Figure débonnaire, ventre généreux, barbe fournie, cheveux blancs, sourcils en bataille et tout de rouge vêtu, voici le Père Noël ou encore Santa Clause dans les pays anglophones. Depuis une cinquantaine d’années, il affiche, plus ou moins, la même allure sur tous les continents. Mais… peut-on vraiment lui faire confiance ?
A priori, il suffit d’endosser une longue cape écarlate, boucler un gros ceinturon, chausser des bottes noires et porter une hotte en osier pour prétendre apporter des jouets aux enfants… qui ont, cela va de soi, tous été bien sages.
Mais lui, le modèle, le mythe, la légende, l’icône l’a-t-il réellement été… sage ? Car certains oublient un peu vite que l’habit ne fait pas toujours le Père Noël. Ainsi, par exemple, le cas du psychopathe de « 3615 Code Père Noël », de René Manzor (1990) où un faux Père Noël animant un grand magasin est renvoyé parce que trop violent et qui, du coup, va chercher à se venger en éliminant le fils de son ex-patronne.
Dans le même registre de l’aigreur, le boulevard Haussmann, à Paris, a rageusement été arpenté par Félix, notre Père Noël le plus négativement célèbre de France, mais néanmoins magistralement interprété par Gérard Jugnot dans « Le Père Noël est une ordure ». Initialement une pièce de théâtre puis un film de Jean-Marie Poiré 1982 avec l’inénarrable équipe du Splendid, succès oblige.
L’histoire relate un réveillon épouvantable dans une atmosphère aussi déjantée que drôle. Plus de quarante ans après sa sortie, son succès est toujours fidèle au rendez-vous sur notre petit écran, comme s’il faisait rituellement partie de nos fêtes de fin d’année. Un film à faire mentir l’humoriste Pierre Desproges (1939-1988) qui déclarait : « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui. Ou avec tout le monde. En fait, on ne sait pas trop ». Avait-t-il seulement songé au Père Noël ? Là est la vraie question.
Frappadingue et pépère pervers
Si notre douce France connaît quelques avanies avec ces singuliers énergumènes - dont le dernier des soucis est bien de distribuer des cadeaux aux petits et aux grands – de l’autre côté de l’Atlantique, les usurpateurs se veulent plus doux ; en tout cas un tantinet plus enclins à la repentance. Quoique.
C’est le cas du Grinch (film de Ron Howard, 2000) avec l’époustouflant Jim Carrey qui, par vengeance, entend voler la fête de Noël aux habitants de Whoville (ville fictive) car ces derniers ont eu le malheur de le rejeter lorsqu’il était enfant. Il reste, avec le précédent film français évoqué, l’un de mes préférés sur la thématique de Noël.
Dans « Maman, j’ai raté l’avion », comédie résolument jubilatoire de Chris Colombus (1990), le jeune Macaulay Culki (âgé de 10 ans), oublié par sa famille, se joue avec malice et ingéniosité de deux cambrioleurs – dont le génial Joe Pesci – qui visitent la nuit les maisons inoccupées pendant les fêtes de fin d’année. La repentance, cette fois, viendra, ô surprise, d’un personnage secondaire a priori très sombre. Rappel important : ne jamais se fier aux apparences.
A propos d’apparences, dans « Bad Santana » (ou « Très méchant Père Noël »), film noir et irrévérencieux signé Terry Zwigoff (2003), Billy Bob Thornton incarne un Père Noël de grand magasin. Alcoolique et grand fumeur, c’est aussi un dragueur invétéré et il a beaucoup de mal à tenir son rôle devant les enfants venus l’admirer. La nuit de Noël, il entreprend de percer le coffre-fort du magasin qui l’emploie. En fait, ce long métrage n’est pas franchement destiné aux enfants car il comporte environ 300 injures (un record en soi) et son titre a été traduit par « Santa is a pervert » pour sa sortie en République tchèque. C’est tout dire.
La magie de Noël est sauve
Heureusement, Jack Skellington, héros du chef-d’oeuvre d’animation de Tim Burton, « L’étrange Noël de Monsieur Jack » (1993), désire quant à lui endosser le mythique habit du Père Noël, tellement fatigué qu’il est de passer son temps à effrayer les braves gens pendant Halloween. Avec cette reconversion affirmée, il retrouvera le véritable esprit de Noël, empreint de fraternité et de partage et, in fine, la joie indicible de vivre. Alléluia !
Enfin, l’un des rares films où l’on a enfin affaire au « vrai » Père Noël est bien « Super Noël » (1994). Avec sa suite, « Hyper Noël », tournée huit ans plus tard, ce sont deux longs métrages produits par les studios Walt Disney dans lesquels le héros, incarné par Tim Allen, tue accidentellement le vénérable bonhomme. Il se voit du coup obligé de le remplacer in extremis. Victime de son rôle, il deviendra finalement le « vrai » Santa Clause. Et, dans le second épisode de ses aventures, pour le rester, il devra trouver… une femme ! Bigre, pas une mince affaire quand on connaît le personnage. Conçu pour les petits, cette fiction touchera également les grands par son romantisme sous-jacent. Au final, il n’en demeure pas moins un conte de Noël dans le plus bel et noble esprit qui soit
Il existe encore beaucoup d’autres films sur le thème de Noël, me direz-vous. Oui, vous avez mille fois raisons. Alors à vous de nous les raconter, selon le ton et le style qu’il vous plaira.
Joyeux Noël à tous !
Serge Moroy
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