L’association OSE (Organe de sauvetage écologique) s’est de nouveau mobilisée, dimanche 22 janvier, pour une opération de nettoyage de la décharge sauvage de Saint-Thibault. C’est l’une des plus grandes de France, avec près de 800 tonnes de déchets éparpillés sur quarante hectares.
Créée en 1990, OSE est une association de protection de l'environnement qui organise périodiquement des opérations de nettoyage des berges et milieux naturels en Ile-de-France, mais aussi partout ailleurs. Édouard Feinstein, son président-fondateur, explique. « En tant qu’association écologique, la pollution de la Marne est notre principale préoccupation sur le plan de la salubrité. L’eau polluée infiltre la nappe phréatique et peut causer de graves problèmes pour la santé des habitants alentour ».
Des Roms sont venus aider
Dimanche, à 8 heures du matin, malgré les moins quatre degrés ambiants, une trentaine de bénévoles était à pied d’œuvre. Des adhérents d’OSE, mais aussi des Roms, venus du camp d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), et des volontaires informés via les réseaux sociaux ou des plateformes de bénévolat nature, comme OVS (On va sortir), J’agis pour la planète ou J’agis pour la nature (fondation Nicolas Hulot).
Au cours de ses nombreuses interventions franciliennes, OSE a rencontré plusieurs fois des Roms. Au fil du temps, des liens se sont établis et certains d’entre eux aident dorénavant les écologistes. Madalina Marin représente le parfait exemple d’une reconversion réussie. Âgée de 21 ans, elle réside dans un foyer d’accueil à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) et accompagne l’équipe en tant que traductrice. « Avant, je vivais dans une insalubrité totale. Et puis, il y a dix ans, j’ai rencontré l’association lors d’un nettoyage des berges de la Seine. Aujourd’hui, je ne supporte plus le moindre papier par terre » avoue-t-elle.
Selon Juliette Leroux (à gauche), des entrepreneurs indélicats déposent leurs gravats ici car la déchetterie est payante pour eux.
Les bénévoles sont tombés sur un nombre impressionnant de gaines sans leurs fils de cuivre.
La camionnette-plateau est déchargée dans les quatre bennes installées à l’entrée de l’allée du Grand-Pommeray, à côté de l’usine du Sietrem.
Deux camionnettes étaient pleines de pneus. « Ici, on en trouve partout » confie Boby, jeune Rom venu d’Ivry-sur-Seine pour aider.
Les pneus pullulent sur la décharge sauvage de Saint-Thibault. Et certains sont carrément jetés dans la Marne.
Quatre bennes vite remplies
L'objectif était de remplir les quatre bennes de 15 m3 mises à disposition par Marne-et-Gondoire, devant l’allée du Grand-Pommeraye, face l’usine d’incinération du Sietrem. Une équipe était chargée de nettoyer l’ancien camp rom, qui s’était établi en octobre, à vingt mètre à peine de l’aire d’accueil aménagée par la commune pour les gens du voyage. Employé au magasin Truffaut de Rosny-sous-Bois (93), Julien, 28 ans, est venu d’Aulnay-sous-Bois. « J’ai l’habitude de participer à ce genre d’opération car je suis sensibilisé à la protection de la nature depuis l’âge de 8 ans. C’est la première fois que je viens ici, j’avoue que c’est impressionnant ». A la fin de la matinée, ce sont près de dix tonnes de déchets hétéroclites qui ont rempli les quatre bennes. Veolia a procédé à leur enlèvement le lendemain.
Caddies, plâtre, pneus, branchages…
Des monticules, sombres et compacts, jalonnent les rives de la Marne qui coule non loin du pont autoroutier de la francilienne. On y trouve, pêle-mêle, des pneus, câbles, plastique, plâtre, gravats, branchage, etc. Fabien, bénévole de Noisy-le-Grand (93), s’acharne à extirper un caddie encastré dans cet agglomérat. « Il a encore ses roues, ça pourra servir pour transporter des déchets jusqu’à la camionnette-plateau ». Pour Juliette Leroux, membre du bureau de OSE, « tant que les déchetteries ne seront pas gratuites, des entreprises indélicates viendront déposer leurs déchets pendant la nuit ». Pourtant, force est de constater que les détritus sont en nette diminution depuis deux ans. Adeline Gerritsen, vice-présidente de l’association, reste dubitative : « Certains déchets n’ont pas été enlevés, mais enfouis ; le site reste donc pollué ».
Publique ou privée, l'aide est bienvenue
« Les bénévoles, c'est une très bonne chose mais ça ne fait pas tout ». Édouard tient à souligner qu'une opération de cette envergure n’aurait pu être possible sans l’aide de la préfecture de la Région Ile-de-France, du Conseil départemental, de Marne-et-Gondoire, Ports de Paris, VNF (Voies navigables de France) ou de partenaires privés, comme Vacances-propres (pour les sacs).
Un véritable challenge écologique
Mais si le problème de la décharge semble avoir été pris en considération, grâce à l’élan impulsé par Ose depuis dix ans et le nettoyage d'Epamarne fin 2015, les rives de la Marne restent une zone sensible. Une raison plus que suffisante pour qu'Édouard et son équipe prévoient de revenir en fin d’année. S.Moroy
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