La plume de Marilyn
Chaque écrit sur Marilyn suscite curiosité et interrogation sur un mythe qui n’en finit pas de nous interpeller depuis qu’il est né.
Le dernier ouvrage paru en octobre déroge d’autant moins à la règle qu’il a été rédigé… par Marilyn elle-même. « Fragments intimes » rassemble en effet ses écrits de 1943 à 1962, soit juste avant qu’elle ne soit retrouvée morte dans la nuit du 5 août 1962 dans sa villa de Brentwood. Elle avait alors 36 ans, était au summum de sa beauté. Son drame provient d’un profond fossé entre le personnage public (la glamour girl au cinéma) et la fragilité enfantine de la femme privée.
« Mon sommeil dépend de mon degré de satisfaction qui varie selon le cours de ma vie. Mes rêves sont trop intimes pour être révélés publiquement. Mon cauchemar, c’est la bombe H. Et vous ? » écrivait-elle méfiante en réponse à l’interview d’un journaliste.
C’était peut-être l’un de ses derniers écrits. La Vénus du 20e siècle, l’icône du glamour, l’égérie éthérée de toute une Amérique avait donc bien deux faces. Celle, solaire et étincelante de la pin-up blonde et celle, plus obscure, d’une jeune femme perfectionniste à l’extrême, en quête de perpétuel absolu et que la vie ne pouvait que décevoir. Ses textes publiés sont reproduits par ordre chronologique. Ils révèlent toute l’intelligence, la finesse et la pudeur d’une véritable écorchée vive. Jusqu’à la fin.
Des fautes, des ratures, mais de la sincérité
Marilyn a sans doute beaucoup plus écrit que ce qui est reproduit dans ce livre et rien n’exclut que d’autres de ses textes apparaissent un jour. En tout cas, voici mise à jour la personnalité à multiples facettes d’une jeune femme curieuse et cultivée qui, loin d’être idiote et frivole, cherche la vérité des choses et des êtres. Elle prend des notes, transcrit ses sentiments, ses pensées, doutes et interrogations. Et elle doute et s’interroge beaucoup, ses nombreuses ratures l’attestent.
C’est Anna Strasberg qui a retrouvé ses lettres, poèmes et notes dans une boîte laissée par son mari décédé, Lee Strasberg. La famille avait été désignée comme ayant droit dans la succession de Marilyn. « Je ne suis pas là pour gagner de l'argent. Je souhaite donner une belle image de ce trésor et le transmettre de la plus belle façon possible » déclarait Anna Strasberg à Bernard Comment, un éditeur français, à qui elle confiait ces documents inédits.
« Je pense que j’ai toujours été profondément effrayée à l’idée d’être la femme de quelqu’un car j’ai appris de la vie qu’on ne peut aimer l’autre, jamais, vraiment » écrivait Marilyn en 1956. Son étoile, ravivée, brille plus que jamais. Le monstre sacré a prouvé qu’il avait une belle âme.
Serge Moroy
« Marilyn Monroe, Fragments - Poèmes, écrits intimes, lettres » - Edité par Stanley Buchthal et Bernard Comment – Traduit de l’anglais par Thiphaine Samoyault - Avec photos - Edition du Seuil – 270 pages – Dépôt légal : octobre 2010 – 29,80 euros.
« Marilyn Monroe, Confession inachevée », le livre broché de 240 pages signé Ben Hecht paru en octobre 2011, est venu compléter l’impressionnante pléiade d’ouvrages consacrés à la star américaine, notamment le précédent (Fragments intimes) qui obtint un grand succès auprès du public..
Rédigé par : Serge Moroy | 06 avril 2013 à 10:14
Le cinéaste Billy Wilder, réalisateur (entre autres) de « 7 ans de réflexion » (1955) et de « Certains l’aiment chaud » (1959), qui permirent à l’éternelle icône blonde d’interpréter deux de ces plus grands rôles, aurait ironisé à son sujet en ces termes quelque peu ambigus quant à leur chute : « Il existe plus de livres sur Marylin Monroe que sur la Seconde Guerre mondiale. Et il y a une certaine analogie entre les deux. C’était l’enfer, mais cela en valait la peine ».
Rédigé par : Serge Moroy | 06 avril 2013 à 10:28
Pourquoi donc un livre de plus? a-t-il un intérêt particulier?
Rédigé par : YG | 07 avril 2013 à 09:32
Robert Laffont a eu la bonne idée de rééditer cet ouvrage, nous permettant du coup de redécouvrir, avec ses mots bien à elle, d’autres facettes cachées de cette voluptueuse, mais complexe personnalité. Voyeurisme ? Certainement pas. Les étoiles ne meurent jamais quand elles ont atteint le firmament. Et l’on ne se lasse pas de les admirer lorsque la nuit est propice.
Rédigé par : Serge | 07 avril 2013 à 09:35