« On ne lâche rien, on continue ! »
En tête du cortège, de droite à gauche, Sophie Renon, le père d'Estelle, Denis Marchand, maire de Guermantes, la soeur et le frère d'Estelle, Didier Seban et Corinne Herrmann, avocats de l'association.
Douze ans après la disparition de sa fille, et malgré un bilan 2014 décevant, Eric Mouzin, 59 ans, ne veut pas baisser les bras. « On s’est interrogé sur le sens de se réunir ce samedi 10 janvier, après ce qui s’est passé ces derniers jours. On s’est dit qu’il fallait la maintenir, car sinon ceux qui veulent faire régner la peur auront gagné si on reste chez nous. Je me souviens qu’Estelle était passée dans Charlie-Hebdo. Un dessin disait ’’Nous avons retrouvé Estelle : elle est dans les pages de Paris-Match’’» se remémore le père meurtri. Le cortège, composé d’une centaine de personnes, s’est formé devant la boulangerie, place du Temps-perdu, où Estelle a été aperçue pour la dernière fois, avant de se rendre devant l’arbre du souvenir. Face au cerisier du Japon, planté en 2004 au cœur du lotissement où elle résidait, les participants ont observé une minute de silence et écouté les chansons de Charlélie Couture et du rappeur Onics, composées en 2003 et 2013 en sa mémoire.
Maria et Hervé Gérault sont Latignaciens et font partie de l'association. Ils ont réalisé des tee-shirts à l'effigie d'Estelle.
« Douze ans, c’est long. On a l’impression qu’Estelle a toujours 9 ans. L’affaire, c’est plus de 80 tomes de dossiers et près de 40 000 procès-verbaux. Il faut que l’enquête confiée à la police judiciaire de Versailles se poursuive, constituer une association, comme Child-Focus en Belgique, pour gérer efficacement les disparitions d’enfants en France » confie Sophie Renon, présidente de l’association Estelle, créée en mars 2003.
Ne pas perdre espoir
Avant la marche blanche, 60 personnes ont assisté à l’assemblée générale de l’association, à l’espace Marcel-Proust. « Les formes d’espoir se situent dans une série d’affaires qui ont été résolues récemment et qui démontrent quelquefois que, 20 ou 30 ans après, il est toujours possible de résoudre les dossiers si des bonnes volontés s’y consacrent, car il y a de moins en moins d’enquêteurs criminels » indique Didier Seban. L’avocat de l’association, dont le cabinet est spécialisé dans les disparitions d’enfants, souhaite cependant plus de transparence sur les enquêtes des policiers et une synthèse sur les dernières pistes. « L’enquête se poursuit : j’ai été auditionnée en 2013 » intervient Maria Bolcan, 65 ans. Elle effectuait à cette époque des ménages chez des particuliers et les enquêteurs ont souhaité recueillir son témoignage. L’association Estelle, qui a le soutien de la municipalité, comptait l’an dernier 161 adhérents, soit 9 % de plus qu’en 2013. Ses ressources s’élèvent à 5326 euros pour 10 255 euros de dépenses, principalement des frais administratifs et honoraires d’avocat. « L’expérience m’a prouvé que lorsque l’on veut quelque chose, il faut aller le chercher. Alors, on continue ! » lance Eric Mouzin.
S. Moroy
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