A la demande des préfets du 77 et 93, une réunion avec la société Placoplatre, les élus et les associations de protection de l’environnement s’est tenue lundi 3 octobre au centre de formation Saint-Gobain de Vaujours (93).
Placoplatre, filiale de Saint-Gobain implantée sur Vaujours (93), est propriétaire du fort depuis 2010 après que celui-ci ait été abandonné par le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) à la fin des essais nucléaires de la France en 1997. Depuis cette date, expertise et contre-expertise se sont succédé, suscitant une vive polémique sur sa décontamination réalisée début 2002 par le CEA. Lors d’une réunion à Villeparisis le 14 septembre dernier, plusieurs associations avaient décidé de se mobiliser pour exiger des pouvoirs publics la vérité sur le dossier. Il faut savoir que Placoplatre est le premier exploitant de gypse en France et que 68 % de la production nationale provient d'Ile-de-France.
Des résultats toujours controversés
L’ordre du jour de cette nouvelle CLCS (Commission locale de concertation et de suivi) portait sur l’exploitation future d’une carrière de gypse par Placoplatre au fort de Vaujours. Les préfets du 77 et du 93 ont souhaité y associer l’ensemble des partenaires concernés sur les deux départements. Les résultats des études et mesures de contrôle de radioactivité effectuées au printemps 2011 en surface et en sous-sol sur 5 points de sondage par l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) présentaient selon Placoplatre des taux de radioactivité conformes à la norme. Des résultats aussitôt contredits par les associations qui, s’appuyant sur des relevés contradictoires réalisés par l’association « L’effort de Vaujours » en février 2011, ont demandé la nomination d’un expert indépendant, en l’occurrence la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité). Absente à la réunion, cette association, créée en 1986 après l’accident de Tchernobyl, a livré un document selon lequel toutes les zones contaminées n’ont pu être détectées lors de sa propre contre-expertise en 2001-2002. La CRIIRAD préconise d’effectuer les mesures avec des appareils adaptés aux types de rayonnement et à la profondeur, et de détecter l’uranium appauvri au fur et à mesure du creusement des sols. De même, il serait souhaitable selon elle que des contrôles radiologiques spécifiques soient entrepris lors des décaissages des puisards et des zones d’écoulement des effluents et de prendre en compte les risques de pollution chimique par les métaux lourds, ainsi que la présence d’explosifs enterrés à plus de 50 cm puisque le fort a connu des activités militaires avant d’être un centre d’études atomiques de 1955 à 1997.
Les associations restent mobilisées
Les défenseurs de l’environnement ont exprimé leurs craintes d’une contamination au cours de l’exploitation par infiltration des eaux de pluie avec le risque de polluer la nappe phréatique située sous la 4e couche de gypse, exposant ainsi en premier lieu les ouvriers qui travailleront sur le site. Elles ont aussi rappelé que la vente d’un bien public par l’État à une entreprise privée engageait celui-ci à être particulièrement vigilant dans un dossier aussi sensible. La DRIEE d’Ile-de-France (Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie) a répondu que les servitudes publiques fixées par le préfet en septembre 2005 continueraient de s’appliquer dans le cadre d’une exploitation du gypse. Les associations s’inquiètent par ailleurs du devenir des bétons de démolition des 300 bâtiments du site et du fort pour lesquels le CEA avait lui-même reconnu que certains ouvrages contaminés avaient été noyés dans le béton devant l’impossibilité de les décontaminer. Jacques Kalkotourian, responsable de l’ADEBF (Association de défense de l’environnement de Bois-Fleuri) a déclaré : « Même si l’on note un effort de communication, ce dossier est loin d’être terminé. On attend de Placoplatre un plan d’action concret car on va s’orienter vers une nouvelle enquête publique ». Maintenant que le dossier est à nouveau ouvert, les associations sont déterminées à aller jusqu’au bout.
S. Moroy
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