L'affaire Seznec a toujours intrigué puisque depuis 1923 elle défraie la chronique judiciaire française. Portée à l'écran en 1992 par Yves Boisset avec Christophe Malavoy, cette histoire a également donné lieu à de nombreux ouvrages. Cette fois-ci, c'est Robert Hossein qui a choisi de faire vivre une nouvelle fois Guillaume Seznec, mais au théâtre, à travers une pièce où les spectateurs auront leur mot à dire sur ce procès.
Souvenez-vous, Guillaume Seznec est né en 1878, à Plomodiern, dans le Finistère. Maître de scierie à Morlaix, il a été reconnu coupable de faux en écriture privée et du meurtre d'un marchand de bois : Pierre Quéméneur, un conseiller général du Finistère. Ce dernier a étrangement disparu dans la nuit du 25 au 26 mai 1923, au cours d'un voyage d'affaires effectué de la Bretagne à Paris. Il se trouve que Pierre Quéméneur était en compagnie de Guillaume Seznec lors de ce voyage. Étrangement, le corps n'a jamais été retrouvé. Mais étant la dernière personne à avoir vu Quéméneur vivant, Seznec devient immédiatement le principal suspect. Il est très vite arrêté.
Au cours de son procès, près de 120 témoins furent entendus pendant 8 jours. Il prit fin le 4 novembre 1924. Verdict? Seznec est reconnu coupable et condamné aux travaux forcés à perpétuité. En 1927, il est conduit au camp de la Transportation de Saint Laurent-du-Maroni puis transféré au bagne des Îles du Salut en Guyane Française en 1928.
Seznec rentre enfin au Pays en 1948. 5 ans plus tard, il est renversé par une camionnette qui prend la fuite. Il meurt le 13 février 1954 des suites de ses blessures.
Durant tout son procès et pendant les années qui lui restent à vivre, Seznec ne cessa de clamer son innocence. Pendant plusieurs années, ses descendants, et notamment son petit-fils, ont sollicité la justice pour rouvrir le dossier, afin de le blanchir des accusations portées contre lui et obtenir sa réhabilitation. Quatorze demandes ont été examinées par la justice et ont été rejetées.
Au travers de la pièce interactive « L'affaire Seznec », le réalisateur Robert Hossein vous invite à assister au procès de Guillaume Seznec, tel qu'il a eu lieu à Quimper en octobre 1924. Est-il coupable? Est-il innocent? À vous, spectateurs, de décider en votant tous les soirs au théâtre de Paris. Vous suivrez minute par minute cette affaire. Vous aurez la possibilité de vous mettre dans la peau des jurés en rendant votre verdict. Après délibération, le président du jury annoncera le verdict de l'époque, puis les jurés feront connaître le leur.
L'occasion de donner votre avis sur cette enquête, de vivre le temps d'un spectacle ce véritable procès qui a longtemps divisé la France en deux et qui passionne encore les foules.
A noter que Robert Hossein mettra en scène deux autres pièces interactives retraçant deux autres affaires : L'affaire Dominici et L'affaire Weber.
S.Moroy
L'Affaire Seznec : une pièce réalisée et présentée par Robert Hossein
Du 26 janvier 2010 au 24 avril 2010. Au théâtre de Paris, Du mardi au samedi à 20h30
Durée du spectacle : 2 h 00 avec entracte.
A noter que dans le synopsis, la pièce fait la part un peu trop belle aux tenants de l'innocence de Seznec, parlant "d'absence de mobile"
Or il y avait bel et bien un mobile: une très forte somme d'argent due par Seznec (désargenté) à Quemeneur, dont une grosse partie en dessous de table.
Silence est aussi fait sur la tentative de subornation de témoins commanditée par Seznec (et d'une insigne maladresse): c'est vraisemblablement cet élément qui a entraîné la décision du jury.
Dans d'autres circonstances (pas cette pièce), pour faire sensation, on présente le visage "martyrisé" de Seznec comme preuve des "affreux tourments" qu'il aurait subis au bagne.
Or il est parti là-bas déjà défiguré par d'affreuses brûlures, suite à un incendie domestique!
En réalité, Seznec a obtenu un poste très protégé (gardien de la lampisterie), dispensé de la case collective et même après sa lamentable tentative d'évasion, sa peine de réclusion cellulaire fut assez courte et "aménagée"
Certes il y a doute. Mais il est regrettable qu'un seul point de vue s'exprime, et cela depuis des décennies. La famille Quemeneur, convaincue de la culpabilité de Seznec, n'a jamais eu le même accès aux médias que le coupable désigné qui, il est vrai, n'a jamais varié, n'a jamais faibli dans ses protestations d'innocence: chose rare chez les transportés.
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Chacun est bien entendu libre d'avoir son opinion sur le cas Seznec... qui devient à mon sens un "fond de commerce" qui fait assez bien vivre certains, sur la misère du personnage central (coupable ou non, le sort d'un bagnard n'était guère enviable)
Mais le jugement (deux fois soumis à la chambre criminelle de la cour de cassation qui, malgré une intervention de la garde des Sceaux n'a pas jugé bon de la porter à révision) est définitif. Peu de justiciebles de cour d'Assises ont "bénéficié" d'une telle attention!
Faute de faits véritablement nouveaux, je pense pour ma part qu'il est malsain de remuer en permanence ce genre d'affaires.
Qu'un de ces faits survienne (par exemple, la découverte d'un destin mystérieux de Quemeneur) et je serai le premier à souhaiter la révision.
En attendant, la remise en cause perpétuelle de décisions de justice vues et revues ne sont pas bonne pour la sérénité de cette dernière. La justice n'est pas affaire d'opinion dans des "forums" : elle relève de l'âme et conscience exprimée par un jury et des magistrats dans un cadre strictement bordé.
Rédigé par : bernard borghesio ruff | 03 février 2010 à 12:50