L’express vient de sortir début novembre un cahier spécial consacré à la Première Guerre mondiale. Rappelons que l’an dernier de nombreux numéros spéciaux avaient paru pour célébrer la commémoration des 90 ans de la fin du conflit. Après ces publications des grands quotidiens nationaux apportant chacun leur nouveau lot d’informations, pouvait-on encore apprendre quelque chose sur cette grande tragédie qui secoua le début du 20e siècle ?
Divisé en trois parties thématiques (50 mois en enfer, Le creuset d’un siècle de haine, La guerre et nous), ce hors-série comporte pas moins de 38 articles illustrés de photos extraites de la collection Roger-Viollet. Il apporte une nouvelle actualisation en même temps qu’une légitime interrogation sur cette grande tragédie de l’histoire, prouvant bien que si les idéaux ont fini d’enflammer les esprits, la flamme du souvenir est quant à elle toujours aussi vive dans les mémoires 91 ans après.
De l’art du camouflage (les Français sont les premiers à créer un service spécial dédié au camouflage militaire en faisant appel aux peintres cubistes) à ces effrayants vestiges qui ressortent de nos jours de l’ombre (les chantiers d’aménagement dans le nord et l’est de la France exhument des traces oubliées) en passant par des destins aussi extraordinaires qu’atypique de Lawrence d’Arabie, Georges Guynemer et de Désiré Bianco (plus jeune poilu « mort pour la France » puisque âgé de 13 ans), 14-18 n’était donc pas la « der des ders », mais en revanche l’invention de la guerre totale, de l’expérimentation de la « mort moderne » à grande échelle, avec l’utilisation d’armes industrielles (chars, avions) et chimiques. Christophe Barbier, directeur de la publication, souligne dans sa préface que « après 14-18, la guerre ne peut plus être le creuset d’aucun idéal » ajoutant aussi à juste titre « parce qu’il n’y a plus de soldat inconnu ». Le symbole a désormais remplacé l’idéal dans un devoir de mémoire envers nos aïeux qui sont tombés car la France a payé un lourd, trop lourd, tribut dans cette guerre. Comme beaucoup de personnes de ma génération, j’y ai perdu un parent. Il s’agissait de mon grand-père, Louis Henri Moroy, âge de 29 ans, affecté au 65e bataillon de Chasseurs à pied, mort le 9 octobre 1916 dans le hameau de Sailly-Saillisel (bataille de la Somme). ‘’Tué à l’ennemi’’ comme le signale la mention - laconique et consacrée - portée sur sa fiche militaire... En 1917, tandis que les mutins entament la chanson de Craonne (25 000 soldats refusent d’être envoyés à la boucherie : 554 condamnations à mort seront prononcées dont 49 exécutées), la révolution russe éclate en février tandis que les Etats-Unis sortent finalement de leur neutralité pour entrer en guerre au mois d’avril. Deux ans auparavant fut perpétré le génocide arménien, « un acte si honteux qu’il est encore nié aujourd’hui » précise l’historien turc, Christian Makarian. Choc de nations, mais aussi choc de civilisation. Le barbare est forcément l’ennemi. C’est le message simpliste mais récurrent que les états-majors font passer pour mieux stigmatiser l’héroïsme patriotique et l’on a d’ailleurs longtemps cru que cette guerre n’était qu’une affaire d’héroïsme. Hors aujourd’hui des historiens s’érigent contre cet idéalisme mystificateur pour dénoncer la violence sauvage des combats, notamment la dimension raciale, augurant les horreurs futures qui surviendront plus tard. Les grandes leçons de l’histoire ne sont malheureusement pas éternelles. Même si économiquement la création de la communauté européenne du charbon et de l’acier instituée par traité en avril 1951 entérine une coopération économique entre les deux grands pays rivaux ; symboliquement, il faudra attendre la réconciliation franco-allemande du 22 septembre 1984 avec cette image inoubliable de François Mitterrand et d’Helmut Kohl main dans la main devant le mémorial de Verdun : pardonner, certes, mais surtout ne pas oublier. Pourtant le 11 novembre n’est pas célébré en Allemagne car il est jour de défaite nationale. Les jeunes générations européennes sont porteuses d’espoir. Réussiront-elles à sceller enfin la véritable amitié franco-allemande ?
Un document historique à lire et à conserver car, n’en déplaise à ceux qui entendent tirer un trait définitif sur le passé, le culte du souvenir n’est pas inutile dès lors qu’il favorise encore le questionnement.
Serge Moroy
1914-1918 La guerre qui a ébranlé le monde - Les cahiers de l’Express - Hors-série / Novembre-décembre 2009 -76 pages - Prix : 5,90 €
Il existe aussi avec un DVD (durée 100 mn) - Prix : 9,90 €
Disponible en kiosque libraire ou commande possible sur www.lexpress.fr/boutique/1418 et en bibliothèque de la Roseraie.
Pour mémoire, en novembre 2007 une exposition montée à l'aide de documents authentiques que vous pouvez consulter dans l'album photo , a été consacrée à : Bécassine et la Grande Guerre
A noter que l'archéologie militaire prend désormais toute sa place...
Un lien vers une photo d'un monument à Désiré Bianco.
http://storage.canalblog.com/93/32/64834/33774525.jpg
Un autre lien, qui relaterait son épopée.
http://blog.francetv.fr/herveconstantin/index.php/2008/04/03/70078-desire-bianco
Rédigé par : bernard borghesio-ruff | 07 décembre 2009 à 16:16
Bonjour,
Après plusieurs années de recherche, nous publierons l'an prochain une
saga sur la période 14/18 dont l'action se déroulera principalement en
Picardie avec les poilus bretons.
Le moment venu, nous vous enverrons les deux romans(voir lien).
A bientôt,
Jean-Michel Thibaux et Jean-Pierre Paumier.
http://www.jean-michel-thibaux.com/a_paraitre_315.htm
Rédigé par : Jean-Michel Thibaux | 10 décembre 2009 à 15:03