Hervé Guibert est décédé le 27 décembre 1991, victime du sida à l’âge de 36 ans.
Il a été un écrivain prolixe, mais aussi un journaliste et photographe renommé. Il apprend sa séropositivité en 1988 et va l’annoncer dans un roman autobiographique publié en 1990 chez Gallimard, et qui sera son œuvre la plus connue du public : « A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie ».
Dans celui-ci, il révèle de façon frappante le combat qu’il mène au quotidien contre la maladie, ainsi que le cruel espoir qu’il nourrit d’être guéri grâce à un traitement miraculeux élaboré aux Etats-Unis.
« De même que je n'avais avoué à personne, sauf aux amis qui se comptent sur les doigts d'une main, que j'étais condamné, je n'avouai à personne, sauf à ces quelques amis, que j'allais m'en tirer, que je serais, par ce hasard extraordinaire, un des premiers survivants au monde de cette maladie inexorable. »
Mais hélas le remède miracle n'existe pas.
Au-delà d'un témoignage poignant et dramatique sur le sida, l'amitié et la mort, ce roman frappe par la force et la beauté crue de son écriture et où se dressent à chaque page une rage de vivre et une violence à peine contenue.
Quand j'ai découvert son roman, en 1991, je l'ai lu d'une traite car la grande force d’Hervé Guibert est peut-être, finalement, de nous faire réagir.
S. Moroy
A L'AMI QUI NE M'A PAS SAUVÉ LAVIE
HERVÉ GUILBERT
GALLIMARD
Premier tome d'une trilogie autobiographique consacrée au sida.
J'ai eu le sida pendant trois mois.
Plus exactement, j'ai cru pendant trois mois que j'étais condamné par cette maladie mortelle qu'on appelle le sida.
Or je ne me faisais pas d'idées, j'étais réellement atteint, le test qui s'était avéré positif en témoignait, ainsi que des analyses qui avaient démontré que mon sang amorçait un processus de faillite.
Mais, au bout de trois mois, un hasard extraordinaire me fit croire, et me donna quasiment l'assurance que je pourrais échapper à cette maladie que tout le monde donnait encore pour incurable.
De même que je n'avais avoué à personne, sauf aux amis qui se comptent sur les doigts d'une main, que j'étais condamné, je n'avouai à personne, sauf à ces quelques amis, que j'allais m'en tirer, que je serais, par ce hasard extraordinaire, un des premiers survivants au monde de cette maladie inexorable".
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