Par un bel été, soudain la guerre
2 août 1914, la moisson bat son plein. Les premières gerbes dorées se dressent dans les champs. Tout à coup, un roulement de tambour. On s’interroge du regard. Les enfants entourent le garde-champêtre. Le tocsin retentit. Les femmes pleurent. Une silhouette bleue sort de la mairie. C’est un gendarme de Claye-Souilly venu placarder un ordre de mobilisation générale.
Organisée par l’association Loisirs et Culture, une expo retrace depuis samedi la vie quotidienne des Pinois durant le premier conflit mondial. Le village comptait alors 409 habitants et 125 électeurs. A sa tête, le maire Delacourt avec un seul adjoint et 8 conseillers municipaux. La mairie est alors située rue du Château, juste au dessus de l’unique salle de classe. C’est l’instituteur qui assure le secrétariat de la mairie.
Les trois chevilles ouvrières de l'exposition. De gauche à droite : Monique Mazoyer, Lucette de Grenier et Christiane Gourdon.
« Lorsque je suis arrivée ici, en 1960, on m’avait parlé de tranchées près de la Dhuys. Cela a aiguisé ma curiosité » confie Lucette de Grenier, présidente de l’association, lors du vernissage. Férue d’histoire locale, elle entreprend alors des recherches. Les registres communaux font état d’un cantonnement de poilus, du 1er novembre 1914 jusqu’en 1921. Des cartes postales de soldats mentionnent le séjour de différents régiments de plusieurs compagnies. Enfin, des télégrammes, dont certains signés par Gallieni, confirment l’existence d’un camp retranché. « Le Pin aurait fait partie du camp retranché de Paris qui formait une seconde ceinture avec les forts de Vaujours, Chelles, Villiers et Champigny. Car la grande crainte à l’époque était que Paris soit envahi après la guerre de 1870 » explique Lucette de Grenier. Outre les 22 panneaux sur les évènements ayant marqué les Pinois, des objets d’époque (vaisselle, outils, jouets, livrets militaires, médailles...), une tenue de zouave, un uniforme bleu-horizon de poilu et celui d’un écolier. Ces trois costumes proviennent de l’écomusée du Moulin de Moulignon tenu par Michel Cheverry, à Messy. Le maire a salué « le dynamisme et la volonté des bénévoles à monter cette exposition », ajoutant que « les expositions relatant ce passé doivent être encouragées pour ne pas oublier». Compte tenu de son grand intérêt, Sylvie Fassier a également souhaité que celle-ci soit prolongée pour permettre aux Pinois et aux élèves de la visiter plus à loisir.
S. Moroy
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