Première apparition au château de Moulinsart (Cheverny) en 1943 dans "Le secret de la Licorne"
Né en 1929 et malgré son grand âge, le reporter du Petit Vingtième est indémodable. Il a traversé le temps avec succès, d’abord en BD puis en films fixes, marionnettes, dessins animés, films avec acteurs, sans acteurs et même en 3D (Le secret de la Licorne, 2011).
Hergé, anagramme de son vrai nom Georges Rémi (1907-1983), a été bercé dans sa jeunesse par le cinéma muet et les films burlesques américains. Pas étonnant, du coup, que ses bandes dessinées adoptent un découpage résolument cinématographique, avec des scénarios comportant des courses-poursuites en voitures, des gags en tous genres, dignes de Buster Keaton ou de Laurel et Hardy, avec toujours énormément d’action et de rebondissements rappelant le style de Hitchcock.
Immortalisé grâce à la fameuse « ligne claire » chère à Hergé, héros de vingt-quatre albums traduits dans le monde entier, le premier datant de 1930 et le dernier de 1986, Tintin a réussi l'exploit de captiver quatre générations. A ce titre, il demeure incontestablement l’un des personnages les plus célèbres du monde de la bande dessinée, en même temps que l’archétype absolu du journaliste enquêteur.
Star de cinéma
De nombreux cinéastes se sont inspirés des aventures de Tintin, avec plus ou moins de bonheur : Podalydès, Resnais, Polanski, Jeunet, de Broca, Poiré, Sfar... Et si le personnage d’Indiana Jones a un petit air de ressemblance avec Tintin (la houppette en moins, le chapeau et le fouet en plus), Spielberg affirme pourtant ne pas avoir eu connaissance de l’existence de l’œuvre d’Hergé lors de la création de son intrépide professeur-archéologue.
La toute première adaptation de Tintin date de 1947, réalisée par Claude Misonne avec des marionnettes en chiffon (Le crabe aux pinces d’or, 1947), présentait un charme attachant.
Pourtant, force est de reconnaître que les aventures du jeune reporter belge n’ont jamais été bien adaptées à l’écran. Tintin et le mystère de la Toison d’or (J-J Vierne, 1961) et Tintin et les oranges bleues (Philippe Condroyer, 1964) ne sont pas des grandes réussites cinématographiques, bien que l’interprétation de l’instituteur Jean-Pierre Talbot (son vrai métier) ne soit pas dénuée d’intérêt et qu’il ait été, finalement, le seul et unique Tintin en chair et en os jamais porté à l’écran.
Quand Bébel a mouillé la chemise
Mais le seul hommage vraiment digne de Tintin au cinéma a été sans conteste L’homme de Rio (1964), film de Philippe de Broca conduit tambour battant par un Jean-Paul Belmondo en pleine forme. En plus de la « French touch », les références à l'œuvre de Hergé sont nombreuses et, pour une fois, plutôt heureuses. Inspiré très librement des aventures du reporter, le film regorge d’action, d’humour, d’exotisme, de mystère, et se déguste comme une bande dessinée, fluide et limpide.
Serge Moroy
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