A la suite d'une opération de l'armée apparemment très bien renseignée, l'otage franco-colombienne ainsi que ses compagnons de captivité "politiques" ont enfin été libérés, sains et saufs.
Ingrid Betancourt a remercié tous ceux qui ont de près ou de loin contribué à sa libération, et a indiqué à quel point les marques de soutien proférées des années durant l'ont aidé à "tenir" dans la jungle. Elle est actuellement en route pour rejoindre notre pays.
Les réactions sont unanimes en France, pour saluer cet évènement qui fait partie de ceux, trop rares, qui incitent à l'optimisme dans une actualité mondiale souvent très noire. Elles ne doivent pas nous faire oublier le sort de ces centaines de malheureux toujours prisonniers dans des conditions atroces et qui, simples "otages économiques", ne disposent d'aucun relai médiatique pour appuyer leur cause. Et de fort peu de perspectives, quand leurs familles sont trop désargentées pour payer une rançon.
"Une heure avant que les hélicoptères n'arrivent, j'ai parlé avec le commandant (des Farc) Asprilla et il m'a dit que nous allions tous monter dans un hélicoptère et que nous irions dans un endroit qu'il ne connaissait pas pour parler avec un dirigeant des Farc. Asprilla pensait qu'il s'agissait d'Alfonso Cano (le nouveau chef des rebelles)", a dit Ingrid Betancourt.
"Quand les deux hélicoptères blancs sont arrivés, et je dois confesser que j'ai ressenti quelque chose d'étrange parce que normalement lorsque nous entendions les hélicoptères arriver nous sortions en courant pour nous cacher. Et cette fois ils étaient devant nous et nous attendions tranquillement qu'ils atterrissent", a indiqué l'ex-otage.
Un seul des deux hélicoptères s'est posé, selon les militaires colombiens, et le second est reparti.
"Quand les passagers de l'hélicoptère sont descendus, a-t-elle poursuivi, la confusion a été totale. C'étaient des membres des Farc, ils étaient avec eux, certains même avaient des chemises à l'effigie du Che Guevara".
Le commandant des forces militaires colombiennes, le général Freddy Padilla a pour sa part révélé que seul l'hélicoptère utilisé pour la libération avait à son bord deux pilotes, deux navigateurs militaires ainsi que neuf membres des forces spéciales.
"Nous sommes montés à bord avec beaucoup de difficulté car ils nous avaient lié les mains, ce qui était humiliant, puis après être montés ils nous ont attaché les pieds (....). Ils ont alors fermé les portes de l'hélicoptère, et tout à coup j'ai vu le commandant (Farc) nu au sol. Je n'ai pas même ressenti de bonheur à ce moment", a ajouté l'ex-otage soulignant que ce guérillero l'avait personnellement humiliée à de nombreuses reprises pendant sa captivité.
"Après avoir neutralisé les deux commandants Farc qui étaient montés avec nous dans l'hélicoptère, le chef de l'opération a crié: + Nous sommes l'armée nationale, vous êtes libres +."
"A ce moment, nous avons ri, sauté de joie, je pensais que c'était un miracle".
"L'opération militaire de l'armée de mon pays a été parfaite", a conclu l'ancienne candidate présidentielle des verts qui a rendu hommage au président colombien colombien Alvaro Uribe.
Le ministre de la Défense Santos a estimé que cette opération de sauvetage des otages s'était déroulée "comme dans un film".
De son côté, le général Padilla a, dans un discours public, précisé qu'au cours de l'opération de libération "il n'y a pas eu un seul tir, pas un seul blessé".
Ingrid Betancourt a aussi remercié le président français Nicolas Sarkozy, son prédécesseur Jacques Chirac et son "ami" l'ancien premier ministre Dominique de Villepin.
"Je suis colombienne mais je suis française", avait auparavant affirmé Ingrid Betancourt.
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Espérons que ce (rare) moment de quasi unanimité nationale autour d'un évènement heureux ne sera pas gâché par quelques récupérateurs indignes.
Espérons également que se verra enfin clouer le bec de ceux qui affirmaient cyniquement que Mme Betancourt étant colombienne, la France n'avait pas à s'intéresser à son sort, au moment où elle réaffirme son attachement à ses deux patries. Exprimons notre joie de voir que d'autres otages politiques moins médiatisés ont bénéficié eux aussi de l'opération.
Un scrutin national est en
cours de préparation en Colombie. espérons que cette opération n'a pas
été différée en vue de la campagne liée à celui-ci.
Et gardons une pensée pour ceux qui continuent de souffrir en Colombie, toujours otages des FARC devenues un groupuscule de psychopathes - ou à l'opposé qui sont régulièrement tabassés, expulsés, intimidés voire assassinés par les paramilitaires colombiens qui n'ont rien à envier, sur le plan de la cruauté, à ces FARC.
Bravo enfin, à l'armée colombienne, qui a mené une fort belle opération tant sur le plan de la logistique que sur celui du renseignement préparatoire et du conditionnement psychologique de l'adversaire.
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