Le magazine trimestriel Historail d’avril 2012 consacre un dossier spécial de 62 pages dans lequel figure notamment « Le train », film réalisé en partie au triage de Vaires-sur-Marne. Le numéro est en vente au prix de 9,90 euros et comporte 114 pages.
« Le chemin de fer a joué un rôle essentiel dans la Seconde guerre mondiale et le cinéma s’en est souvenu. C’est autour de cette idée que nous avons construit ce numéro spécial d’Historail. « La bataille du rail » (1945) commence par les premiers actes de résistance des cheminots alors que les Allemands sont déjà installés dans notre pays […]. Le film « Le train » (1964) se place dans la filiation directe de « La bataille du rail » qui ne cesse d’inspirer John Frankenheimer. C’est une autre façon de confirmer à quel point le chemin de fer a été présent durant la Seconde Guerre mondiale, comme outil indispensable, mais aussi comme un monde à part. Un lieu de refuge et en quelque sorte « d’appel », face au rapport de force établi par la puissance occupante » écrit Jacques Andreu dans son éditorial.
Dans les 16 pages consacrées spécialement à ce film, abondamment illustrées de photos, il reviendra en détails sur le déroulement de ce dernier, soulignant l’affrontement mortel de deux hommes (le colonel allemand et le cheminot résistant) dans une espèce de « guerre privée » sur fond de guerre mondiale, et dont l’enjeu demeure le sort des célèbres tableaux entreposés au musée du Jeu-de-Paume.
Filmé en décors naturels
Les séquences ferroviaires ont été tournées en décors naturels. Pour le réseau de l’Est, la gare de marchandises de la Glacière-Gentilly, sur la petite couronne (13e arrondissement de Paris), mais aussi Saint-Ouen-les-Docks. La séquence du bombardement par l’aviation britannique se déroule en partie au triage de Vaires, l’autre au triage désaffecté de Gargenville. Le réseau de l’Ouest a également été mis à contribution : triage d’Argenteuil et, en Normandie, la gare d’Acquigny (Eure) dans la petite gare rebaptisée « Rive-Reine » et où se déroule une grande partie du film. Enfin à Autheuil-Authouillet pour la fin du film, dans le superbe décor de la vallée de l’Eure et à Moulineaux (Seine-Maritime) pour la scène où la locomotive 230 B HLP est attaquée et se réfugie dans un tunnel.
La SNCF tourne un making-of
La section centrale cinématographique de la SNCF réalisera « Le rail et le cinéma », un documentaire en couleurs réalisé pendant le tournage du film « Le train ». Il relate l’ambiance extraordinaire sur le plateau et les grands moments qui nécessitèrent la participation de 280 à 300 personnes. Ce témoignage (dont on regrette qu’il soit si court) a la particularité d’être commenté par Michel Simon qui exprime son admiration pour ces cheminots français qui firent preuve de beaucoup de courage et d’humilité, précisant que « Le train » leur rendait, même tardivement, « un hommage mille fois mérité ».
Pour voir ce court-métrage exceptionnel tourné par la SNCF :
Avec les deux films de René Clair - « Ceux du rail » et « La bataille du rail » réalisés en 1943 et 1945 – le film de John Frankenheimer rend un vibrant hommage à l’héroïsme des cheminots français dont beaucoup ont payé de leur vie leur lutte contre les nazis : 1647 cheminots fusillés ou déportés sans retour, selon l’avocat Arno Klarsfeld (Source : Le Monde du 06/06/2006).
Un même nom pour deux films
« Historail » entreprend par ailleurs une comparaison avec le film en couleurs de Pierre Granier-Deferre, réalisé en 1973, et qui porte aussi le même nom, « Le train ». Son intrigue repose sur la rencontre (saisissante) de deux monstres sacrés : Jean-Louis Trintignant et Romy Schneider. Un même prétexte (la guerre et le rail) pour deux films totalement différents (un film d’action et un film intimiste), mais présentant tout de même de nombreux points de convergence.
Deux autres ouvrages sur le sujet
Le dossier évoque également deux ouvrages de référence : « Les cheminots dans la Résistance » livre de 224 pages de Cécile Hochard (édition La Vie du Rail), édité pour accompagner l’exposition de 2005 sur ce thème circulant depuis en France ; et le livret « 1944 les bombardements sur le triage de Vaires » publié par Georges Leduc en 1969 qui recueille les témoignages des Vairois, ainsi que des relevés et photos d’époque sur ces terribles moments historiques. Rappelons en effet que le triage SNCF de Vaires a subi 5 bombardements en 1944 (29 mars – 28 juin – 8, 12 et 18 juillet), frappant malheureusement aussi les villes environnantes de Vaires, Brou-sur-Chantereine et Chelles qui ont dénombré une douzaine de morts parmi la population civile.
Serge Moroy (Juin 2012)
Le Train (1964) : La fiction
En août 1944 commence la retraite des Allemands. Le colonel von Waldheim (Paul Scofield) réquisitionne un train pour transporter vers l’Allemagne des œuvres d’art entreposées au musée du Jeu-de-Paume, à Paris. Paul Labiche (Burt Lancaster), ingénieur responsable du réseau ferroviaire de l’Est, est chargé par la Résistance d’empêcher à tout prix le train de partir. Labiche organise, avec la complicité des cheminots résistants, une mystification à l’échelon du réseau ferroviaire national, puis finalement le déraillement du convoi. Les Allemands ripostent par des exécutions d’otages et mettent tout en œuvre pour faire repartir le train. La Résistance aura finalement le dernier mot.
… et la réalité
De l’automne 1940 à l’été 1944, le musée du Jeu-de-Paume est réquisitionné par les Allemands pour entreposer, trier et expédier vers l’Allemagne des œuvres volées à des collectionneurs, des marchands d’art, des artistes et de simples particuliers de confession juive. Rose Valland, attachée de conservation à ce musée, suit et enregistre toutes ces opérations à l’insu de l’occupant. Le 1er août 1944, sur ordre de Goering, 148 caisses contenant des œuvres d'art moderne (64 Picasso, 29 Braque, des Van Gogh, Monet, Matisse…) quittent ce musée pour être chargées dans 5 wagons du train n° 40.044 à destination de Nikolsburg (Tchécoslovaquie). Renseigné par Rose Valland et les cheminots, c’est un détachement de l'armée du général Leclerc qui arrêtera ce train le 27 août 1944 à Aulnay-sous-Bois.
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