CHAGRIN D'ECOLE - DANIEL PENNAC - Prix Renaudot 2007- Gallimard
(Conseil: ne pas se précipiter sur les livres honorés tant par la
critique que par les jurys: la différence entre le livre et le
périodique, c'est que le premier est censé survivre au temps qui passe. Et on l'appréciera d'autant plus pour lui même qu'on aura plus ou moins
oublié les louanges ou les remarques acerbes qui auront salué sa sortie)
Voilà
un bouquin extraordinaire d'humanité, qui ne traite pas spécialement de
l'école mais plus précisément des cancres et des moyens de les sortir
de la cancritude.
On peut ne pas être en accord avec
telle ou telle manière de procéder que l'auteur a employée, lui qui fut
un éminent cancre dont le cas était désespéré, avant d'être professeur. On ne peut
nier la cohérence et l'extraordinaire humanité qui se dégage de
l'auteur célèbre des livres relatant les exploits de la tribu
Malaussène, qui ont déjà réconcilié des dizaines de milliers
d'élèves avec la lecture en plus d'enchanter leurs parents.
A acheter, à se le faire offrir, à offrir, ou à emprunter à la bibliothèque.
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La revue de presse d'alapage, concernant ce très beau livre.
Avant d'être enseignant puis auteur à succès, Daniel Pennac fut d'abord un cancre. Un élève nul en tout qui au mieux fait rire les autres et s'installe direct au fond de la classe. «Que dire ?», écrivent des profs las sur ses bulletins scolaires. La légende familiale veut qu'il ait mis un an à apprendre la lettre a... Chagrin d'école pourrait être lu, tout simplement, comme l'hommage d'un cancre à ses parents. A sa mère centenaire, éternellement inquiète pour son avenir, qui lui demande encore : «qu'est-ce que tu fais dans la vie ?» Et à son père, qui l'aimait avec une ironie distante. Un jour de grosse déprime, Daniel regardait de sa fenêtre les falaises alpines avec de sombres pensées. Son père frappe alors à la porte et passe la tête par l'entrebâillement : «Ah ! Daniel, j'ai complètement oublié de te dire : le suicide est une imprudence.»
Véronique Soule - Libération du 11 octobre 2007
Encore un livre sur l'école ? Non, un livre sur les cancres, nourri d'un témoignage personnel. Car Daniel Pennac, l'écrivain comblé, l'auteur de La Fée Carabine (Gallimard, 1987 et "Folio" nº 2043), l'inventeur de Monsieur Malaussène (Gallimard, 1995), a été un cancre... Daniel Pennac est un rescapé, qui doit la vie à trois ou quatre sauveteurs. Et d'abord à son professeur de français en troisième, qui eut l'idée géniale de l'exonérer de dissertations pour lui commander un roman. Pour la première fois, le cancre sortait la tête de l'eau... Ne faut-il pas inviter les jeunes à s'approprier la littérature ? "S'immerger dans la langue, tout est là. Le savoir est d'abord charnel. Ce sont nos oreilles et nos yeux qui le captent, notre bouche qui le transmet." Parole d'amoureux.
Robert Solé - Le Monde du 19 octobre 2007
Des témoignages de professeurs sur leur métier, il en sort régulièrement. Des drôles et bien troussés, on en trouve un peu moins. Mais quand Daniel Pennac s'y met; on se régale... Chemin faisant; Daniel Pennac livre une sorte de traité d'éducation; expose les valeurs auxquelles il croit; et celles qu'il déteste. Il dit sa colère contre la société de consommation qui phagocyte le coeur de ses élèves. Lui; le bienveillant; est en guerre contre les méthodes pédagogiques. Le secret du bon professeur ? L'auteur lâche un gros mot : l'amour. Ce pourrait être le mot de la fin. Mais non. Le livre va plus loin. Il donne aussi à entendre; dans le mouvement qui parcourt l'œuvre; dans ce dialogue entretenu avec l'enfant qu'il fut; puis l'adulte qu'il est devenu; une mélancolie voilée; une méditation quasi proustienne sur le temps écoulé et sur la vérité de l'être.
Caroline Brizard - Le Nouvel Observateur du 8 novembre 2007
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