Vu en 9,5 mm, format cinéma aujourd’hui disparu, le documentaire sur Rodin réalisé par René Lucot en 1942 et édité par PATHÉ en 1946 sous le numéro de catalogue 4651.
Résumé
En 1840, au 3 rue de l’Arbalète, entre le Panthéon et l’église Saint-Médard, naquit celui qui deviendra le plus grand sculpteur des temps modernes : Auguste Rodin.
Jeune homme, il étudie au Musée du Louvre, la statuaire des Egyptiens et des Grecs et s’exerce à modeler. Rodin a aussi la passion du dessin et fait des croquis même pendant ses repas. Admiratifs, ses camarades le poussent à se présenter à l’école des Beaux-arts. Trois fois de suite, il y est refusé. Sans se décourager, il continue à sculpter et, en 1864, il envoie au salon un véritable chef-d’œuvre : le buste de Bibi, palefrenier du marché aux chevaux. La figure est refusée. Placé comme apprenti chez un ornemaniste, Rodin admire Carpeaux dont le groupe de la Danse, à l’Opéra, constitue le chef-d’œuvre (visible au Musée d’Orsay, Paris 7e).
Sa sœur unique, qui est entrée au couvent, y meurt. Très pieux également, Rodin décide d’entrer dans un cloître. La Congrégation des Pères du Saint-Sacrement l’accueille sous le nom de frère Augustin. Mais Rodin a des mains qui ne sont pas faites pour la prière : elles brûlent du désir de créer. Un bienheureux père lui demande de faire son buste et le persuade de quitter le couvent. En 1874, le buste de Bibi, sous le nom de Monsieur B… est finalement accepté au salon.
Trois ans plus tard, il entreprend sa première grande œuvre : L’âge d’Airain. La surprise que cause au salon la merveilleuse statue est telle que l’artiste est accusé de l’avoir moulé… sur un corps vivant ! La critique qui répand cette calomnie, fait connaître enfin le nom de Rodin. L’Etat achète l’œuvre et lui commande une porte monumentale, destinée au futur Musée des arts décoratifs. La Divine Comédie de Dante, que Rodin relit si souvent, lui inspire l’œuvre de sa vie : La Porte de l’Enfer. Les 200 figures que comporte cette porte constituent un monde dans lequel Rodin ne cessera de puiser. Il en détache Le Penseur (son œuvre la plus célèbre), Le Baiser, Ève, etc.
La ville de Calais charge Rodin de glorifier ses six bourgeois s’offrant au vainqueur pour sauver leur ville natale. Chacun des personnages traduit par le geste, le mouvement, l’expression des mains, le sacrifice qu’il fait de son existence.
La Société des gens de lettres commande à Rodin la statue de Balzac. Cette œuvre heurte tous les préjugés, mais la Société des gens de lettres eut beau refuser la statue, elle finit par s’imposer, pour la plus grande gloire des deux maîtres. Un tel génie semblait défier la mort ; pourtant, ces mains créatrices de grands chefs-d’œuvre cessèrent de vivre le 17 novembre 1917. Selon son souhait, Rodin fut enterré dans sa propriété de Meudon, sous le bronze du « Penseur ».
Commentaire
La vie et l’œuvre de Rodin (1840-1917), de sa naissance dans le 5e arrondissement de Paris à son apogée, sont ici minutieusement relatés. Merveilleuse photographie noir et blanc soulignant le moindre des détails et la beauté des sculptures du maître. Présentation du chef-d’œuvre de sa vie : la Porte de l'Enfer, de laquelle il a extrait la plupart de ses créations : le Penseur, le Baiser, l'Homme qui marche, Saint Jean Baptiste. La genèse de son Balzac, ses bustes, ses dessins…
Les inventions formelles de ce génie ont marqué son époque, préfigurant l’art moderne. Son processus créatif va en effet mettre en avant des caractéristiques saisissantes qui ont fortement imprégné ses recherches, comme l’expérimentation, le travail en série, la perpétuelle mutation des formes.
Texte et photos prises à l’écran : S. Moroy
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