NAPOLÉON ET LES FEMMES, VIOLINE FLEURI
Le « Napoléon », d’Abel Gance (1927), est un film grandiloquent d’une durée de… 5 heures 30 ! Il est actuellement restauré par la Cinémathèque française pour être diffusé à la rentrée 2021 dans une version remasterisée. Il évoque l’histoire de Tristan Fleuri, qui entre au service de Bonaparte, alors consul, et qui l’accompagnera jusqu’à la fin. Sa fille, Violine, âgée de 16 ans, éprouve pour Bonaparte un amour quasi religieux dès qu’elle l’aperçoit pour la première fois à Paris en 1792. Elle sera elle-même femme de chambre de Joséphine, puis aide-cantinière pour suivre Napoléon dans ses campagnes, avant de mourir pendant la terrible retraite de Russie de 1812. Juste avant, Violine aura eu le temps de révéler à l’empereur la passion brûlante qu’elle éprouvait pour lui.
Fantaisie ou réalité ? Abel Gance a toujours affirmé respecter l’histoire de son grand héros pour lequel il vouait une vive admiration (on n’en a jamais douté). Pourtant aucun historien n’a corroboré l’existence de Violine, rôle tenu par Annabella (1907-1996), dont c’était le tout premier film. Un prétexte pour faciliter l’adhésion du public populaire à son œuvre ? Alors qu’il planchait sur le scénario, Abel Gance déclarait le 15 septembre 1923 (source Cinématographe n° 83, nov. 1982) : « Je me suis permis cependant de dresser dans l’ombre de l’empereur une histoire touchante et obscure pour donner encore plus de relief et d’éclat par contrastes à mon film, et lui éviter la froideur et la raideur continue des tableaux de David par exemple, mais cela, sans jamais changer une virgule de l’histoire. »
S. Moroy
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