L’actrice hollandaise Sylvia Kristel est décédée jeudi 18 octobre 2012 à l’âge de 60 ans des suites d’un cancer. Elle avait acquis une célébrité internationale grâce à son rôle de femme facile dans le premier (vrai) grand film érotique de l’histoire du cinéma. Un rôle emblématique mais piégeant, dont cette femme intelligente et belle (dans son enfance elle sauta 4 classes !) aura pourtant tenté de se défaire par la suite. En vain, l’image de sex-symbol lui collait définitivement à la peau. Bref retour sur un mythe qui a fait d'elle une véritable égérie de l'érotisme.
La saga Emmanuelle
Au début des années 70, la censure pourchasse le cinéma pornographique laissant le champ libre au cinéma érotique. Avec Emmanuelle, le film de Just Jaeckin sorti en 1974, les choses sérieuses commencent. L’érotisme s’affiche sur grand écran. Désormais, plus rien ne sera comme avant.
Résumé :
Mélodie d’amour chantait le cœur d’Emmanuelle / Qui bat cœur à corps perdu / Mélodie d’amour chantait le corps d’Emmanuelle / Qui vit corps à cœur déçu (refrain de la chanson de Pierre Bachelet).
Emmanuelle a vingt ans, elle va rejoindre son mari qui est diplomate à Bangkok. Ce jeune couple professe la liberté réciproque. Lors d’un voyage, la jeune femme se donne successivement à deux passagers de l’avion. Lorsqu’elle arrive à Bangkok, Emmanuelle fait la connaissance d’un monde frivole et perverti. Elle ne voit que des jeunes femmes européennes désœuvrées, occupant leurs journées entre les bains à la piscine, le tennis et la galanterie…
Ce film est resté dans toutes les mémoires grâce au charme de son héroïne et à la musique de Pierre Bachelet. Pourtant, lors de sa sortie, il fut censuré dans de nombreux pays et l’on venait en France pour le voir. Emmanuelle incarne un mythe érotique idéal : celui de la femme facile, sans tabou, toujours prête à toutes sortes d’expériences sexuelles. Il influencera bon nombre de réalisateurs qui se lanceront dans des réalisations médiocres pour copier le charme de l’actrice hollandaise qui restera malgré tout inégalé. Si le film a un peu vieilli, il reste l’esthétisme très ''hamiltonien'' des images, l’audace du scénario (adapté d’Emmanuelle Arsan, romancière d’origine thaïlandaise) et la beauté très sensuelle de Sylvia Kristel. Alain Cuny (1908-1994) a 66 ans et joue ici le rôle du vieil initiateur lubrique. Dans la France du milieu des années 70, le succès est fulgurant avec près de 9 millions d’entrées en salles (50 millions dans le monde) et la présence ininterrompue à l’écran sur les Champs-Elysées pendant 10 ans.
Le succès phénoménal du film appelait tout naturellement une suite. Ce fut Emmanuelle 2 de Francis Giacobetti réalisé en 1975. Toujours sous la plume d’Emmanuelle Arsan, Sylvia Kristel quitte la Thaïlande pour Hong Kong afin de rejoindre son diplomate de mari. Une autre destination exotique pour d'autres jeux érotiques. Intitulé au début L’antivierge, le film risque de peu un classement X à cause « non pas pour ce qu’il était, mais de ses intentions ». Il sort finalement sur les écrans fin janvier 1978 avec un nouveau titre, Emmanuelle 2, et… une interdiction aux moins de 18 ans afin que la morale soit sauve. A noter la présence de Laura Gemser, au top de sa beauté, qui interprète le rôle d’une masseuse et poursuivra par la suite une carrière d’Emmanuelle… beaucoup plus exotique eu égard à son origine indonésienne.
Durant l’été 1978 sort Goodbye Emmanuelle de François Leterrier, toujours avec Sylvia Kristel, encore en vacances (cette fois aux Seychelles), décidément infatigable, et toujours sous la plume inspirée de l’écrivaine Emmanuelle Arsan. Umberto Orsini est toujours à ses côtés pour poursuivre son initiation aux plaisirs et jeux de l’amour. Les paroles et la musique de la chanson du film sont signées cette fois Serge Gainsbourg.
Enfin, c’est Julia et les hommes, autre film de Sylvia Kristel réalisé par Sigi Rothemund en 1974, mais qui n’a plus rien à voir avec la saga Emmanuelle. Dans la distribution hétéroclite de ce film érotique allemand, et pour l’anecdote, on relèvera la présence de Jean-Claude Bouillon, l’inoubliable commissaire Valentin des Brigades du Tigre (série TV). S. Moroy
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