Une scène-clé du film de Pierre a été tournée dans une chambre de la clinique de Brou-sur-Chantereine.
Séance de repérage au milieu du bois de Brou. De gauche à droite : Victor Dartinet, 22 ans, étudiant à l’école de cinéma Icart et qui a apporté son aide pour le casting des acteurs, Pierre Win et Lucas Guénand.
Dimanche 23 juin, 22 h 30. Une étrange effervescence règne au cœur du bois de Brou. Autour d’une carcasse de voiture, sous la lumière blafarde de phares automobiles et de deux projecteurs, Pierre Win et son équipe tournent un court-métrage de fiction.
« C’est la scène capitale du film, la plus difficile. Pour l’instant, tout se passe bien. C’est un travail collectif où chacun y trouve son compte. Mais on peut toujours avoir des imprévus… comme la pluie par exemple » confie le jeune réalisateur en installant son appareil Canon qui filmera en vidéo haute définition. Pierre a fait appel à son réseau d’amis, mais aussi au bénévolat de techniciens et acteurs professionnels pour réaliser son court-métrage financé pour partie par une subvention du Conseil général allouée aux jeunes réalisateurs. « Illusion obscure » relate le drame d’un grand blessé de la route, Victor, qui effectue son dernier voyage. Un thème cher au réalisateur, photographe de formation, qui travaille sur le projet depuis septembre dernier et dont c’est le premier film (voir l'article publié le 20 février dans La Marne).
Après avoir obtenu l’autorisation de tourner dans le bois, interdit à la circulation depuis qu’il est devenu liaison douce en février 2012, Pierre a demandé en début de soirée au Garage-Breuillois de déposer une épave de Polo Volkswagen, à mi-chemin entre Villevaudé et Brou. « Elle sera retirée demain pour ne pas gêner les promeneurs. Il se trouve que j’ai exactement la même, pratique pour le film ! » précise Lucas Guénand, assistant à la réalisation.
Un rôle surprenant mais intense. « Mardi 18 juin, nous avons tourné la scène du réveil de Victor dans une chambre de l’hôpital privé de Brou. C’était le premier jour de tournage. L’ambiance est sympa car, comme dans tous les courts-métrages, on a affaire à des passionnés, même si on n’a pas le budget et le confort d’un long-métrage professionnel » avoue Gilles Cherqui, acteur et scénariste parisien de 34 ans. « L’accident automobile est la 3e séquence du film. C’est le moment où tout bascule, où l’histoire commence. Victor m’a séduit parce que c’est un rôle fort, surprenant, et aussi parce que c’est rare d’avoir des rôles aussi intenses, même si c’est troublant d’interpréter un personnage qui perd l’usage de ses jambes » poursuit Gilles qui a joué dans la série « Platane » diffusée sur Canal+. Camille Combes, 24 ans, est venue elle aussi de Paris. Elle est entre les mains de Morgane Vandé, maquilleuse chelloise. Tout comme le conducteur, elle perdra la vie, tandis que Victor, à l’arrière, sera projeté à travers le pare-brise avant.
Pierre met du (faux) sang sur la chemise de Gilles. Ce dernier est couché sur des coussins afin de ne pas se blesser. A l'arrière-plan, dans l'obscurité, Camille grelotte de froid
« Mon rôle est court puisque je meurs au début, mais le scénario m’a beaucoup plu. Je suis toujours prête à tourner dans un maximum de films de ce genre… surtout quand la rencontre avec le réalisateur se passe bien ».
Sortie de boîte de nuit, juste avant le tragique accident. La séquence a été tournée mardi 25 juin à 23 heures près du parking Auchan, à Chelles. De gauche à droite, les comédiens Gilles, Camille et Cédric.
Actrice professionnelle, Camille a joué dans plusieurs courts-métrages dont le dernier « Intimité », de Christelle Juteau, est passé récemment au festival de Cannes. On la verra également dans « Je ne suis pas morte », long-métrage de Jean-Charles Fitoussi programmé à la Cinémathèque française pour janvier 2014.
Reproduire une fracture ouverte. Escalope et fragments d’os de volaille dans les mains, Yann Messalti, un Chellois de 25 ans, s’affaire pour reconstituer une fracture ouverte sur le bras de Camille. Yann assiste la maquilleuse qui dessine maintenant des filets de sang sur le crâne rasé de Cédric Welsch. Ce dernier incarnera le conducteur de la voiture accidentée. Guillaume lance un fumigène sous le châssis du véhicule. « Silence, moteur, action ! ». Kévin, photographe de plateau, arrête de mitrailler dès que Lucas actionne le clap. D’épaisses volutes de fumée grises enveloppent les trois victimes inanimées.
Loïc et sa perche, Guillaume au réflecteur et Pierre au cadre. Il s'est déchaussé pour ne pas que l'on entende crisser ses chaussures.
Sa perche-son tendue à bout de bras, Loïc Joyeux suit le lent travelling arrière de Pierre le long de la carcasse de métal. « En tant que professionnel, je suis défrayé pour la location du matériel, mais la prestation technique est offerte. Cela me plaît d’aider les autres » glisse le jeune ingénieur du son.
Collision frontale. Fabien Savall, Breuillois de 21 ans, ne cache pas son admiration. « Les effets spéciaux sont vraiment bluffant ! ». C’est lui le chauffard à l’origine de la collision.
Lucas prend les consignes de Pierre qui prépare la scène de la collision en travelling. Kévin déploie un projecteur led qui va éclairer la prise.
Pour la simuler, deux voitures sont accolées avant de se séparer rapidement : l’une en marche avant et l’autre en arrière. La prise de vue, accélérée et montée en sens inverse, donnera l’illusion du choc frontal. Les prises sont bonnes, Pierre se détend. Il enregistre quelques inserts (détails) dans l’habitacle de l’épave.
2 h 30 du matin. Le tournage est terminé. L’aventure se poursuivra à Chelles puis à Égreville. Enfin, courant juillet, l’équipe tournera la séquence finale dans les Côtes-d’Armor, en Bretagne. Après montage et post-production, le film sera prêt en octobre, date à laquelle Pierre promet une projection au cinéma Cosmos de Chelles avec tous les intervenants.
Serge Moroy
L'histoire du film: Après un violent accident de voiture au sortir d’une boîte de nuit, Victor se réveille à l’hôpital, paraplégique et atteint d’un traumatisme crânien qui le condamne à compter ses jours. On lui propose de subir une opération qui peut lui donner la chance de vivre, comme elle peut aussi le tuer. Face à ce dilemme, et contre toute attente, Victor choisit une autre option.
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