Etienne Friche, 89 ans, habite la commune depuis 1932. Ses parents tenaient un bistrot au cœur du village. En juin 1940, l’invasion allemande voit partir la famille sur les routes de l’exode. Ils iront jusqu’à Châtelet-en-Brie où ils resteront 8 jours dans une ferme, avant de revenir sur leurs pas. « Nous sommes retournés au bistrot, mais il n’y avait plus rien. Les tonneaux de vin avaient tous disparu. On a su par la suite que ce n’était pas les Allemands... ».
La Kommandantur s’était installée au château de Louche et des soldats résidaient au château d’Étry. Le village comptait alors quatre grandes fermes et Etienne travaillait dans l’une d’elle. « Les Allemands venaient réclamer du lait et il fallait aussitôt traire les vaches pour les ravitailler. La ferme possédait une belle truie que l’on engraissait. Ils l’ont prise après nous avoir délivré un récépissé. Vers la fin, on a commencé à voir des soldats de tous les âges, de 18 à 55 ans. Ils marchaient toute la nuit et arrivaient au matin à la ferme. Ils étaient tous morts de fatigue. On était obligé de les enjamber pour aller nourrir les bêtes de la ferme qui comptait 80 vaches ». Il n’y avait plus de pont praticable sur la Marne et Etienne faisait quelquefois le passeur pour aider civils et commerçants à traverser la rivière, à l’aide d’un petit bateau de pêche.
Cachés dans la ferme pleine d’Allemands
Le 28 août 1944, une colonne allemande est descendue vers 15 h le long du ru de Louche. Elle a été prise à partie par des chars américains arrivant par Trilbardou (Division Patton). Réfugié dans la cave du bistrot des parents d’Etienne, un soldat allemand tirait par le soupirail avec son revolver avant d’être abattu. Etienne et sa femme, alors enceinte, étaient cachés dans la ferme où des Allemands s’étaient repliés en nombre. Ces derniers quitteront finalement le village dans la soirée, en empruntant la D418 actuelle qui mène à Claye-Souilly. Le couple a été libéré vers 22 h par les Américains qui ont poursuivi leur avancée jusqu’à Messy, après avoir libéré Claye-Souilly. Par la suite, Etienne a été embauché à l’usine Sauter, à Claye, avant d’entrer à l’aéroport de Paris où il a fini sa carrière. Aujourd’hui, il est entouré d’une nombreuse famille puisqu’elle comprend 3 enfants, 4 petits-enfants et 9 arrière-petits-enfants. L’Annétois est réservé et peu loquace sur cette période, dont l’évocation lui est toujours douloureuse. S Moroy
Commentaires