Laurent de Brunhoff, aquarelle originale pour Babar et ce coquin d’Arthur, p. 4-5, 1946
A Chessy (Seine-et-Marne), un soir d’été 1930, Cécile de Brunhoff raconte à ses deux enfants, Laurent et Mathieu, l’histoire d’un éléphanteau qui s’enfuit de la jungle après qu’un chasseur a tué sa maman. Il se réfugie en ville où il s’habille comme un homme, avant de revenir plus tard en voiture dans la jungle pour y apporter les enseignements de la civilisation humaine. Il sera alors couronné roi des éléphants.
Cette histoire aurait pu rester anonyme, mais les enfants la racontent à leur tour à leur père, Jean de Brunhoff. Comme ce dernier est peintre en aquarelle, la suite s’enchaîne logiquement et « Histoire de Babar » paraît en 1931 aux éditions du Jardin des modes.
Succès immédiat. Aujourd’hui, avec 13 millions d’exemplaires vendus, Babar est traduit en 27 langues et s’exhibe sur de multiples supports, notamment dans l’univers du jouet où il représente l’une des licences françaises les plus importantes.
Grâce à Laurent de Brunhoff, 95 ans, les aventures de l’éléphanteau se poursuivent encore de nos jours, pour la plus grande joie des enfants. Peintre lui aussi, Laurent a repris les personnages inventés par son père, décédé en 1937. Il en a intégré de nouveaux et en a profité pour agrandir la famille.
« En 1945, je me suis installé à Montparnasse. J'étais fasciné par la peinture abstraite. Mais il y avait Babar. J'étais persuadé qu'il devait continuer à vivre. J'ai alors dessiné l'album, Babar et ce coquin d'Arthur. Ma mère était très heureuse, l'éditeur était ravi. Mes deux frères avaient leur vie. Je ne me suis jamais demandé pourquoi moi. Je l'ai fait très naturellement » explique-t-il en décembre 2011, dans une interview consacrée au Figaro.
Babar, ami fidèle des enfants, ne les a jamais trahis en quoi que ce soit. Il porte toujours son éternel costume de couleur verte et promène sa placide bonhomie souveraine. Ce héros anthropomorphe de notre plus tendre enfance méritait à juste titre son inscription dans notre patrimoine culturel. Outre ses albums d’aventures, des jouets à son image et des dessins animés ont été créés.
L’illustre et alerte pachyderme, qui a traversé le temps sans une ride ni un rhumatisme, est devenu entre-temps grand-père d’un petit Badou dans la série 3D intitulée « Babar, les aventures de Badou ». Bon sang ne saurait mentir.
S. Moroy
Photo: « Mariage et couronnement du roi Babar et de la reine Céleste », aquarelle extraite d'Histoire de Babar, le petit éléphant (1931).
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