''Pour être efficace, il faut coller aux réalités''
Cédric Gambaro a pris ses fonctions le 16 septembre. Agé de 38 ans, le nouveau commissaire de police a en charge la sécurité publique sur la circonscription de Chelles, vaires, Brou, Courtry, Le Pin et Villevaudé. Interrogé sur ses deux premiers mois, il a bien voulu « passer aux aveux ».
D’où venez-vous et pourquoi Chelles ?
Sorti de l’Ecole nationale supérieure de la police en 2003, j’ai débuté au commissariat d’Aulnay-sous-Bois comme adjoint au commissaire central, puis comme chef de la circonscription du Raincy, avant de rejoindre la PAF (Police aux frontières) à l’aéroport de Roissy CDG qui est le premier site vidéo-surveillé de France avec plusieurs milliers de caméras pour prévenir les attentats terroristes, mais servant également à lutter contre la délinquance. J’ai souhaité revenir dans la sécurité publique en effectuant une mobilité sur Chelles où il y a une délinquance qui n’est pas très différente de celle que j’ai déjà eu à connaître en Seine-Saint-Denis. Je dirige 112 personnes tous corps confondus, qui vont de l’adjoint de sécurité au personnel administratif, en passant par les corps actifs, soit les gardiens de la paix, les gradés et les officiers. Ce sont des hommes et des femmes motivés, prêts à évoluer pour mieux faire face à une délinquance qui elle aussi évolue.
Pouvez-vous faire un premier bilan depuis votre arrivée ?
C’est encore un peu court car il faut beaucoup de temps pour découvrir un service, ses forces, ses faiblesses, les problématiques locales qui sont très mouvantes. Mon objectif est de coller aux besoins de la population. La première source d’information naturelle provient du recueil des plaintes et du compte rendu de nos interventions. Je souhaite qu’elle ne soit pas la seule et c’est la raison pour laquelle j’attache de l’importance aux réunions de quartier et aux permanences du mardi soir au cours desquelles le public est reçu. C’est aussi dans cet esprit que j’ai souhaité renforcer le partenariat avec les polices municipales qui recueillent du renseignement auprès de la population et dont le Maire est destinataire de nombreuses doléances. J’ai souhaité formaliser ces échanges en organisant une rencontre hebdomadaire avec les polices municipales de la circonscription. Ces réunions nous permettent de travailler en confiance et d’effectuer des opérations communes.
Quelles sont ces opérations ?
On procède chaque semaine à des contrôles d’identité sur des zones que l’on juge plus sensibles, dont principalement les abords de la gare. Mon métier est de lutter contre la délinquance du quotidien, c’est celle que l’on trouve dans toutes les villes : délinquance de voie publique, trafic de stupéfiants, voitures qui se font « roulotter », cambriolage… C’est bien de lire les plaintes, mais on a aussi besoin d’autres choses. Depuis mon arrivée, j’ai mis en place une cartographie de la délinquance pour coller à ce qui vient de se commettre, car ce qui est important c’est d’être réactif, pertinent. On alimente cette cartographie avec tous les éléments qui nous parviennent. Elle nous aide à mieux identifier un quartier que l’on n’avait pas senti frémir. On va y orienter nos patrouilles, effectuer des contrôles d’identité préventifs.
Quels types de plaintes enregistrez-vous ?
Il faut définir si l’on parle de plainte ou de doléance. S’il s’agit de plainte, on recueille essentiellement des faits de voie publique, comme des dégradations de voitures, des cambriolages, mais également des escroqueries à la carte bleue et des violences intra-familiales. S’il s’agit de doléance, les personnes accueillies à la permanence du mardi relatent essentiellement des troubles de voisinage. L’intérêt de ces réunions est aussi d’expliquer nos façons d’intervenir qui sont parfois incomprises ou bien interprétées comme un désintérêt, ce qui n’est pas du tout le cas. Notre premier outil pour lutter contre la délinquance est la procédure pénale. Or la population ne voit pas toujours ce travail effectué par le commissariat.
Quelle est la délinquance la plus fréquente à Chelles?
La délinquance liée à l’automobile est assez prégnante. Vols d’accessoires, des véhicules cassés pour être fouillés… Ensuite, à l’image de la problématique nationale, l’on a des cambriolages sur la circonscription. A chaque fois que l’on interpelle un auteur d’infraction, il est signalisé dans nos bases de données : FAED (Fichier automatisé des empreintes digitales) et FNAEG (Fichier national automatisé des empreintes génétiques). Grâce à ces procédés, on élucide 20 % des cambriolages en France, ce qui est un taux tout de même important. A ce titre, je rappelle que le travail de relevés d’empreintes n’est efficace qui si la victime nous requiert rapidement et ne « pollue pas la scène» en rangeant son logement ou sa voiture qui ont été fouillés.
Et en matière de prévention ?
Les OTV (Opération tranquillité vacances) sont conjointement coordonnées et menées avec les polices municipales. La sécurité routière est un objectif national et le travail reste immense car les morts sur la route, « c’est toujours pour les autres » dans l’esprit du conducteur. On peut aussi travailler sur l’accidentologie d’un lieu en effectuant des contrôles pour comprendre la cause du problème et surtout faire changer les comportements sur ces mêmes lieux accidentogènes. Nous intervenons dans les collèges et lycées sur les thèmes de la sécurité routière, drogue, alcool, pour faire connaître le métier de policier, auprès des personnes âgées pour les sensibiliser sur les vols fausse-qualité. Nous mettons en place les plans anti hold-up, surtout au moment des fêtes de fin d’année. Il n’est pas rare que nous sécurisions les abords des établissements scolaires lorsqu’on recense des tensions.
Que pensez-vous de la vidéosurveillance ?
J’y suis favorable. C’est un bon outil qui facilite nos investigations. Mais on ne peut pas tout miser sur un seul dispositif. Les commerçants ont réclamé de la vidéosurveillance avenue de la Résistance, mais ne prennent pas toujours toutes les mesures de surveillance nécessaires dans leurs magasins. Il existe de nouveaux dispositifs comme l’ADN de synthèse (Smartwater), mais je ne pense pas que ça existe à Chelles. Au-delà de la vidéosurveillance, je souhaite absolument faire comprendre aux administrés de la circonscription que leur sécurité ne peut être assurée sans eux. Il est mille fois préférable d’être requis par les témoins d’un délit pour organiser une intervention rapide que de visionner le délit une fois qu’il est commis. On souhaiterait également recueillir davantage de témoignages lors des enquêtes de voisinage. Mon travail consiste aussi à expliquer nos méthodes afin que les administrés se sentent plus proches de leur police.
Propos recueillis par S. Moroy
Le commissariat reçoit le public, avec ou sans rendez-vous, les mardis de 17 h à 19 h, au 2 avenue de Claye (01 60 93 20 00).
Mail : [email protected]
Pour le dépôt de plainte en ligne, uniquement pour les biens (vols, dégradations, escroqueries) : www.pre-plainte-en-ligne.gouv.fr
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