuvre fellinienne étaient bien souvent des êtres purs ou innocents aux prises avec la déchéance du monde, et quelquefois dominés par elle. Ses premiers films s’achevaient d’ailleurs sur une espérance (vertu théologale par excellence) à laquelle on a souvent prêté un sens religieux que les influences catholiques initiales du réalisateur ne démentaient pas a priori. La Strada doit énormément au génie de son interprète féminine, Giuletta Masina, l’épouse du cinéaste, et bien sûr à la musique tellement envoûtante de Nino Rota.
A contrario c’est un parfum de soufre qui accompagne la sortie de La Dolce Vita dont la première à lieu le 3 février 1960 en Italie. Le film sera accusé de blasphème par le Vatican (Fellini frôla l’excommunication) et interdit en Italie aux moins de 18 ans, ce qui ne l’empêchera pas de recevoir un prix au festival de Cannes en mai 1960. Ce film donnant la vision d’une société romaine, désespérément désœuvrée, a-t-elle choqué à ce point la bourgeoisie bien pensante comme la sainte église ? C’est aussi le prétexte pour Fellini de libérer son imaginaire et de faire exploser la structure narrative du récit. Ainsi les personnages du film ouvrent-ils les portes du rêve et de l’inconscient. Comme dans la majorité de ses films, le réalisateur utilise de nombreux éléments autobiographiques : jeunesse désœuvrée, rêveries adolescentes, farces de collégien, charme discret des scènes de la vie de province... On retrouve cette atmosphère puérile et nonchalante dans son autre film sorti en 1953, Les Vitelloni. La fameuse baignade d’Anita Ekberg dans la fontaine de Trévi reste gravée dans les mémoires et représente un morceau de choix dans l’anthologie fantasmatique. A noter que l’on doit à l’un des personnages de ce film (Paparazzo, l’un des photographes), l’invention du terme « Paparazzi ». S. Moroy
A LA DECOUVERTE DU CINEMA ITALIEN
SAMEDI 5 MARS 2011 A 18H 30 : de 1945 à 1978
SAMEDI 26 MARS 2011 A 18H 30: de 1979 à 2010
Découvrir le cinéma italien à travers une présentation chronologique des réalisateurs et des oeuvres les plus importants, agrémentée d'extraits de films.
Salle Planète Oxygène, public ados et adultes
Réservation obligatoire à la médiathèque de l'Orangerie
4, allée Benoist, Claye Souilly, au 01 60 26 92 10
Les séances seront animées par Christophe Champclaux
Christophe Champclaux a produit la série documentaire "Les Maîtres du regard" racontant l'âge d'or du cinéma hollywoodien. Historien de formation, réalisateur et conférencier, il a publié plusieurs ouvrages consacrés à l'histoire du cinéma.
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