SIMON LIBERATI
GRASSET
PRIX FEMINA 2011
« Aux basses heures de la nuit, le 29 juin 1967 sur un tronçon de la route US 90 qui relie la ville de Biloxi à la Nouvelle Orléans, une Buick Electra 225 bleu métallisé, modèle 66, se trouva engagée dans une collision mortelle. »
Ainsi commence le roman de Simon Liberati pour se dévider invariablement tel un écheveau tout le long de l’asphalte noir de cette route droite qui arrêta net le destin de Jayne Mansfield à l’âge de 34 ans. Sous forme d’enquête très fouillée, l’auteur revient sur les circonstances précises de cet accident mortel avec moult détails pendant une cinquantaine de pages (témoignages, expertises, rapports des autorités, coupures de presse) démolissant au passage certaines idées reçues (comme celle par exemple de la décapitation lors du choc contre l’arrière du camion)…
Une investigation où tout est rigoureusement passé au crible avec une méthode frisant le morbide, au risque d’incommoder le lecteur. A juste titre. Il faudra attendre le chapitre 3 pour faire un bond en arrière de 250 jours avant l’accident fatal, selon un itinéraire chronologique habilement reconstitué, pour que le lecteur en sache un peu mieux sur la personnalité interlope de Jayne Mansfield. « Yes, the one and only »… telles furent ses toutes dernières paroles, lâchées lors d’une étape sur l’autoroute à une caissière d’un restaurant qui l’interpellait pour lui demander si elle était bien la vraie Jayne Mansfied…
La beauté du Diable
Entre ses amours turbulentes, son humour et goûts vulgaires, ses sautes d’humeur permanentes, sa frénésie pour le LSD et les tranquillisants, son amour immodéré pour les animaux et les peluches, son irrésistible besoin de séduire les hommes, son attirance pour le mystique (tendance satanique), la plantureuse et blonde peroxydée pin-up Jayne Mansfield fut avec son aînée Marylin Monroe l’un des plus célèbres sex-symboles des années 50. Malgré ses petits rôles de blonde idiote (environ 30 films à son actif), la pin-up s’avérait être une surdouée à la mémoire prodigieuse, capable de déclamer à brûle-pourpoint des poèmes entiers de Keats ou de Shelley, des vers de Shakespeare. Elle ne parlait pas moins de 5 langues, était pianiste classique et possédait un QI de 165. Une erreur d'itinéraire et un destin gâché à cause d’une machine à rêve fabriquée pour des mâles concupiscents qui lorgnaient sur sa croupe incendiaire et sa poitrine accorte. Le glamour aime parfois frayer avec le sordide.
S. Moroy
Disponible à la bibliothèque de la Roseraie
Jayne Mansfield 1967 – Roman de Simon Liberati – Edition Bernard Grasset / Paris – 196 pages – ISBN : 978-2-246-77181-4.
Simon Liberati est né en 1960 à Paris. Il est l’auteur aux éditions Flammarion de trois romans : Anthologie des apparitions (2004), nada exist (2007) et L’hyper Justine (2009, prix de Flore).
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