Philosophie à Courtry
Les élèves CM1-CM1 de Jacques-Brel ont travaillé sur le thème de la méchanceté. Leurs œuvres sont exposées à la médiathèque jusqu’au 1er juillet.
Une quarantaine de participants a assisté, jeudi 16 juin, à la 14e édition du Café de Sophie qui se tenait au cabaret jazz de l’Écoutille, rue Van Wyngène.
« Un personnage peut sourire gentil et inversement »
La méchanceté est-elle naturelle chez l’homme ou résulte-t-elle de l’ignorance ? Quelle différence entre méchanceté et violence, agressivité et sadisme ? Des idéologies comme le nazisme et le djihadisme sont-elles un terreau propice à sa propagation ? Daniel Ramirez, docteur en philosophie politique et éthique à l’université Paris-Sorbonne, a lancé le débat, mettant en garde sur les similitudes linguistiques, comme celle selon laquelle méchanceté signifierait manque de chance ou encore sur la notion ambivalente de l’hôte, qui peut être ami ou ennemi.
Une conception judéo-chrétienne
Des dessins et peintures pour mieux exprimer les émotions des écoliers courtrysiens
« Dans le monde animal, il faut remarquer que la méchanceté n’existe pas » souligne un participant. Socrate, Platon, Rousseau, Hobbes, Kant, Nietzsche ont exprimé leur avis sur la question, mais la notion du bien et du mal renvoie souvent au péché originel dans la genèse biblique.
Pour Daniel Ramirez,(photo ci-contre) la méchanceté poursuit un but, sert un intérêt personnel, use de manipulation. L’éducation combat la méchanceté car « elle résulte souvent de frustrations liées à la pauvreté. Le bonheur est un état d’être. Être heureux, ce n’est pas éprouver un plaisir éphémère, mais une satisfaction relevant d’un état. Or le méchant ne semble pouvoir accéder cela, ce qui le rend malheureux car il n’est pas accompli et reconnu aux yeux des autres » suggère-t-il.
Cruelle enfance
L’agressivité du quotidien chez l'enfant selon que l’on est bourreau ou victime
L’idée de l’atelier était de faire réfléchir les élèves et les amener à reproduire leur vision de la méchanceté.
Retranscription imagée d’un traumatisme vécu.
Les enfants s’adonnent à la méchanceté plus souvent en groupe que seuls. « Pourtant ils sont bien dans leurs baskets quand ils ont fait des vacheries aux copains » témoigne une assistante maternelle. « Il est vrai que le phénomène de groupe développe une méchanceté extraordinaire. C’est ce que l’on appelle le harcèlement, un phénomène extrêmement grave, important et répandu » réagit le philosophe invité. Il y voit un malaise de chacun d’eux, compensé par le groupe car tout être a la liberté d’arrêter s’il prend conscience de ce qu’il fait.
Parfois le temps n’étouffe pas l’esprit de revanche.
Démarche artistique
Les enfants, justement, ont participé aux ateliers d’arts plastiques animés par Bruno Keip, 57 ans, peintre en résidence à Courtry. L’artiste a installé son atelier près de l’ancienne mairie.
Dans l’assistance, le peintre Bruno Keip (à droite) qui a animé les ateliers d’arts plastiques avec les écoliers.
Des œuvres certes naïves mais non dénuées de réalisme.
Après avoir inspiré le thème de la soirée, il a guidé tout au long de l’année les élèves CM1-CM2 de l’école Jacques-Brel pour qu’ils expriment leur ressenti sur le sujet. Leurs œuvres, soit 200 peintures et dessins, seront exposées à la médiathèque de Courtry jusqu’au vendredi 1er juillet. La médiathèque est fermée le lundi et le jeudi, l'entrée est libre.
Philosopher ailleurs
« A sa création, en 2006, notre but était de pérenniser la fête du livre. Également, il y avait la volonté d’organiser des réunions culturelles pour perpétuer un mouvement laïc d’éducation populaire » explique Annie Barras, cofondatrice du Café de Sophie.
Pour Olivier Lehrer, gérant de l’Écoutille, le vivre ensemble est essentiel pour apprendre à connaître l’autre, accepter ses différences et lutter contre les inégalités.
L’Écoutille avait immédiatement proposé d’accueillir les débats thématiques. Mais le cabaret fermera définitivement le 25 juin. « Fidèles à l’esprit qui nous anime depuis le début, on continuera à proposer des thèmes surprenants, dérangeants sûrement, mais aussi utiles pour la réflexion et l’analyse de certaines situations dans une société où la vitesse et la multitude des sources d’intérêt ou d’opinion perturbent la plupart d’entre vous » a néanmoins souligné Pascal Barras. Pour le prochain rendez-vous philosophique, il songe à la médiathèque de Courtry. S. Moroy
J'avais été marquée par cette remarque d'un élu X ... au sujet d'une autre élue Z... : "Si elle était intelligente, elle serait redoutable"
Rédigé par : YG | 24 juin 2020 à 10:55