En tête du cortège, Arthur et Lucie, frère et sœur d’Estelle, Eric Mouzin, Didier Seban et Sophie Renon.
Depuis la disparition de sa fille, le 9 janvier 2003, Éric Mouzin organise, chaque année à la même date, une marche blanche en sa mémoire. Samedi 7 janvier, malgré un thermomètre à 0 degré, ils étaient une soixantaine à défiler.
Là où vivait Estelle
Le cortège s’est formé devant la boulangerie, place du Temps-perdu, où Estelle a été aperçue pour la dernière fois. Toujours fidèles au rendez-vous, Antoine et Francine sont là. Ils sont tous deux âgés de 58 ans et sont venus de Coubert. Antoine tient un bouquet de fleurs, toutes de couleur blanche : chrysanthèmes de Tokyo, lys et roses. « Nous sommes adhérents de l’association depuis le début et n’avons jamais manqué une seule marche. Nous avons un fils de 36 ans et une petite-fille qui aura 9 ans l’année prochaine, le même âge quand Estelle a disparu » confie Francine.
Les participants, parmi lesquels Denis Marchand, maire de Guermantes (au centre), se sont recueillis devant l’arbre du souvenir planté pour Estelle en 2004.
Le cortège s’est acheminé jusque devant le cerisier du Japon, planté en 2004 au centre du lotissement où résidait la fillette. Il s'y est recueilli sur la diffusion de la chanson écrite en 2003 par Charlélie Couture en sa mémoire.
Entre espoir et dépit
Avant la marche blanche, 38 personnes ont assisté à l’assemblée générale de l’association Estelle-Mouzin. Elle s'est tenue à l’espace Marcel-Proust et se voulait être aussi une réunion publique pour faire le point sur le dossier. « Que pouvons-nous, aujourd’hui, vous dire de plus que l’an dernier ? Rien, si ce n’est qu’il a fallu dix ans à Éric Mouzin pour obtenir que la justice constate la présomption d’absence d’Estelle. Son absence officielle ne pourra être seulement déclarée qu’en 2023 » indique Sophie Renon, présidente de l’association.
« L’espoir se situe dans d’autres dossiers similaires résolus récemment. Il y a parfois des conjonctions favorables qui démontrent que, vingt après, il est toujours possible de résoudre des affaires si des bonnes volontés s’y consacrent » précise Didier Seban, avocat de l’association, dont le cabinet est spécialisé dans les disparitions d’enfants. Il réclame plus de transparence sur les enquêtes judiciaires. « C’est le seul dossier criminel de cette importance où il n’y a aucun procès-verbal de synthèse. C’est un fatras phénoménal et ce n’est pas classé » regrette-t-il.
Une rotation trop rapide
L’affaire représente 36 990 pièces de procédure. Elle a connu six juges, quatre directeurs de la DRPJ de Versailles, sept gardes des sceaux, deux secrétaires d’État chargé des victimes : Nicole Guedj (13 mois) et Juliette Meadal (17 mois). Le dossier a nécessité deux appels de procédure, un appel au civil et une demande de délocalisation du dossier. Toujours selon Éric Mouzin, il faut compter un délai de neuf mois entre deux réunions avec un juge d’instruction.
Disparitions d’enfants : faire bouger les choses
Eric Mouzin avec sa fille Lucie et les deux avocats : Corinne Hermann et Didier Seban.
Créée en mars 2003, l’association Estelle-Mouzin comptait 170 adhérents en 2016 (128 en 2015). Ses recettes s’établissent à 4908 euros pour 3788 euros de dépenses, essentiellement les frais d’avocat. « On se bat pour Estelle, bien sûr, mais aussi pour tous les enfants qui disparaissent chaque année en France. Selon les chiffres du CFPE (Centre français de protection de l’enfance), il y a eu 48 895 disparitions en 2015, dont 405 disparitions de mineurs considérées comme inquiétantes » souligne Sophie Renon, sa présidente. La création d’un groupe de juges spécialisés et le suivi du dossier par un juge unique, figurent parmi les propositions avancées par son association pour traiter plus efficacement les disparitions d’enfants.
Journée de mobilisation fixée au 25 mai
« Nous allons organiser une action de sensibilisation jeudi 25 mai, jour de l’Ascension, afin d'exprimer le ras-le-bol de l’association dans l’absence de progression du dossier au cours de toutes ces années. Bien entendu, vous y êtes tous les bienvenus » a annoncé le père d’Estelle. S. Moroy
Facebook : association Estelle-Mouzin / www.association-estelle.org
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