VERS LA BEAUTÉ
DAVID FOENKINOS
GALLIMARD
L’art peut-il cicatriser les blessures de l’âme ?
Signé David Foenkinos, voici un roman très prenant qui célèbre la beauté de la peinture, mais qui dénonce également les violences faites aux femmes, dont le viol.
C’est l’histoire d’Antoine Duris, un éminent professeur aux Beaux-arts de Lyon qui décide de tout plaquer pour occuper un simple emploi de gardien au musée d’Orsay, à Paris.
Pourquoi ce choix très surprenant qui semble ressembler à un déclassement social volontaire pour ce spécialiste de Modigliani ? Il est dans une sorte de convalescence de la parole et son seul désir est d’être assis au milieu des tableaux, notamment devant une œuvre de Modigliani, Jeanne Hébuterne, l’une de ses plus grandes toiles et son dernier amour.
Visiblement, Antoine Duris cherche son propre chemin à la consolation. Discret, silencieux et peu enclin à lier des contacts, son comportement ne peut qu’étonner ses collègues. C’est le cas de Mathilde, la DRH du musée d’Orsay, qui l’a recruté et qui va tout entreprendre pour élucider son secret.
Au fil des pages, l’on découvrira progressivement ce qui a amené Antoine Duris au cœur du grand musée parisien dédié aux chefs-d’œuvre de la peinture du XIXe siècle.
« Ce n’est pas son esprit qui l’a poussé à se réfugier au musée d’Orsay, c’est son corps. Quand on est dans la souffrance, on est comme guidé par ce qui nous fera du bien. » / David Foenkinos (23/03/2018).
Après la publication en 2014 de son roman « Charlotte » (la vie bouleversante du peintre allemand Charlotte Salomon, exécutée à Auschwitz en 1943), David Foenkinos renoue avec un thème qui lui est cher : la résurrection de l’être par la création.
Le lecteur verra d’ailleurs un lien spirituel entre la vocation artistique de Charlotte Salomon avec Camille Perrotin, l’un des personnages clés du roman « Vers la beauté ».
La journée se déroula à un rythme identique à celui de la veille. Son rôle consistait essentiellement à veiller à ce que les visiteurs ne s’approchent pas trop des toiles. Il y avait eu cette histoire d’un lycéen qui avait renversé son Coca sur une œuvre dans un musée aux Etats-Unis, et cela allait coûter des millions de dollars aux assurances. Il fallait anticiper, être vigilant. La plupart des touristes ne s’adressaient pas à lui, sauf pour demander les toilettes. Des dizaines de fois, parfois même sans attendre qu’on lui pose la question, il indiquait le chemin : « Les toilettes se situent à l’entrée principale. » Une phrase qu’il prononçait souvent en anglais, et bientôt il l’apprendrait dans de nombreuses langues pour être un bon employé. C’était la préoccupation principale d’Antoine : bien faire son travail. Quiconque d’un tant soit peu dépressif connaît cet état où l’esprit se focalise d’une manière démesurée sur une tâche concrète. On peut panser une plaie physique par la répétition d’un geste mécanique, comme si le simple fait d’agir, y compris de façon dérisoire, permettait de réintégrer la sphère des humains utiles.
Charlotte a été récompensé par le prix Renaudot 2014 et le prix Goncourt des lycéens, Le Mystère Henri Pick a été adapté au cinéma avec Fabrice Lucchini . David Foenkinos a réalisé avec son frère Stéphane Foenkinos une adaptation cinématographique de son roman La délicatesse, avec Audrey Tautou et François Damiens.
Charlotte, La délicatesse, Le mystère Henri Pick sont disponibles à la bibliothèque
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