Les Galeries Lafayette, un peu d'histoire...
Bulletin municipal Juillet 2018
Situé boulevard Haussmann, ce « Grand Magasin » a été le dernier de son espèce à ouvrir à Paris. Son projet a été en effet conçu en 1893, plusieurs décennies après le Bon Marché, le Printemps, la Samaritaine ou le BHV.
A son origine, on trouve deux cousins alsaciens, Théophile Bader et Alphonse Kahn, venus de l’univers de la confection
Ils s’associent en 1893 pour reprendre un commerce de nouveautés, à l’angle de la rue Lafayette et de la rue de la Chaussée d’Antin, qui ouvrira en 1894 à quelques mètres du nouvel opéra de Charles Garnier, et à proximité des grands boulevards ou de la gare Saint-Lazare.
D’une surface d’environ 70m², et spécialisé dans la mercerie, il aura pour enseigne « les Galeries ».
Le quartier est en pleine évolution depuis le percement du boulevard Haussmann. Les banques et les sièges de nombreuses sociétés se sont installés aux alentours. C’est donc une clientèle d’employés qui est visée, mais aussi la petite et la moyenne bourgeoisie..
Dès 1896, la société Kahn & Bader achète la totalité de l’immeuble du 1 rue Lafayette et en devient propriétaire.
En 1899, l’entreprise Kahn & Bader se change en société anonyme et prend pour nom Galeries Lafayette. Sur la façade de la rue Lafayette s’étale une immense banderole proclamant : « Les Galeries Lafayette, maison vendant le meilleur marché de tout Paris ».
En 1904, changement de taille avec l’acquisition des 38-40-42, boulevard Haussmann et du 15 Chaussée d’Antin, actuel emplacement du magasin.
Dès le début du XXe siècle, les Galeries Lafayette ont leurs propres ateliers de fabrication de confection afin de démocratiser les toilettes les plus en vue du moment. Des unités de production fabriquent en exclusivité pour le magasin.
Bader sait que la mode, les goûts et les envies de ses clientes passent vite...
Il est l’un des premiers à vendre dans son grand magasin des copies de modèles haute couture, accessibles au plus grand nombre. « Ne vendre que du bon, le meilleur marché possible », telle est la devise du magasin.
Sa méthode est complètement originale pour l’époque : il va aux courses et à l’Opéra, toujours accompagné d’une dessinatrice qui copie discrètement les toilettes des “élégantes”.
Elles sont ensuite réalisées dans ses ateliers avec des adaptations dans les plus brefs délais.
Ainsi, les modèles sont proposés quelques jours plus tard à ses clientes.
Les ascenseurs
En 1908, le premier magasin situé sur le boulevard Haussmann est ouvert et, pour la première fois au monde, des ascenseurs sont installés Ils sont alors au nombre de 22, entièrement vitrés (il n'en reste plus que 2 aujourd'hui).
Mécène au goût prononcé pour les arts plastiques, la musique et l’opéra, Théophile Bader est également préoccupé par le bien-être de ses employés. Il met en place une crèche pour les enfants des employées, une caisse de secours (1899) puis une caisse de prévoyance (1909), avant l’introduction du système national des retraites. Il suit en cela sa devise : « Les gens doivent être bien dans l’entreprise ».
La coupole
C'est en 1911 que les Galeries Lafayette obtiennent le permis de construire pour la coupole. Les travaux dureront quelques mois. Le nouveau magasin est inauguré en 1912.
Inspirée par le style byzantin, d'architecture circulaire, son point culminant est situé à 43 mètres du sol. Ce dôme en verre, couronné par dix piliers de béton, est constitué de dix faisceaux de vitraux peints (que l’on doit à Jacques Grüber), enserrés dans une armature métallique richement sculptée de motifs floraux (œuvre de Edouard Schenck).
Au sommet du bâtiment, une terrasse permet de découvrir Paris, et sa nouvelle Tour Eiffel.
La Coupole est coiffée d'une lanterne métallique : à l'intérieur, une poulie sert à hisser le fameux sapin de Noël (mais aussi un avion en 1949).
Les balustres des étages inférieurs, ornées de feuillages, sont signées Louis Majorelle, à qui l'on doit également la rampe d'escalier. Selon les vœux de Théophile Bader, une lumière dorée, venant de la coupole, inonde le grand hall, avec son escalier d'honneur, et fait scintiller la marchandise
En octobre 1912, le nouveau magasin est inauguré. Il est composé de 96 rayons, d'un salon de thé, d'une bibliothèque et d'un salon de coiffure. Il a cinq étages, des balcons et une grande coupole.
En 1912, Alphonse Kahn, malade, vend ses parts à Théophile Bader, alors que le projet du nouveau magasin est très avancé.
En 1914, les ouvrières des Galeries Lafayette, privées de clientes comme celles des autres magasins, se réunissent pour coudre des effets militaires.
En 1935, à la suite d’une grave maladie, Théophile Bader délègue à ses deux gendres, Raoul Meyer et Max Heilbronn, la direction effective des Galeries, et de toutes leurs succursales.
Après la débâcle de 1940, les Galeries Lafayette subissent un traitement d’« aryanisation ». En juin 1940, les affiches « entreprise juive » sont apposées sur les vitrines du magasin par les autorités d’occupation.
Théophile Bader et ses gendres Raoul Meyer et Max Heilbronn, les administrateurs du magasin, ainsi que 129 employés juifs sont contraints de démissionner.
Les familles Bader, Meyer et Heilbronn sont dépossédées de leurs biens. Protégés par les Allemands, le Suisse Aubert et l’industriel français Harlachol dirigent tout le groupe Les Galeries Lafayette.
Heilbronn et Meyer s’engagent alors dans la résistance. Arrêté par la Gestapo, Max Heilbronn est déporté à Buchenwald. Après maintes activités clandestines, Raoul Meyer prend une part importante à la libération de Paris en 1944. En conséquence, un conseil d’administration particulier des Galeries Lafayette se réunit le 20 septembre 1944, Aubert et Harlachol sont renvoyés et Les Galeries Lafayette remises aux mains de Raoul Meyer, en espérant le retour de Max Heilbronn, qui reviendra finalement en avril 1945.
Entre temps, Théophile Bader s’était éteint à Paris en 1942, paralysé et spolié de ses biens.
A la fin de la guerre: 1918
Illuminations aux Galeries Lafayette en l'honneur du président des États-Unis, Thomas Woodrow Wilson, en visite à Paris
Le 19 janvier 1919, Jules Védrines, un pionnier de l’aviation, atterrit sur le toit des Galeries Lafayette.
Il réussit à poser son Caudron G3 sur la terrasse des Galeries Lafayette, grande comme une piscine (28 x 12 mètres). C’est le premier atterrissage d’un avion sur un immeuble !
Il relevait ainsi, par temps brumeux, le pari lancé avant-guerre (en 1909) par la direction des Galeries Lafayette, qui se proposait d’offrir 25 000 francs à quiconque réussirait cet exploit.
Védrines fut verbalisé par la police pour avoir survolé Paris, et pour son atterrissage dans un endroit non autorisé par la Préfecture. Une stèle a été inaugurée sur le toit des Galeries Lafayette en 1921, pour en rappeler l’exploit. Elle y est toujours….
1932 L'exploit de Jules Védrines a donné des idées aux Galeries Lafayette.
Pour attirer un public avide de nouvelles animations, une "école de pilotage" est inaugurée sur la terrasse du magasin.
En réalité, le "pilote" fait un tour complet sur lui-même à bord de l'avion, lequel est penché pour donner l'illusion du mouvement (les roues de l'avion sont fixées sur des rails circulaires)
Les grèves de 1936, pendant le Front Populaire, paralysent également les Galeries Lafayette
Le magasin est tout entier dévoué à la nouveauté et à la mode. Aux rayons traditionnels, sont ajoutés la confection pour homme, l'ameublement, les jouets, et les arts de la table.
Les vitrines jouent un grand rôle dans cette mise en scène : elles doivent éveiller toutes les envies et tous les désirs.
Tout est fait pour que le client se sente bien et ait envie d'acheter
De 1916 à 1926, les Galeries Lafayette s’implantent en province, à Nice, Lyon, Nantes et Montpellier.
Théophile Bader investit personnellement dans plusieurs entreprises, notamment Monoprix, enseigne qu’il crée en 1930.
En 1951, à l'occasion de l'inauguration du plus haut escalier mécanique d'Europe, Édith Piaf fait honneur de sa présence en donnant un concert devant les Galeries Lafayette Haussmann.
Entre 1952 et 1956, les premiers escalators sont installés, les halls intérieurs sont supprimés et deux étages sont ajoutés.
En 1958 sont lancés « les 3J », des articles d'actualité et de bonne qualité mis en vente à des prix exceptionnellement bas pendant trois jours.
En 1969, un nouveau magasin, réservé à la mode masculine, est construit de l'autre côté de la rue de Mogador.
En 1974, on démonte l'escalier d'honneur. Le rez-de-chaussée central sera modifié en 1984, afin d'ouvrir des boutiques de prestige.
En 2018, les Galeries Lafayette fêtent leur 122e anniversaire.
En mars 2018, ouvrira le siège de la Fondation des Galeries Lafayette « Lafayette Anticipations ». Il s'agira d'une tour translucide de dix-huit mètres de haut conçue par l'architecte néerlandais Rem Koolhaas. Située dans une cour, contre les anciennes réserves du BHV, l'édifice sera invisible depuis la rue, et présentera une collection d'art contemporain.
Cette année également, un nouveau magasin des Galeries Lafayette ouvrira sur les Champs-Elysées, à la place du défunt Virgin Mégastore.
Aujourd’hui, Les Galeries Lafayette sont le dernier grand magasin français dirigé par les descendants directs de son fondateur.
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