Lagny-sur-Marne, ville de Seine-et-Marne, à 30 km de Paris, s’est illustrée par le passage de Jeanne d’Arc à la tête de ses troupes pendant la guerre de Cent-Ans. Celle-ci opposa, de 1337 à 1453, la dynastie des Plantagenêt à celle des Valois et, donc les royaumes d’Angleterre et de France.
Dans le centre-ville de Lagny se trouve l’église Notre-Dame-des-Ardents, une abbatiale du XIIIe siècle, classée monument historique en 1886, et dans laquelle serait cachée, selon une légende tenace, l’épée de Fierbois, l’une des deux épées de Jeanne d’Arc.
« Envoyez-là quérir, Sire »
Partie de sa Lorraine natale pour sauver le roi de France, Jeanne d’Arc arriva en mars 1428 à Chinon (Indre-et-Loire). « Mes voix m’ont révélé que Dieu a voulu choisir l’épée qu’il me destine. Elle repose dans la chapelle de Fierbois. Envoyez-là quérir, Sire. On la reconnaîtra à cinq petites croix qui sont gravées près de la garde. Elle se trouve près de l’autel » aurait-elle déclaré à Charles VII.
Bien que rouillée, mais telle qu’elle avait été décrite, l’épée fut en effet trouvée à l’endroit indiqué dans l’église de Sainte-Catherine-de-Fierbois. Il semblerait que ce soit en fait celle de Charles Martel, qui avait vaincu les Arabes à Poitiers, en 732.
Jeanne est venue trois fois à Lagny
En mai 1429, Jeanne d’Arc mène ses premiers combats et environ 10 000 hommes libèrent Orléans assiégée par les Anglais. Mais, après l’échec de l’assaut sur Paris, Jeanne se replie le 12 septembre 1429 à Lagny-sur-Marne, « ville fortifiée et hospitalière », avant de repartir vers la Loire. Elle y revient pourtant le 6 avril 1430, à la tête de deux-cents soldats, « pour ce que ceux de la place faisoient bonne guerre aux Anglois ».
Au cours de sa deuxième visite, Jeanne, très pieuse, se joint à des prières dans le chœur de l’église Notre-Dame-des-Ardents pour un nourrisson déclaré mort depuis trois jours. Dans ses bras, le bébé baille trois fois, juste le tempsde le baptiser. On parle alors du « miracle de Lagny ».
Jeanne part ensuite vers Melun, toujours en Seine-et-Marne, mais revient encore à Lagny, le 23 avril, pour engager un combat dans les plaines de Vaires-sur-Marne contre Franquet d’Arras, un chef de bande bourguignon allié des Anglais, ces ennemis tant détestés. Vaincu, ce dernier doit, comme il est alors de coutume remettre son épée à Jeanne. Vers le 5 mai, Jeanne part cette fois pour Compiègne (Oise) afin de libérer la ville assiégée. Le 23 mai, elle est capturée par les Bourguignons qui vont la livrer aux Anglais et elle connaîtra la fin tragique que l’on sait, le 30 mai 1431.
Malgré la disparition de la jeune héroïne de 19 ans, le cours de la guerre tournera finalement en faveur du roi car « la pucelle d’Orléans » a insufflé un patriotisme qui faisait jusqu’alors défaut. En 1435, Paris sera repris aux Anglais et, quelques années plus tard, ces derniers seront enfin « boutés hors du royaume de France » et conserveront que le port de Calais.
L’épée de Fierbois serait-elle cachée dans l’abbatiale ?
Une légende, qui a la vie dure, prétend que l’épée de l’héroïne serait cachée dans l’église Notre-Dame-des-Ardents. Le 3 mars 1431, lors de son procès à Rouen, Jeanne est interrogée sur ses armes. Elle répond avoir conservé l’épée de Franquet d’Arras et offert la première à l’abbaye de Lagny.
L’épée serait donc peut-être cachée dans un souterrain, une crypte voire un pilier de l’édifice religieux.
Le chanoine Jager (1879-1965) se fit le champion de l’idée que cette arme était bel et bien restée à Lagny. A tel point qu’après des consultations de radiesthésistes et de sourciers, il alla même jusqu’à promettre une récompense à quiconque retrouverait la fameuse épée.
Mais des historiens ont nuancé. Un frère de Jeanne aurait été en possession de la mythique épée après sa mort puisqu’il était chargé de veiller sur les biens de sa sœur. Certains l’auraient même aperçue à Jérusalem, pendant les croisades
Deux épées : une seule statue
De nos jours, la statue de Jeanne d’Arc, érigée derrière le chevet de l’abbatiale, est le seul monument à la représenter avec les deux épées à la main. Réalisée en 1922, elle est l’œuvre du sculpteur Armand Roblot et sera inaugurée le 13 mai 1923.
Béatifiée en 1909 puis canonisée le 16 mai 1920 par Pie X, Jeanne d’Arc est devenue l’une des quatre saintes patronnes secondaires de la France et sa fête nationale a été fixée au deuxième dimanche de mai.
Jeanne d’Arc et Lagny au cinéma
Le premier film ayant pour héroïne Jeanne d’Arc date de 1898. Dans un film de Victor Fleming de 1948, Ingrid Bergman incarne Jeanne d’Arc, mais la ville de Lagny n’y est pas évoquée. En 1953, dans le film « Destinées » signé Jean Delannoy, Michèle Morgan interprète Jeanne au moment où le nourrisson est ressuscité. Les films ont été tournés en studio, mais les deux actrices souhaiteront plus tard connaître l’église de Lagny-sur-Marne
Par ailleurs, seul un film soviétique réalisé en 1970 (Le début, de Gleb Panfilov) a fait mention à ce jour de Franquet d’Arras, le chef bourguignon, vaincu par Jeanne, qui combattait pour les Anglais. S Moroy
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