Le 28 février 2011, Annie Girardot décédait âgée de 79 ans à l’hôpital Lariboisière, à Paris. L’actrice souffrait depuis plusieurs années de la maladie d’Alzheimer, révélée au public par sa famille en 2006 et dont elle était devenue un symbole, après avoir accepté de se faire filmer pour le documentaire « Ainsi va la vie » de Nicolas Beaulieu, diffusé le 21 septembre 2008 sur TF1. Un documentaire bouleversant. Il fallait du courage pour le tourner, et encore plus pour prendre la décision de le montrer aux téléspectateurs. Ainsi, j’ai été frappé par le drame quotidien enduré par Annie que l’on voit constamment aidée et sollicitée par ses proches pour recouvrer quelques bribes de sa mémoire craquelée.
Le diagnostic de sa terrible maladie avait été établi en 200. Et elle le connaissait. Certes, Annie Girardot n’est pas n’importe qui. Actrice préférée des Français, elle fut une véritable icône cinématographique, avec 50 ans de carrière et 217 films à son actif. Et quels films ! Elle a donné la réplique à Serrault, Blier, Galabru, Gabin, Delon, Noiret, De Funès, Piccoli, Cassel, Meurice, Ventura, etc. ; sous la direction de réalisateurs talentueux : Delannoy, Grangier, De Broca, Giovani, Zidi, Decoin, Lelouch, Jessua, Molinaro, Cayatte, Audiard… Souvenez-vous : le 2 mars 1996 au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris, elle remerciait le public un César qu’on lui avait décerné (meilleur second rôle féminin dans « Les misérables » de Lelouch) après une (trop) longue absence devant les caméras. Elle avait pris la parole, émue : « Je ne sais pas si j’ai manqué au cinéma français, mais à moi, le cinéma français a manqué, follement, éperdument, douloureusement. Votre témoignage, votre amour me font penser que peut-être – je dis peut-être – je ne suis pas encore tout à fait morte ».
Le malaise que l’on éprouve devant ce documentaire provient du fait que l’on ne s’attend pas à voir Annie Girardot incarner ce rôle de malade, dans ce qui semble être, hélas, sa dernière prestation devant une caméra. Car, que reste-t-il de quelqu’un qui perd tous ses repères et oublie ce qu’il est ? N’est-ce pas déjà une mort avant l’heure quand l’esprit a foutu le camp ? Imagines poignantes d’une grande actrice de 77 ans qui récite son texte à l’aide d’une oreillette dans laquelle on le lui souffle.
Non, je ne veux pas garder cette image d’elle. Je me replonge dans ses films. Drôles, joyeux, vifs et nerveux, parfois graves, avec ce sens de la répartie qui la définissait si bien. C’est de cette Annie là dont je veux me souvenir. Du moins, vais-je essayer car c’est comme cela que je l’aimais.
S. Moroy
LA MÉMOIRE DE MA MÈRE
GIULIA SALVATORI
MICHEL LAFON
- Maman, tu n'es vraiment pas gentille avec moi ! Un frisson m'a parcourue. Elle faisait des mots croisés sur la table de la cuisine et c'est à moi, sa fille, qu'elle s'adressait ainsi. Dehors resplendissait le ciel toujours bleu de Sardaigne... - Comment m'as-tu appelée ? - Maman, pourquoi ? - Mais maman... C'est toi ma maman !
Depuis cette scène, avec amour, Giulia Salvatori accompagne sa mère sur les sables mouvants et arides du désert d'Alzheimer, où affleurent pour elle les souvenirs intimes du passé d'Annie Girardot.
Dans ce livre, Annie Girardot est telle que nous ne l'avons jamais vue.
Sa fille, Giulia, raconte sa mère : ses débuts, ses rencontres, ses amours, sa tendresse et puis, dans les années 1990, les premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer...
Au-delà du cri d'amour d'une fille à sa mère, Giulia Salvatori nous offre un témoignage sensible et émouvant ; un soutien pour tous ceux qui sont confrontés à cette maladie.
Ainsi va la vie de Nicolas Beaulieu.
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