Le 23 juillet 2005, la cause animale perdait l’un de ses plus ardents défenseurs
Christian Zuber nous quittait des suites d'un cancer. Il avait 75 ans.
L'homme savait que c'était son dernier combat, le plus terrible pour ce grand explorateur, qui avait pourtant connu bien des frayeurs sur ce globe qu'il connaissait par cœur.
Un combat très inégal contre une maladie insidieuse et impitoyable. Jusqu'au bout Christian aura lutté, s'étourdissant de travail et ne laissant surtout rien paraître aux autres de sa maladie : c'eut été pour lui un aveu de faiblesse et une démission devant la tâche inlassable qu'il s'était assignée.
Car Christian était un véritable bourreau de travail pour lui-même. J'ai encore le souvenir de l'entretien qu'il m'avait accordé début novembre 2002 pour Infos-Ciné dans les locaux d'un studio de production à Boulogne Billancourt (Hauts-de-Seine) où il achevait le montage d'une émission pour la fondation Bardot destinée à la télé (cf. Infos-Ciné 53 - mars 2003). Au cours de cette entrevue, si courte fut-elle, j'ai pu découvrir et apprécier toute sa dimension humaine, c'est-à-dire un mélange extraordinaire de force, de conviction, de détermination et de cordialité spontanée.
Cet homme infatigable, à un âge où tout un chacun aspire à une retraite paisible et méritée, loin des soucis et des trépidations de la vie active, refusait obstinément de poser les valises. D'ailleurs, il avait le complexe de l'âge et refusait de vieillir. Estimant qu'une vie n'est intéressante que si elle est motivée par un engagement personnel, Christian définissait son devoir comme devant être là où l'on massacre, bat, torture, mutile, exploite les animaux afin de dénoncer et témoigner devant le tribunal du genre humain. Il avait du cran et ne mâchait jamais ses mots devant quiconque, qui qu'il soit. Son arme, fidèle et efficace, était avant tout sa caméra et son appareil photo et, dans ce domaine, il faisait sans conteste figure de leader emblématique.
Cet ardent défenseur de la faune animale savait pertinemment que son combat était loin d'être terminé. En bon pédagogue (son premier métier était enseignant), il n'avait jamais cesser de sensibiliser les jeunes générations à la sauvegarde des espèces et à la protection de la nature grâce à ses émissions télé, ses longs-métrages et aussi ses livres sur ces expéditions. Son slogan était d'ailleurs resté le même depuis le début, une profession de foi inébranlable pour ce grand reporter : c'est l'information qui sauvera la nature !
Ne félicitons surtout pas la télévision qui avait passé sous silence sa disparition, lui qui l'avait pourtant si bien honorée avec sa célèbre série animalière Caméra au poing (apparue sur les écrans fin 1972). On lui aura certainement préféré des Reality Show ou autres niaiseries (je veux rester poli) dont on nous abreuve à gogo aujourd'hui et qui flatte assurément le mauvais goût des téléspectateurs.
Malgré tout, les multiples combats de Christian n'auront pas été vains. Des progrès considérables ont été obtenus et des espèces sont désormais protégées dans de nombreux pays grâce à lui. Nous et nos enfants lui sommes redevables de notre bien-être car « ce n'est pas uniquement pour protéger des espèces animales que nous nous battons, c'est aussi pour la beauté de la nature et son harmonie indispensable au bonheur de l'homme » (L'arche de Noé - Edition Flammarion - 1974).
En ce qui me concerne, il me sera maintenant difficile de contempler le spectacle de la nature sauvage sans avoir une pensée émue et sincère pour Christian ZUBER. S. Moroy
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