CHELLES - Inauguration et commémoration
Le 70e anniversaire de la libération a revêtu une ampleur exceptionnelle, avec un impressionnant défilé de GI’s et l’inauguration du rond-point sur la D34 desservant la zone de la Tuilerie.
Un char Sherman (ici devant le rond-point de la mairie de Chelles) identique à ceux détruits le 27/08/1944 par les Allemands embusqués dans le petit bois de Chantereine.
Triomphal défilé de GI’s, dimanche 31 août, dans les rues de Chelles. Les habitants ont pu admirer une quinzaine de véhicules militaires, dont une automitrailleuse Ford M8 munie de son canon 37 mm, un char Sherman, des Jeeps, camions GMC, Dodge cargo, Dodge ambulance et motos Harley-Davidson « Notre association, créée en 1985, est basée à Jossigny. Elle comprend une vingtaine de membres passionnés par l’histoire de la 4e division d’infanterie de l’US Army. Nos engins sont immatriculés comme véhicules de collection et peuvent donc rouler normalement » précise Serge Dechaume, son président.
Deux véhicules civils FFI, une traction et une Citroën C4 de 1933, du collectionneur Laurent Laplace, ouvraient le cortège. Plusieurs habitants ont emprunté les trois autobus Renault des années 1930 mis à leur disposition par l’AMTUIR (Association du musée des transports urbains, interurbains et ruraux de Chelles) pour se rendre à l’inauguration du carrefour de la rue des Tuilerie et de l’avenue de Claye.
Un rond-point pour se souvenir
Devant de nombreux Chellois, anciens combattants et élus, un émouvant hommage a été rendu aux 4 tankistes américains abattus à cet endroit par les Allemands, le 27 août 1944. La stèle érigée en leur mémoire a été dévoilée et le carrefour baptisé rond-point des Américains. « Les soldats qui ont participé à votre libération étaient très fiers. Après toutes les batailles qu’ils avaient connues en Afrique du Nord, en Sicile et en France, ils n’avaient jamais pensé trouver de tels moments de joie. Et c’est dans un esprit de camaraderie que je suis là. Car vous connaissez tous l’histoire du gouvernement militaire dont De Gaulle nous a soupçonnés. Mais chaque ville libérée où, comme ici, les Français ont pris les affaires en main, les Américains étaient ravis. Vous n’avez pas besoin que l’on vous gouverne : vous êtes ingouvernables ! » a lancé Peter F. Herrly, colonel retraité de l’US Army, dans un français impeccable.
Le colonel Peter F. Herrly (US Army).
Il était venu avec son compatriote, Ernesto Paolucci, vétéran de 91 ans qui a participé au débarquement du 6 juin 1944.
Ernesto Paolucci a débarqué le 6 juin 1944 à Utah Beach
Chelles a ses martyrs
La cérémonie s’est poursuivie devant la plaque des fusillés de l’hôtel de ville. Rassemblés autour de leur maire, Brice Rabaste, les habitants ont assisté à l’appel des 27 noms des Chellois morts pour la France et au dépôt des gerbes. Claude Zylbersztejn, membre de la SAHC (Société archéologique et historique de Chelles), a rappelé le lourd tribut payé par la ville pour sa libération. Le 16 août 1944, 35 résistants, parmi lesquels 17 Chellois, sont arrêtés à Paris par les nazis suite à une dénonciation. Les malheureux sont conduits à la cascade du bois de Boulogne pour y être fusillés. Le 25 août, plusieurs otages sont arrêtés à titre de représailles et 13 d’entre eux fusillés, dont des adolescents. Avant de battre en retraite, les Allemands dynamitent l’hôtel de ville dans la matinée du samedi 26 août après l’avoir pillé (il sera reconstruit en 1949). Pour ses actes de résistance et l’héroïsme de ses combattants, la ville a reçu la Croix de guerre.
S. Moroy
La mort tragique des 4 tankistes
Dans la matinée du 27 août 1944, des Allemands se postent le long de l’avenue principale pour assurer la protection des dernières unités de la Wehrmacht. Pendant ce temps, arrivant de Vincennes, la 4e division d’infanterie du général Barton approche. Vers midi, les dernières troupes allemandes quittent le centre-ville. C’est le 8e régiment d’infanterie, renforcé par le 70e bataillon de chars, qui libère Chelles en début d’après-midi. Les alliés avancent prudemment vers la gare de triage et le fort. Le soir, forçant l’allure, des blindés alliés passent le carrefour de la Madeleine en direction de Le Pin. A 20 h, abrités dans le petit bois de Chantereine, des Allemands, équipés du redoutable canon de 88 mm, ouvrent le feu sur deux chars Sherman. Le premier est détruit à l’angle du terrain d’aviation et ses trois occupants, Charles Frontuto 28 ans, Elmer Ackerman 19 ans et Harry Schneider 30 ans, meurent carbonisés. Dans le second, George Dudley 37 ans, est tué, mais ses quatre camarades sont indemnes. Trois des soldats reposent au cimetière US d’Épinal (Vosges) et le nom du quatrième, Elmer Ackerman, figure sur le mur des disparus du cimetière US de Saint-James (Manche).
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