La SNCF envisage de céder la maison de retraite dans le courant de l’année. Le projet est-il vraiment sur les rails et que deviendraient alors ses 48 pensionnaires et 32 salariés ? Un comité de défense s’est créé pour le maintien de l’établissement.
La SNCF est propriétaire d’un terrain arboré de 16 hectares sur Villevaudé. Le château du Poitou, érigé à la fin du XIXe siècle, lui aurait été donné à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Suite à la loi d’adaptation de la société au vieillissement (ASV) de décembre 2015, qui impose de nouvelles obligations aux EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), la SNCF a décidé d’orienter sa politique d’action sociale vers le maintien à domicile. Elle se désengagerait ainsi progressivement de la gestion de ses quatre EHAPD sur le territoire national, dont deux en Île-de-France : Neuilly-sur-Marne et Villevaudé.
Bâtiment non conforme
Lors d’une réunion organisée le 15 novembre à la maison de retraite, Damien Bouillard, responsable national des pensionnés à l’action sociale de la SNCF, a annoncé que « le bâtiment ne répondait plus aux normes ». Un rapport de septembre 2016 soulignait « l’absence de douche dans les chambres et une accessibilité insuffisante pour les personnes à mobilité réduite ; le deuxième étage du château fermé pour des raisons de sécurité et la structure du bâtiment annexe (construit en 1981) difficile à transformer à cause des murs porteurs et coûteuse à démolir ».
Le même rapport conclut que « l’EHPAD de Villevaudé nécessite d’importants travaux à réaliser à court terme et estimés au minimum à 1,6 million d’euros pour les seuls besoins de mise aux normes. L’entretien du parc est coûteux. Le site est contraint en matière du droit de l’urbanisme et dans un secteur soumis au risque de mouvement de terrain (ancienne carrière souterraine) ».
La résidence du château du Poitou n’effectue plus d’admission et compte actuellement 32 salariés pour 48 résidents. Fin mai 2016, leur nombre était de 57.
Idem à Neuilly-sur-Marne
Une cessation d’activité de la maison de retraite l’Oasis, à Neuilly-sur-Marne (93), serait également programmée. Elle emploie vingt salariés pour neuf résidents, alors que la structure peut en héberger vingt-trois. Fin mai 2016, leur nombre était de quinze, les admissions ayant été stoppées en 2015.
Un comité de défense créé
A l’annonce de la nouvelle, les familles des résidents et les personnels ne sont pas restés inactifs. Le 7 janvier, ils ont constitué un comité de défense des maisons de retraite de Villevaudé et de Neuilly-sur-Marne. « La nouvelle a provoqué un véritable malaise chez un grand nombre des résidents et les personnels sont inquiets. La SNCF ne communique pas, mais elle est prête à payer la différence dans une maison de retraite privée » confie Evelyne Baghli.
Sa mère, Yvonne, 88 ans, souffre de cécité et réside à Villevaudé depuis février 2016. Elle ferait partie des dernières personnes admises dans l’établissement. « Elle vit mal la situation, d’autant qu’elle s’est parfaitement intégrée et connaît tout le personnel qui est au top niveau. Jamais les résidents ne retrouveront l’équivalent en termes de qualité dans une maison privée ». Les membres du comité sont d’autant plus remontés qu’ils ont appris que le fonds de l’action sociale de la SNCF était doté de 30 millions d’euros.
« On ira jusqu’au bout »
« La direction de la SNCF met en danger la santé psychologique des résidents, c’est de la maltraitance. Nous voulons assurer le confort et la continuité des résidents à la maison de retraite de Villevaudé » martèle Evelyne. Elle rappelle la qualité des services pour un prix forfaitaire de 85 % de la retraite (ou pension de réversion), quelle qu’elle soit. Le comité a saisi le ministère de la Santé et des élus, dont le député Yves Albarello et les maires de Neuilly-sur-Marne et Villevaudé. Une pétition circule sur internet et une réunion sur les actions à venir se tiendra après les vacances de février.
Contactée hier, lundi 6 février, Brigitte Patinote, directrice simultanée de la résidence du château du Poitou et de l’Oasis, est restée vague, confirmant cependant « qu’il y avait effectivement un projet, mais que rien n’était encore décidé ». Elle a reçu plusieurs familles inquiètes à qui elle a délivré la même information. En revanche, elle n’a rien révélé sur le sort réservé aux pensionnaires et salariés pour le cas où « le projet » aboutirait.
Contact : [email protected]
A l'occasion de la commémoration du centenaire de la guerre 14-18, des documents inédits concernant le château du Poitou sont à découvrir à la bibliothèque de la Roseraie.
Le livret est consultable sur place ou disponible à la vente au prix de 10€
Avant d'être une maison de retraite, le château était un sanatorium, centre de soins SNCF
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