Document: L'un des premiers plans établi en janvier 1877 par le génie militaire. Moins détaillé que le second, on y aperçoit cependant le réseau des galeries courant sous et devant le fort (environ 4 hectares minimum).
D’anciennes galeries souterraines de gypse courent sous le fort. Et celles-ci semblent ne pas avoir été sécurisées. L’information révélée par l’association "Abbesses de Gagny-Chelles" nécessite quelques explications.
Désaffecté, le fort a été acquis par la commune en 1972 qui a entrepris de nombreux aménagements avant son ouverture au public le 8 juin 2007. Mais voilà, selon Christophe Nédélec, président des Abbessses de Gagny-Chelles, association de défense de l’environnement créée en 2008, l’espace naturel de 46 hectares était auparavant une butte gypseuse exploitée en carrière à ciel ouvert. Et si la carrière a été remblayée depuis, des galeries profondes subsistent, sillonnant même l’esplanade verdoyante sur laquelle se promène le public et où de nombreuses manifestations sont organisées (dont le feu d’artifice du 14 juillet et le cinéma en plein air durant l’été).
Pour protéger la capitale
Suite à la défaite de 1870 face aux Prussiens, le bastion a été édifié sur le mont Chalâts entre 1876 et 1879 pour assurer, à 104 mètres d’altitude, une deuxième ceinture de défense autour de Paris. En 1878, le chantier reçoit la visite du maréchal Mac-Mahon, alors président de la République. La fortification a été utilisée dans le passé par un club de tir, les pompiers de la ville pour leurs entraînements, Kodak pour stocker ses films et produits chimiques, avant d’être acquise par la Ville. Lionel Petit, un Chellois, a réussi à se procurer deux plans du fort de Chelles datant de 1877 et 1902 auprès du SHAT (Service historique de l’armée de Terre) basé à Vincennes. « Je me passionne pour l’histoire du fort depuis 1998 qui, hélas, a été massacré. J’affirme que ce sont les seuls et uniques plans qui existent et j’ai eu beaucoup de mal à les obtenir ».
Photo Christophe Nédélec
Il apprend que le fort a subi un renforcement de ses soubassements en 1877 puis sur la période 1906-1908 par le génie miliaire qui craignait sa fragilité du fait des canonnades, mais constate surtout l’existence d’un vaste réseau de galeries souterraines à une profondeur de 40 mètres, devant et à l’ouest du fort. Un phénomène fréquent en Seine-et-Marne où le BRMG (Bureau de recherches géologiques et minières) a recensé plus d’un millier de carrières liées à l’exploitation du gypse sous environ 140 communes. Lionel Petit en informe aussitôt Christophe Nédélec, tout autant passionné par le patrimoine local que par les questions environnementales. « Le plan militaire de 1902 est très détaillé et toujours exact. Nous l’avons utilisé pour nous déplacer dans les galeries, à nos risques et périls car certaines d’entre elles sont dégradées et des fontis se forment par endroit. Figurent aussi sur le plan des galeries de troisième masse [Ndlr : gypse de moins bonne qualité] encore plus profondes que nous n’avons pas pu vérifier » s’inquiète Christophe Nédélec qui estime la densité du réseau souterrain à 4 hectares minimum.
Déjà un effondrement en 2002
« Il existe probablement une superposition entre des galeries de seconde et de troisième masse. Sur les documents du génie militaire, il est fait aussi mention de ‘’vastes réseaux de cavages éboulés inabordables’’. Pourtant, lors des travaux entrepris par la commune sur le fort en 2007, on nous a assuré que des sondages avaient été effectués. En septembre 2002, la presse a relaté la découverte par les pompiers d’un effondrement qui s’était produit dans une galerie, au pied du fort. Une partie du site est donc sous-minée et je me demande si ces galeries ont bien été repérées car elles semblent être inconnues, autant du BRMG que de la mairie. Plus inquiétant, elles ne sont pas injectées ou comblées » ajoute le président des Abbesses Gagny-Chelles. Parmi les documents, une publicité de 1860 du carrier Louis-Pierre Parquin (qui était aussi maire de Chelles à l’époque) décrivant son activité industrielle sous forme de schémas. Le carrier aurait ainsi exploité jusqu’en 1880, date de son expropriation par l’armée, trois masses de gypse sur la montagne de Chelles, dont la seconde et la troisième en cavages, à partir de son usine implantée rue Bickart, en contrebas de la montagne. Après son exploration insolite du 25 octobre, Christophe Nédélec a alerté la mairie et la CAMC (Communauté d’agglomération Marne et Chantereine) sur les risques d’affaissement en surface. Contactée par nos soins, la CAMC confirme qu’elle a effectivement « été informée par l’association de la présence de galeries de seconde masse sous la montagne de Chelles, qu’elle faisait procéder à des vérifications et qu’elle ne pouvait, aujourd’hui, apporter plus d’information ». L’affaire mérite donc d’être « creusée » un peu plus.
S.Moroy
Casernement du fort de Chelles devant lequel le public a accès depuis juin 2007.
Christophe Nédélec et Lionel Petit devant l'entrée des galeries qu'ils ont visitées sous le fort puis la montagne de Chelles. "J'apprécie que la mairie, alertée par Christophe, ait enfin empêché l'accès à ces galeries" reconnaît Lionel, la main posée sur la chaîne neuve cadenassée.
Bonjour,
Cette visite du site me rappelle le bon temps où on pouvait visiter toutes les carrières de Chelles dont une passait effectivement sous le fort mais assez profondément et compte tenu des galeries étroites, même si un glissement de terrain se produit je vois mal le fort s'en trouvé détruit ou endommagé.
Ayant la nostalgie de ce bon vieux temps et espérant retrouver mes anciens copains, je viens de créer un site où je publierai quelques photos et le plan de la carrière qui passe sous le fort.
Mon site: http://1000briques.free.fr
Rédigé par : Pascal | 23 novembre 2020 à 13:00