LA METHODE DU CROCODILE
MAURIZIO DE GIOVANNI
FLEUVE NOIR
L’inspecteur Lojacono, accusé d’avoir frayé avec la mafia, a dû fuir la Sicile pour Naples afin d’éviter le scandale. Sa femme l’a quitté, sa fille refuse de lui parler et ses nouveaux collègues, qui le surnomment Montalbano en raison de ses origines siciliennes, le méprisent. Il est seul au commissariat le soir où l’on signale le meurtre d’un adolescent, abattu d’une balle dans la nuque devant chez lui. Arrivé sur les lieux du crime, Lojacono rencontre la substitut du procureur, une femme de caractère, qui lui confie l’enquête. Deux autres adolescents, d’âges et de milieux sociaux différents, sont retrouvés assassinés selon le même mode opératoire peu de temps après. À proximité de chacun des corps, le meurtrier a semé des mouchoirs en papier… Leur analyse révèle qu’ils sont imbibés de larmes. La presse surnomme aussitôt ce tueur en série « le crocodile », car comme le prédateur, il semble pleurer au moment où il tue ses victimes. Pour l’inspecteur Lojacono, cette théorie est ridicule. En revanche, le mode opératoire est assez similaire à celui d’un crocodile, qui observe sa victime, attend patiemment, sans bouger, tapi dans l’ombre. Il prépare son attaque lente, précise, redoutable. L’assassin est un homme discret, presque invisible, mais déterminé et qui ne manque jamais sa cible... Dans une Naples fébrile et pluvieuse, deux hommes solitaires vont se livrer bataille. Le flic contre le tueur. Lequel s’imposera ?
Revue de presse
Dans une Naples inédite, pluvieuse, mélancolique et grise, une ville devenue «méfiante, obscure, indéchiffrable», comme dit l'inspecteur Giuseppe Lojacono, 45 ans, le commissariat San Gaetano est confronté à une série de crimes inexplicables. Trois jeunes, dont les origines sociales et les lieux de résidence n'ont aucun lien apparent, sont assassinés en moins de dix jours...
«Naples est pour moi comme une mère envahissante et bruyante, imprésentable en définitive, mais incontournable.» D'où ce roman douloureux, délivré de tout folklore et de toute tentation gastronomique ou sexuelle, contrairement aux romans noirs qui se respectent. L'inspecteur est un homme attiré par deux femmes antithétiques : la jolie magistrate longiligne avec laquelle il enquête, et la prospère propriétaire d'une trattoria chez qui il dîne régulièrement...
Le malheur de vivre est bien le principal ingrédient de ce livre. Et c'est à première vue étrange qu'il s'exprime dans la ville des mandolines, des pins, des chansons populaires et de lapizza. Mais on comprend vite, en parlant avec De Giovanni, qu'au contraire la vraie spécialité de Naples c'est d'avoir toujours su «transformer la souffrance en culture». (Marcelle Padovani - Le Nouvel Observateur du 9 mai 2013)
Le crocodile est une parfaite machine de mort. Tapi dans les eaux troubles des marécages de la savane, il guette sa victime. Invisible, immobile et silencieux. Avant de happer sa proie et de l'entraîner dans les profondeurs pour la dévorer...
Prix Scerbanenco du meilleur roman policier-thriller italien de l'année 2012, le napolitain Maurizio de Giovanni fait évoluer son héros dans une Naples inhabituelle et inquiétante, «une ville en décomposition pérenne», grise, pluvieuse et mélancolique où les passants préfèrent s'ignorer. A des années-lumière de l'image convenue de la cité scintillante au soleil face «au bleu pérenne d'une mer amicale». Des «bassi» populaires - ces appartements du rez-de-chaussée dont la porte et les fenêtres donnent sur le trottoir - aux «rues des riches où les prix atteignent 10 000 euros le mètre carré», le tueur poursuit son gymkhana mortel jusqu'à la limite du supportable. Le style fait mouche, l'intrigue est tirée au cordeau, pratiquement sculptée dans un bloc de haine glacée. Un terrible roman d'amour. (Gérard Thomas - Libération du 6 juin 2013)
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