Bernard Bauwens, ancien élu municipal, était une personnalité connue à Villeparisis où il résidait depuis 1973 et où il y est décédé le 3 décembre 2017, à 89 ans. Il avait reçu la croix du combattant volontaire de la guerre 1939-1945, ainsi que la médaille de la campagne d’Indochine.
Voici son témoignage sur la libération de Paris, qu’il avait bien voulu me confier lors d’une cérémonie commémorative en août 2014.
Quand la guerre éclate, Bernard a 11 ans et il réside à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Son père, qui avait déjà fait celle de 1914, est mobilisé mais décède en 1940. En 1942, Bernard entre à l’école d’apprentissage de Renault comme ajusteur-électricien. Après le premier bombardement britannique du3 mars 1942, il va résider chez une tante à Villeparisis. Le 4 avril 1943, lors d’un autre bombardement des usines Renault, une bombe tombe, sans exploser, près de son immeuble. « J’étais à la piscine Molitor. J’ai couru pour savoir si ma mère était en vie. Les rues étaient désertes, jonchées de cadavres horribles, femmes sans têtes, corps méconnaissables par le souffle des bombes. Elles avaient percé le tunnel du métro, faisant de nombreuses victimes et les secours étaient débordés » se souvient-il. Par la suite, avec quelques camarades de chez Renault, Bernard se porte volontaire auprès de la Croix-Rouge pour participer au déblaiement de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et de la rue des Poissonniers, dans le 18e arrondissement de Paris où plusieurs personnes sont retrouvées et sauvées.
Sur ordre du général Koenig
« Juste avant la libération de Paris, nous sommes requis par le général Koenig pour accueillir les habitants de Saint-Cloud et Billancourt. Nous nous installons à l’école de la rue Fessart, à Paris. Les Allemands devaient faire sauter le pont de Saint-Cloud et le tunnel abritant des explosifs. L’insurrection se déclenche et je me retrouve bloqué. Lors du cessez-le feu, je cours chez ma mère. A mon retour, je fais prisonnier un vieux soldat allemand à bicyclette et le ramène à la mairie. Sur lui, un ordre de repli de son régiment sur les Ardennes. On a trouvé le même ordre sur d'autres prisonniers. On aurait dû prévoir cette contre-offensive surprise… Elle a coûté de nombreuses vies et failli tourner en catastrophe » soupire Bernard.
Bataille à la barricade
On lui remet un brassard FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) et le charge d’aller porter des munitions avec l’ambulance municipale à la barricade du pont de Sèvres. Mais, au moment de repartir, des Allemands arrivent à bord d’un char et des autos : « Les occupants de la barricade ouvrent le feu avec un FM et divers fusils. Ils lancent les grenades que nous venons d’apporter. Hélas, ce sont des fumigènes ! Nous nous sommes planqués, pas très fier, en attendant notre sort. La fumée disparue, plus rien : les Allemands avaient dégagé par les berges ! ». Un détachement de l’armée du général Leclerc fait finalement son entrée avec, à sa tête, le commandant Jacques Massu. « Ce détachement s’est arrêté devant mon domicile. Le lendemain, une partie a effectué le nettoyage de l’usine Renault dans laquelle les Allemands s’étaient réfugiés » se remémore Bernard.
Intarissable, il poursuit : « Peu après le passage des premiers éléments, alors que nous venions de dégager la barricade, une Jeep est arrivée trop vite dans cette excavation : projection du conducteur, de la machine à écrire et de la Jeep. J’ai retrouvé ce G.I. le soir, arrêté avec sa Jeep chez un dentiste, juste en face de mon immeuble. Ce dentiste planquait des aviateurs alliés. Dans ses écrits, Hemingway signale qu’il est arrivé à Paris par le pont de Sèvres. Peut-être est-ce lui ? Possible car en 1944, il avait 45 ans ».
Bernard fait ensuite partie du service d’ordre du général de Gaulle lors de sa descente des Champs-Elysées. Ce jour-là, le 26 août, il échappe de peu au feu d’un tireur embusqué près de la Chambre des députés, dans le 7e arrondissement. En 1945, à 17 ans, Bernard s’engage dans la Marine nationale. Il part alors sur le croiseur Suffren à destination de l’Indochine.
Mais ceci est une autre histoire..
Serge MOROY
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