Dimanche 5 janvier ... c'est la fête de l'Épiphanie, une fête chrétienne qui remonte au temps des Romains. Depuis cette époque, la galette des rois comprend toujours une fève. Nombreux sont ceux qui aujourd’hui les collectionnent et ils ont bien raison car elles prennent de la valeur au fil du temps.
La fabophilie
En France, on les appelle les fabophiles. Ils seraient ainsi près de 2000 qui auraient rejoint une association et environ une vingtaine d’entre eux posséderaient plus de 30 000 modèles.
Pour les puristes, une fève ne mérite d’être collectionnée que si elle a séjourné dans une galette. Et si la fête des rois est ancienne, il faudra toutefois attendre la fin du XIXe siècle avant de voir un petit sujet en porcelaine de Saxe se substituer au traditionnel mais banal haricot jusqu’alors glissé dans la galette, juste avant sa cuisson.
Les débuts de la collection
Les premières collections débutent véritablement vers 1910-1914. Leur valeur ne cessera d’augmenter avec la hausse des prix des objets d’art, surtout dans les années 1980. Il y aura bien sûr des santons destinés à reconstituer la crèche de Noël en miniature, mais pas uniquement. Car si la tradition populaire avait jusqu’alors inspiré des fèves plates en porcelaine illustrant principalement des Guignol, Pierrot, poupon, militaire, lune, soleil, animaux ; les matériaux vont progressivement changer. Ainsi, avec l’utilisation de plus en plus généralisé du plastique, les années 1960 voient apparaître des sujets plus modernes : la locomotive, l’automobile, l’avion, le bateau, la moto…
Mais on assiste également au retour des matériaux nobles (porcelaine, terre cuite, métal) en lieu et place du plastique habituel. La fabrication échoit aux porcelainiers de l’Asie du Sud-Est, qui assurent environ 90 % de la production des fèves circulant en France.
Quelques sociétés se partagent le marché mondial de la fève. Parmi celles-ci, la société Prime, implantée à Faverney (Haute-Saône), produit entre 40 et 50 nouvelles fèves par an. Elles seront fabriquées par milliers pour être vendues aux boulangers et magasins de grande surface. Créée en 1989, la société Prime a su innover en proposant des fèves originales en trois dimensions à l’occasion des fêtes de Pâques, Halloween et Noël. Les sujets sont peints à la main et les collections sont élaborées près d’un an et demi avant la date de leur mise sur le marché.
Aujourd’hui, on peut donc dire que les collectionneurs sont gâtés tant le choix des modèles est devenu extrêmement diversifié dans les thèmes proposés. Signe tangible d’un engouement populaire jamais démenti à ce jour, il existe sur internet de nombreux sites conçus par des particuliers. Certains collectionnent toutes les fèves sans exception, tandis que d'autres ont préféré choisir une thématique bien précise et qui leur est chère.
La thématique cinéma
Le thème du cinéma constitue pour sa part entre 3 et 10 % des créations mensuelles de la société Prime, pour en revenir à l’exemple de notre société franc-comtoise. Tout dépend en fait des héros du moment et, surtout, des licences qui auront pu être négociées avec les ayants-droit (Disney, Fox, pour sa part entre 3 et 10 % des créations mensuelles de la société Prime, pour en revenir à l’exemple de notre société franc-comtoise. Tout dépend en fait des héros du moment et, surtout, des licences qui auront pu être négociées avec les ayants-droit (Disney, Fox, Dreamworks, Warner…) en ce qui concerne la fabrication des petites figurines décoratives.
Certaines fèves de chez Prime sont d’ailleurs particulièrement recherchées, comme celles créées pour la coupe du monde 1994 de football et dont la cotation avoisine actuellement le prix de revient de fabrication de l’époque, soit 1906 euros ! Et si une ancienne série de Betty Boop, l’espiègle et sémillante héroïne de cartoons créée par les frères Fleischer en 1930, affiche une cote exceptionnelle d’une centaine d’euros, les autres restent dans des prix plus abordables, c’est-à-dire entre 25 et 40 euros.
Notoriété du grand écran oblige, on trouve bien sûr des fèves consacrées à des artistes du cinéma français et des personnages du burlesque (Chaplin, Laurel et Hardy), des héros de dessins animés (Bécassine, Félix le chat, Bambi, Babar, Dingo, Bernard et Bianca, Popeye, Winnie l’ourson, Balto...) ou encore d’animation (Kiri le clown, Shrek, Wallace et Gromit).
Quant aux super-héros et autres courageux justiciers, ils ne sont pas en reste avec Zorro, Tarzan, Spiderman, James Bond ; sans oublier des blockbusters du grand écran : Toy Story, Star Wars, Batman…
Certaines séries poussent la particularité d’avoir été éditées avec des variantes (attitude, taille, couleur, modèle), ce qui accroît d’autant leur valeur. Il existe aussi des séries limitées, ainsi que quelques prototypes. Ces derniers ont été fabriqués pendant que la licence était en cours de négociation (gain de temps industriel), alors que celle-ci ne sera finalement pas accordée au fabricant.
Serge Moroy
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