ROMAIN SARDOU
XO
Depuis deux ans, l'Angleterre ne parlait que de ça.
Des nobles avaient mis à la disposition des plus pauvres du royaume une concession de terre dans le Nouveau Monde, entre la Caroline du Sud et la Floride. Conçu pour la promotion des humbles, ce havre devait leur permettre de s'assurer une vie meilleure et de cultiver des denrées exotiques qui profiteraient à la Couronne.
Ils étaient meuniers, forgerons, apothicaires, boulangers, perruquiers ou imprimeurs sur étoffe. Tous avaient embarqué avec leurs familles, certaines en grand nombre (les Milledge et les Warren comptaient cinq enfants à bord, et les Clark, quatre). Sans se connaître, ils partageaient des années de misère et de chômage. Le jardinier Joseph Fitzwalter avait sillonné les comtés au nord de Londres sans trouver d'engagement, le charpentier Richard Cannon avait vu ses dernières commandes annulées et les dettes l'ensevelir, le marchand de cidre Thomas Hughes vivait de la charité publique depuis 1729. Même le drapier Josua Overend, qui avait connu l'opulence dans sa bonne ville de Coventry, avait été incarcéré dix-huit mois pour dettes impayées à la prison de la Fleet.
La rareté de l'emploi ruinait le bas peuple anglais.
Pendant la traversée du Ann, les infortunés suivirent une préparation rigoureuse. L'ancien officier Francis Scott assura la formation militaire d'artisans et de marchands qui n'avaient jamais porté l'uniforme, les femmes s'instruisirent dans la culture des vers à soie qui devaient asseoir la prospérité de la nouvelle colonie, le révérend Henry Herbert dirigea ses deux offices religieux quotidiens, enfin, le chef de l'expédition, James Oglethorpe, répartit ses quarante familles en plusieurs groupes autonomes, voués à constituer autant de quartiers armés dans sa capitale à venir, Savannah.
Ceux qui savaient lire se relayaient pour donner lecture d'un ouvrage célébrant les grandes heures de la colonisation des Britanniques en Amérique. Les futurs Géorgiens se familiarisèrent ainsi avec la belle Pocahontas et le preux John Smith, Henry Hudson et sa folle poursuite du «Passage du Nord-Ouest», les Pères pèlerins du Mayflower et les Puritains du Massachusetts, tous héros vénérables dont (qui l'aurait envisagé quelques mois auparavant ?) ces humbles chômeurs reprenaient aujourd'hui vaillamment le flambeau.
Dans le pays de cocagne qui les attendait, ils se verraient offrir cinquante acres de bonne terre chacun, ils seraient nourris gracieusement pendant un an, pourvus en habits et en outils, et leurs maisons ne leur coûteraient que l'effort nécessaire pour les édifier. Tout avait été pensé et provisionné pour qu'ils puissent prospérer et être heureux.
Quel déshérité d'Angleterre ne désirait pas alors être de l'expédition ?
Aussi, quand, après deux mois et une semaine de mer, le matelot en charge d'estimer le niveau des eaux s'écria :
- La ligne de sonde à trente brasses, capitaine !
Je n'ai lu qu'un des romans de R. Sardou et juste parcouru un peu les autres.
C'était de la curiosité, mais ce fut une heureuse surprise
J'ai pourtant lu UNE _une seule _ critique malveillante pour ce jeune auteur, au sujet de ses tournures ou de son style
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Pour ma part, je l'ai trouvé son récit fluide et la plupart du temps son style bien adapté au genre de récit abordé .
Car voilà un jeune auteur qui ne craint pas d'aborder des genres différents .
S'il peut avoir les défauts de sa jeunesse, rappelons-nous que de grands auteurs eux-mêmes n'ont pas toujours écrit que des chefs-d'oeuvre à leurs débuts
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Laissons-le faire ses preuves et nous entraîner dans son monde aux mutiples facettes
Rédigé par : Nyaël* | 22 juillet 2013 à 11:28