Les café dans l'ancien canton de Claye, Villevaudé
« Gargote, bistrot, troquet, boui-boui, zinc, café, bar, brasserie, pub.... Autant de vocables qui inspirent une nostalgie bienveillante à ceux qui les ont fréquentés » : c’est ce qu’on peut lire dans la préface de ce livre édité en 2017 par la SHCE, les pages concernant Villevaudé étant signées Monique Mazoyer, trésorière de la bibliothèque de la Roseraie.
Les registres paroissiaux du XVIIIe siècle font mention des premiers cabaretiers à Villevaudé : En 1757, c’est la famille LACROIX dont on retrouve le descendant Pierre Antoine LACROIX cabaretier et vigneron pendant la révolution en 1792. Ces mêmes registres indiquant que pendant tout le XIXe siècle, la majorité de la population est constituée de vignerons, c’est tout naturellement que le premier commerce que l’on trouve à l’entrée du bourg de Villevaudé, au début de la Grande Rue, face au château de Bizy, est un café-restaurant où les vignerons aiment se retrouver.
En 1906, par arrêté préfectoral, la commune de Villevaudé est déclarée phylloxérée.
Malgré l’aide de la mairie pour acquérir des plants américains, le phylloxéra aura raison des vignerons et des vignobles qui disparaitront au cours des années suivantes.
Deux maisons plus loin, à la même époque, se trouve « LE RENDEZ-VOUS des CHEVALIERS de L’ARC » tenu depuis 1898 par Léon Eugène DESCHAMPS, cabaretier. Sa femme, Eugénie Deschamps, tient l’épicerie-charcuterie.
Les archers se réunissent dans ce café. En 1912, la compagnie, créée depuis 1821, est composée de huit membres, le capitaine se nomme HOUBERT et le roi est A. NICLOT.
Un seul débitant de tabac étant autorisé dans une commune, se succèdent Claude Guillaume MAGDELAIN, charron et épicier à Villevaudé, dit « marchand de tabac » en 1850, Marie Alexandre ACHE marchand de vins à Villevaudé, nommé « débitant de tabac » en 1866, puis son fils Hippolyte en 1881, Etienne DUPEYRIX, cabaretier en 1896 et sa veuve Marie COSTEROTE en 1901.
Monsieur et Madame Deschamps cèdent le café restaurant, en 1921, à M. VOITEMPS, puis à M. LEROUX jusqu’en 1926.
A partir de 1927, cet hôtel-restaurant « A LA HALTE DES TOURISTES », est tenu par M. GAMBIER. On remarque sur cette carte postale le poteau électrique, l’électricité est arrivée dans la commune depuis peu (vers 1924). Déjà présente sur les cartes postales précédentes de la maison Deschamps, « la carotte » figure en bonne place, elle est obligatoire depuis 1906 pour indiquer un bureau de tabac.
En 1931, Monsieur Boldi MENDI et sa femme Louise achètent à Monsieur GAMBIER le fonds de commerce. Ils ont deux enfants. Leur fils Jean se marie en 1944 avec Jeanine Champion. Le couple travaille et habite dans ce café. Au décès de Boldi MENDI, en 1951, sa femme Louise poursuit le commerce qu’elle gardera jusqu’à sa mort en 1976. Leur petite-fille Jacqueline et son mari André CHOPELIN reprennent le commerce au décès de la grand-mère Louise puis ferment définitivement en 1978.
Le commerce comprend une salle de restaurant et une salle de bal au rez-de-chaussée. Le billard est dans une salle au premier étage ainsi que les chambres des propriétaires et quatre chambres de pensionnaires qui restaient parfois plusieurs années.
La maison MENDI fait aussi épicerie, cabine téléphonique, dépôt de pains et vend même des médicaments (Kalmine et Aspirine). Elle tient un débit de tabac (le seul autorisé à Villevaudé, les autres cafés revendent les paquets à condition d’être estampillés « MENDI »). C’est là qu’arrivent les télégrammes qui sont distribués aux particuliers.
Le commerce est prospère. La semaine, les ouvriers qui travaillent à la Centrale électrique viennent prendre leur déjeuner ainsi que les familles qui rendent visite aux malades du Sanatorium, château du Poitou. Le dimanche, les Villevaudéens viennent danser, Boldi Mendi ayant auparavant enduit le sol de paraffine. Il joue de la musique tzigane sur son cymbalum (instrument de musique hongrois).
Pendant la seconde guerre mondiale, surtout en 1940 et 41, les soldats et officiers allemands installés en face, au château de Bizy, viennent boire au café et dîner au restaurant. Les officiers surveillaient leurs soldats et veillaient à ce qu’ils aient payé l’addition. Au début de l’occupation, les Allemands sont venus arrêter Boldi Mendi pour cause de trafic de tabac. Son épouse Louise qui est une maîtresse femme qui ne se laisse pas faire, a voulu être emmenée à sa place, elle fut incarcérée trois jours.
Dans les années qui ont suivi la guerre, il n’est pas rare de faire 100 couverts par jour. La cuisinière est Mme Chéron qui habite dans la Grande Rue. Il y a aussi une employée de maison qui dort à l’étage dans une chambre de bonne.
L’été, le service se prolonge jusque dans le jardin, sous la tonnelle. Eux mangent souvent installés sur une table sur le trottoir dans la rue. Ils peuvent ainsi surveiller les clients qui arrivent. On est loin de la circulation actuelle !
Les produits proposés sont locaux. La charcuterie est achetée chez William-Saurin à Lagny.
Les légumes et produits frais viennent des agriculteurs de Villevaudé.
Le boulanger de Claye passe pour livrer le pain.
Dans les années 1950, les jeunes viennent au bal à bicyclette, de Courtry, de Villeparisis, du Pin ou de Claye. Ils dansent au son de l’accordéon joué entre autres par Raymond Giovanni. C’est 2 francs l’entrée du bal. Pas question de « resquiller », la grand-mère Louise y veille !
Les grandes surfaces n’existent pas et le petit vin de Montjay ne se fait plus alors les Villevaudéens viennent prendre l’apéritif et se retrouver au café.
Ils font aussi les mariages, les baptêmes, les communions et le lundi il y a le coiffeur.
Le soir, il y a cinéma jusque vers 1962. Dans la salle de bal, on monte l’écran sur l’estrade. Puis « la télévision publique » est installée et les enfants viennent la regarder le jeudi, jour de repos hebdomadaire pour les écoliers jusqu’en 1972.
Les « Anciens » de Villevaudé se souviennent aussi de la « VIEILLE AUBERGE »[ au niveau 47 de la Grande Rue tenue par M.et Mme BAHEUX jusque dans les années 1970-1975.
C’est le rendez-vous des chasseurs mais aussi de nombreux Villevaudéens ont fait leur repas de noces ou de baptême de leurs enfants dans ce restaurant. Mme Baheux tient le restaurant et l’épicerie pendant que son mari fait du commerce ambulant. Il est connu dans tout Villevaudé car il passe avec son camion dans les trois hameaux et vend de tout. Il suffit de lui demander ce que l’on désire, il le livre quelques jours suivants que ce soit de la nourriture, de la mercerie ou de l’outillage.
Précédemment cette auberge est tenue par M. MURATET dans les années 1935-38.
Entre 1930 et 1933 le commerce se dénomme « Hôtel SOURIAUX » du nom de son propriétaire. C’est à la fois un café, une épicerie et une mercerie. L’été, des tables sont installées dehors avec parasols comme on peut le voir sur la carte postale.
De 1913 à 1930, différents aubergistes se succèdent :
De 1906 à 1914, Léon GOIX y est marchand de vins, sa femme Marthe Brulfert tient l’épicerie. Sur les inscriptions, on lit TABAC mais il n’y a pas de carotte car il est seulement revendeur. Léon Goix, blessé à la guerre, décède en 1918.
En descendant la Grande Rue, à peu près à mi- pente, un café-épicerie prend le nom « A. NICLOT » dans les années 1910
Mme Julie NICLOT, née Brice, que l’on voit sur le pas de sa porte, tient le café et l’épicerie jusque dans les années 1940.
Son mari Arsène Niclot, entrepreneur de maçonnerie, décède le 2 février 1915, à Villevaudé, des suites de maladie contractée quand il était militaire pendant la guerre, en 1914.
Déjà en 1872, Jean Auguste NICLOT, l’oncle d’Arsène, était dit « marchand de vins » et sa femme Julie BESNIER épicière, tint le commerce jusqu’en 1898.
En 1946, M et Mme BRISVILLE achètent le café et le cèdent à leur fille Paulette et à son mari Léon WOJCIECHOWSKI.
Le café devient « CHEZ PAULETTE ».
Le commerce fait aussi épicerie. Ils vendent le lait de la grande ferme de Villevaudé, celle de M. Legrand puis de M. Courtier.
Léon dit « Tzigane » livre à domicile avec sa charrette accrochée à son vélo.
Paulette ferma définitivement le commerce en 1997.
Villevaudé vit ainsi la fermeture du dernier de ses quatre cafés.
Nous nous retrouverons dans une prochaine note pour évoquer les cafés de Montjay et Bordeaux.
Cet ouvrage est disponible à la bibliothèque.
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