Une expo pour éclairer sa lanterne
Depuis la préhistoire, l’image fascine l’homme. La superposition de deux vues procure l’illusion de mouvement et, au début du 18e siècle, on utilise la persistance rétinienne (illusion optique rémanente) pour créer des jouets optiques aux noms barbares : thaumatrope, phénakistiscope, zootrope, praxinoscope, zograscope... Mais c’est avec la lanterne magique que tout a commencé.
Thierry Sibra devant l'une des 3 vitrines consacrées à ses superbes lanternes magiques, toutes issues de l'ancienne usine Lapierre de Lagny.
Ex-berger et ancien gendarme, Thierry Sibra, 57 ans, est venu de Donzère, près de Montélimar (Drôme), montrer aux Latignaciens quelques unes de ses lanternes magiques qu’il collectionne depuis 1976.
Une usine à Lagny
« C’est un moine jésuite d’Avignon qui, en 1516, a été le premier à décrire le principe de la lanterne magique. J’ai une collection sur le pré-cinéma et, en exposant ici, j’ai voulu donner un coup de projecteur sur les lanternes magiques produites dans l’usine Lapierre de Lagny qui étaient les plus belles » explique celui qui est devenu conférencier spécialisé dans l’histoire de la photographie. La manufacture d’optique Lapierre était située rue Jeanne-d’Arc.
L'exposition retrace la genèse du cinéma, depuis le 17e siècle jusqu'à l'invention du cinématographe par les frères Lumière, en décembre 1895.
Construites en fer blanc, ses lanternes magiques deviennent populaires en 1880. Après avoir acquis une grande renommée dans la fabrication de projecteurs pour le cinéma amateur, l’usine sera rasée dans les années 1960. « Il y a environ 80 lanternes représentatives de l’évolution du cinéma à travers lesquelles je voudrais que les visiteurs se retrouvent, parce qu’ils étaient devant ou derrière. Evidemment, les appareils photo sont plus proches de nous, mais j’ai rencontré des visiteurs d’un certain âge qui m’ont confié que leurs pères leur projetaient des vues et que certains avaient même peur ». Car, surnommée « lanterne de la peur », l’appareil permet dans l’obscurité la projection sur un drap blanc d’images, fixes ou animées, coloriées sur des plaques de verre.
Au 19e siècle, les images fixes, peintes avec beaucoup de finesse sur des plaques de verre, entrent dans le domaine éducatif
Elles sont naïves, féériques, poétiques, mais également satiriques et coquines. « On a aussi des batailles historiques, des scènes folkloriques. A partir de 1850, c’est la fin de la lanterne et le début de la photographie » précise Thierry.
Un musée dédié à la passion
Il dément toute préférence pour une lanterne particulière. « Je les aime toutes. Je souhaite ouvrir un musée pour pérenniser mes collections : 5000 appareils photo, 2000 caméras, 15 000 affiches de cinéma, 30 000 photographies, 400 marionnettes, 650 ours en peluche, 400 masques du monde entier... Ce sera un lieu de rencontre convivial autour de la passion où chacun trouvera son bonheur » s’enthousiasme Thierry qui chiffre son projet à tout de même 4 millions d’euros. Le passionné cherche encore à compléter sa collection pour parfaire ses expositions itinérantes et pédagogiques, ainsi que toute information sur l’usine Lapierre de Lagny.
www.memoiredelaphoto.com.
Salle de la Gourdine (square Foucher de Careil) jusqu’au 19 avril. Mercredi, samedi et dimanche, de 14 h à 18 h. Entrée libre.
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