PHILIPPE LOMBARD
DEMOCRATIC BOOKS
Le célèbre globe-trotter a 83 ans
Et il est toujours en quête d'enquêtes. D'abord en BD puis en films fixes, marionnettes, dessins animés, films avec acteurs, sans acteurs, et enfin dernièrement en 3D (« Le secret de la Licorne », 2011). Malgré son âge (il est né en 1929), le reporter du Petit Vingtième est décidément infatigable. Bien des cinéphiles se sont inspirés de ses nombreuses aventures avec plus ou moins de bonheur (Podalydès, Resnais, Polanski, Jeunet, de Broca, Poiré, Sfar ). Et si le personnage d'Indiana Jones a un petit air de ressemblance avec Tintin (la houppette en moins, le fouet en plus), Spielberg affirme pourtant ne pas avoir eu connaissance de l'existence de l'oeuvre d'Hergé lors de la création de son intrépide professeur-archéologue.
Hergé, de son vrai nom Georges Rémi (1907-1983), a été bercé dans sa jeunesse par le cinéma muet et les films burlesques américains. Pas étonnant du coup que ses bandes dessinées adoptent un découpage résolument cinématographique avec des scénarios comportant des courses-poursuites en voitures, gags en tous genres, dignes de Buster Keaton ou de Laurel et Hardy, avec toujours énormément d'action et de rebondissements rappelant le style de Hitchcock. Pourtant à bien y regarder, force est de reconnaître que les aventures du reporter belge n'ont jamais été très bien adaptées à l'écran. « Tintin et le mystère de la Toison d'or » (J-J Vierne, 1961) et « Tintin et les oranges bleues » (Philippe Condroyer, 1964) ne furent pas de grandes réussites bien que l'interprétation de l'instituteur Jean-Pierre Talbot (son vrai métier) ne soit pas dénuée d'intérêt et qu'il ait été - finalement - le seul et unique Tintin en chair et en os porté à l'écran. La toute première adaptation de Tintin date de 1947, réalisée par Claude Misonne avec des marionnettes en chiffon (« Le crabe aux pinces d'or », 1947), présentait un charme attachant. Mais le seul hommage vraiment digne de Tintin au cinéma aura été sans conteste « L'Homme de Rio » (1964), un film de Philippe de Broca conduit tambour battant par Jean-Paul Belmondo. En plus de la « french touch » tout y est, avec des ressemblances nombreuses à l'oeuvre d'Hergé pour une fois heureuses. Inspiré très librement des aventures de Tintin, le film regorge d'action, d'humour, d'exotisme, de mystère, et se déguste comme une bande dessinée, fluide et limpide.
Ce livre réconciliera-t-il bédéphile et cinéphile ? A la lecture de cet essai, on peut en douter. En d'autres termes, la fameuse « ligne claire » chère à Hergé a-t-elle été trahie au cinéma au fil des modes fréquemment ressuscitées pour remplir le tiroir-caisse ? Les puristes crieront-ils au sacrilège ? L'auteur n'entre pas dans la polémique, mais retrace méthodiquement la plupart des facettes que le génial dessinateur a entretenu sa vie durant avec le cinéma et les adaptations de son illustre héros. Il pose ce faisant un regard qui ne manque pas d'intérêt pour qui, tintinophile ou simple curieux, cherchera à comprendre pourquoi Tintin, l'un des personnages les plus célèbres du monde de la bande dessinée, constitue l'archétype absolu du journaliste enquêteur. S. Moroy
Disponible à la bibliothèque de la Roseraie : « Tintin - Hergé et le cinéma » - Philippe Lombard - Edition Democratic Books - 200 pages - ISBN 978-2-36104-056-7 - Dépôt légal : septembre 2011.
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