ADRIEN BORNE
JC LATTÈS
Premier roman
Ce 9 juin 1936, Émile a vingt ans et il part pour son service militaire. C’est la première fois qu’il quitte la magnanerie où étaient élevés les vers à soie jusqu’à la fin de la guerre. Pourtant, rien ne vient bousculer les habitudes de ses parents. Il y a juste ce livret de famille, glissé au fond de son sac avant qu’il ne prenne le car pour Montélimar.
À l’intérieur, deux prénoms. Celui de sa mère, Suzanne, et un autre, Baptistin. Ce n’est pas son père, alors qui est-ce ? Pour comprendre, il faut dévider le cocon et tirer le fil, jusqu’au premier acte de cette malédiction familiale.
Ce premier roman virtuose, âpre et poignant, nous plonge au cœur d’un monde rongé par le silence. Il explore les vies empêchées et les espoirs fracassés, les tragédies intimes et la guerre qui tord le cou au merveilleux. Il raconte la mécanique de l’oubli, mais aussi l’amour, malgré tout, et la vie qui s’accommode et s’obstine.
Tout au long de sa carrière de journaliste, Adrien Borne a volé du temps pour l’écriture et n’a jamais oublié sa Drôme.
Juin 1936, Emile part faire son service militaire, avant son départ sa mère glisse dans son sac le livret de famille « c’est pour l’armée,» il découvre que son père est Baptistin, dont on ne lui a jamais parlé et non pas Auguste qu’’il a toujours connu et appelé Papa. Quel est ce mystère ? et pourquoi ?
Baptistin et Suzanne se sont rencontrés dans l’église de Taulignan, l’église de l’orphelinat où Suzanne a été abandonnée par ses parents, Baptistin vient y vendre ses cocons de vers à soie pour l’atelier de filature où travaillent les pensionnaires dont Suzanne. Elle a 18 ans lui 21 il l’emmène chez lui avec le projet d’un mariage, mais il est mobilisé, le mariage se fera par procuration, une courte lune de miel lors d’une permission en 2016. La fin de la guerre en 2018, l’euphorie générale, Baptistin n’en profitera pas, il meurt de la grippe espagnole avant de rentrer chez lui, il ne verra jamais son fils.
La Mère libèrera sa haine contre la magnanerie et contre Suzanne. C’est Auguste qui deviendra le chef de famille qu’Emile appellera Papa...Plus rien ne subsiste de Baptistin, ni ses vêtements, ni la magnanerie, tout a brûlé dans un incendie... alors il vaut mieux tourner la page.
Très beau roman, très poignant. Mon appréciation 4/5
Rédigé par : Annie G | 06 novembre 2020 à 14:41