Le talent débridé des graffeurs donne vie aux mythes. Dans le couloir des urgences, la Cadillac de SOS Fantômes près d'une jolie infirmière blonde, prête à tagguer.
Le site Saint-Jean est devenu, le temps d’un week-end (16 et 17 mai 2015), un phare du Street art. Une occasion exceptionnelle que le public n’a pas laissé échapper pour découvrir des œuvres, aussi monumentales qu’insolites, et rencontrer leurs créateurs.
Sur la porte d'entrée qui était réservée aux ambulances, l'œuvre de Treize-Bis illustre une petite fille anatomique qui appelle au secours.
Et les visiteurs ne se sont pas fait prier pour investir les lieux. On a dénombré près de 2000 personnes durant la seule journée de samedi. Dans l’enceinte de l’ancien hôpital, propriété de Marne-et-Gondoire, ils ont pu admirer les œuvres d’une trentaine d’artistes.
Des fresques courant sur les murs ou les façades, comme celles de Pantonio et Inti sur le bâtiment Denis-Fournier, -réalisée en 4 jours sur une nacelle (25 m de haut)- mais cependant éphémères puisque l’édifice et les pavillons annexes seront détruits en 2016 pour la reconversion du site. Douze photos grand-format forment une haie d’honneur dans l’allée centrale. « Anatomie d’un lieu hautement emblématique et chargé de mémoire et de lumière, l’expo Rayon X rend un ultime hommage à la beauté évocatrice du site Saint-Jean » commente Alain Smilo, son auteur. Tous les artistes ont eu à cœur de s’approprier cet ancien lieu de naissances et de souffrances pour transmettre leurs émotions. Sans état d’âme, selon leur vécu, leur style et leur propre technique. « Le site est vraiment idéal, on ne pouvait rêver mieux. On s’est servi des reliefs sur les murs : grilles d’aération, panneaux, portes, colonnes » explique Elparo, tout en descendant de son échelle.
Un lieu empli de souvenirs
Avec deux autres graffeurs, Kataplokito et Euphorie, il a réalisé une fresque géante dans le couloir d’accès des urgences. Face à elle, surgissant du mur, la voiture de Ghostbusters (SOS Fantômes) à côté d’une pulpeuse infirmière, bombe acrylique à la main. « Ici, les connexions sont multiples. Moi-même, je suis né dans cet hôpital, il y a 28 ans » poursuit l’artiste. Car pour beaucoup l’endroit est chargé de souvenirs, parfois douloureux. « Je réside à Esbly et suis venu en 2012 pour me faire opérer du coude. C’est impressionnant et ça fait bizarre de revoir les lieux ainsi » témoigne Jérémy, 22 ans.
Des ateliers ont permis aux street-artistes en herbe d'exprimer toute leur créativité.
« C’est une idée géniale de laisser les artistes s’exprimer. En plus, cela rend hommage à tous ceux qui ont travaillé ici » applaudit son amie, Yasmine, 23 ans. Même avis pour Danièle, 67 ans, venue de Levallois (92) et dont la sœur habite Lagny. « C’est toujours intéressant quand plusieurs artistes s’associent pour réaliser une œuvre collective au sein d’un même espace, ça ouvre le regard ».
Autre rendez-vous artistique pour les Latignaciens : samedi 30 mai. De 14 h à 0 h 30, aura lieu en centre-ville la 2e édition du festival consacré aux arts de la rue.
S. Moroy
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